Raboliot, de Maurice Genevoix (1925)

La nouvelle saison du RDV « Les classiques, c’est fantastique » est officiellement ouverte !

Les classiques, c'est fantastique : L'écrivain

Sologne, années 1920. Raboliot est un « braco » comme un peu tout le monde. Sauf que le jour où il se fait pincer, il refuse de se plier à la loi et de payer l’amende. C’est le début d’un jeu de chat et souris avec les gendarmes, gardes-chasse, propriétaire terrien.
Ce roman a été récompensé du prix Goncourt en 1925.

RaboliotIl n’y a pas à dire, Genevoix s’y entend pour donner vie aux paysages à travers une écriture visuelle et poétique ! Omniprésente, la nature est décrite dans ses évolutions, ses variations au fil des saisons, le roman s’étalant sur un période de neuf-dix mois. Un matin givré, un sous-bois qui devient « un grimoire chargé de sens » sous les yeux de Raboliot, les étangs « bleus dans leur ceinture de roseaux jaunis », les taillis et les plaisses… Genevoix raconte aussi les animaux à plumes, à poils et à écailles et le rythme des activités humaines intégrées dans cet environnement. Tantôt accueillante, tantôt oppressante dès lors qu’une présence semble traquer Raboliot avec plus d’habileté que lui ; tantôt amie et protectrice, tantôt possiblement traîtresse. Le patois s’insère dans les dialogues, donnant vie à celles et ceux qui habitent ce coin de France, à travers un parler qui raconte un territoire et une classe sociale.

Malheureusement, mon plaisir s’est arrêté aux facettes les plus descriptives du roman. J’ai eu la bonne idée de l’emmener dans ma valise, comme seule lecture de vacances : si ça n’avait pas été le cas, je l’aurais probablement abandonné.

Je n’ai pas eu grande affection pour Raboliot. Oui, il exige sa liberté, écoute ses passions, ses désirs par-dessus tout, mais, dans sa révolte, je l’ai trouvé terriblement égoïste. Au-delà du fait que son « instinct de chasse » ne me convainc pas du tout, il n’a finalement aucun regard vers sa famille, sur la situation dans laquelle il la place. Oui, il se dresse contre la mainmise de quelques hommes sur un territoire, mais son rejet de l’autorité n’est en réalité que le produit de sa haine envers un seul homme, envers Bourrel, de son refus de se livrer à cet homme-là.

De plus, le regard porté sur les femmes est particulièrement misogyne. Sous la plume de Genevoix, le terme « sexe faible » prend tout son sens : globalement (avec sa femme, Sandrine, en tête), elles sont décrites comme geignardes, pleureuses, brimant les besoin naturels du chasseur, ne comprenant pas cette irrésistible pulsion.
« Sandrine ! Sandrine ! C’était bien elle, toujours faible et docile, toujours prête à plier sous une voix plus rude que la sienne, sous une volonté plus hardie. La pauvre proie, sans autre défense que ses larmes. Hélas ! Sur le désir ou sur la haine d’un homme, que peuvent les larmes de Sandrine ? »
Seules deux personnages féminins échappent à ce portrait larmoyant. Tout d’abord, la Flora, la catin, celle qui ne contrôle pas ses pulsions, celle dont les « prunelles brûlaient du feu hardi dont elle n’était point maîtresse », « une garce » pour qui « il suffisait qu’un homme la regardât pour qu’elle se couchât sur le dos ». Celle que Raboliot est bien content de trouver, mais qui finit par le dégoûter par le plaisir qu’elle semble y prendre. Certains passages sont d’un mépris hallucinant envers elle.
Ensuite, la fille de la Flora, Souris, victime des coups de son beau-père devenu ombre, celle qui court les bois pour le plaisir de la traque, celle qui joue des enjeux des adultes, celle qui se montre aussi insignifiante que menaçante.
Finalement, en filigrane, on finit presque par avoir un autre portrait de ces femmes : Sandrine avait finalement raison depuis le début et Flora est la seule qu’il l’accepte et l’héberge quand il se retrouve paria – la seule qui est déjà suffisamment à la marge pour se l’autoriser. Le tout est non-dit – je ne sais même pas ce qui se dégage réellement du récit en lui-même et ce qui vient de mes propres idées –, c’est donc insuffisant pour rattraper des pages de regard condescendant.

Certes, les descriptions des paysages, de la vie qui bruit autour du village, sont parfois superbes, mais c’est là un roman qui a, à mon avis, terriblement vieilli. Au contraire de bien d’autres classiques, il n’a su, en aucune manière, résonner en moi. Même si je suis toujours prête à tempérer des considérations sexistes au regard de l’âge d’un livre, j’ai tout de même trouvé les propos assez violents, d’autant que le reste de l’histoire ne m’a pas davantage convaincue.

« Mais le plaisir, hein ? Mais ce besoin de chasse nocturne qui vous empoignait tout à coup, parce qu’il pleuvinait dans les ténèbres épaisses, parce qu’il faisait clair de lune, parce qu’il avait neigé ? Du ciel familier, des terres natales, des appels mystérieux vous arrivent, des voix secrètes et connues, mille présences persuasives qui vous tirent, comme avec des mains, hors du lit.
Voilà : tous ces gens ne savent pas. Comment est-ce qu’il saurait, Bourrel, que le clair de lune est vivant, que son visage se montre à la fenêtre, se glisse à la fente des volets ou brille par terre sur le carreau ? Que le zinc d’une gouttière tintant aux gouttes de la pluie égrène une chanson parleuse ; et que le vent qui passe à la cime des pineraies, c’est une grande voix autoritaire à laquelle il est vain de vouloir désobéir ?
 »

« Dans le fond, il était resté gamin : quand on n’a guère plus de trente ans, malgré les cahots de la vie, malgré la guerre que l’on a faite, on sent monter en soi, certains jours, des poussées de jeunesse, des élans de gaîté plus vifs que des cabrioles. On ne cabriole pas, bien sûr, mais la gaîté vous brille aux yeux, y fait danser des étincelles. Et quand Bourrel s’en aperçoit, c’est lui qui frémit de colère. Et il serre les dents sans rien dire. Et il s’en va, montrant son dos boulu de muscles, qu’on devine sous le drap rêche contracté de mauvaise rancune. »

« Il n’y a qu’un recours, qui est de s’en aller ailleurs, d’aller chercher ailleurs des raisons d’être joyeux, de réchauffer en soi cette ardeur qu’y éveille la lutte, cette fierté de beau joueur en quête d’applaudissements. C’était malheureux à dire : le seul endroit au monde où Raboliot se sentait mal à l’aise, c’était sa propre maison, c’était l’air où respiraient les créatures qu’il aimait le mieux. Encore des choses difficiles à comprendre, et pourtant vraies, comme la souffrance qu’elles apportaient. »

« Mais il pressait le pas, d’instinct, comme si des regards l’eussent suivi en effet, dardés d’ici et puis de là, on ne savait de quel côté entre es petits arbres blancs. Les bouleaux étaient très serrés : ils se haussaient d’un jet vertical, jaillissaient comme des fusées grêles vers la lumière d’un ciel blafard. Raboliot à présent courait presque, dans une hâte d’être ailleurs, hors de ce taillis grelottant, de ne plus entendre alentour ces crépitements menus et furtifs, comme de brindilles brisées au passage d’un être vivant. Une branche craqua, un peu plus fort. Il s’arrêta tout net, se retourna, se frotta les yeux : décidément il avait la berlue ! Rien ni personne ne remuait plus à la place où il avait cru voir… Mais qu’est-ce qu’il avait cru voir ? C’était de couleur sombre, cela flottait comme une fumée, ou se traînait à ras de terre, il n’avait pu bien distinguer. Un vertige léger balançait les bouleaux trop pâles, toutes ces écorces plus blanches que des linges : un écœurement presque physique en venait à Raboliot. Par hasard, il abaissa les yeux vers sa chienne, et il la vit qui hérissait le poil, qui troussait les babines en grondant à fond de gorge. Elle aussi, alors ? »

Raboliot, Maurice Genevoix. Le Livre de Poche, 1991 (1925 pour la première publication). 284 pages.

Les classiques, c’est fantastique (ou pas) : Colette VS George Sand

Le rendez-vous de juin nous invitait à (re)découvrir l’œuvre de ces deux autrices françaises. J’avais déjà lu La petite Fadette de Sand, mais rien de Colette. Motivée, j’ai décidé de piocher deux romans à la bibliothèque. Je visais La Vagabonde de Colette (Alberte Bly l’avait bien vendu), mais il n’était pas en rayon et j’ai dû me rabattre sur ce qui était disponible. Voici donc mes avis sur La Mare au Diable et Le blé en herbe.

Classiques fantastiques - Colette VS Sand

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La Mare au Diable, de George Sand (1846)

La mare au diable (couverture)Le temps est venu pour Germain, jeune (enfin, pas pour l’époque) veuf de vingt-huit ans et père de trois enfants, de songer à se remarier, comme l’y incite gentiment sa belle-famille. Ça tombe bien, une femme semble convenir parfaitement dans un village voisin. La chose est arrangée : Germain ira lui rendre visite et en profitera pour escorter la petite Marie, seize ans, qui doit se faire bergère non loin de là. Sauf que le trajet ne sera pas aussi paisible et linéaire que prévu.

Dans la notice qui préface le roman ainsi que dans le premier chapitre intitulé « L’auteur au lecteur », George Sand fait l’apologie des choses simples, gentilles et belles, par opposition aux drames et aux « histoires terribles » qu’affectionnent les artistes de son temps (écrivains, mais aussi peintres, graveurs ou sculpteurs), expliquant ainsi les sentiments tendres et les petits faits de son « historiette ».
Et, en effet, La Mare au Diable est – en dépit de son titre et de certains résumés qui insistent excessivement sur l’aspect fantastique et inquiétant du lieu éponyme – une histoire gentille et naïve, globalement pleine de bons sentiments. Une histoire d’une tendresse pour autrui, de personnages qui s’écoutent et s’entraident (à l’image de Germain et de ses beaux-parents). D’une amitié qui se mue en amour au fil d’un voyage qui devient errance.
Le cheminement des personnages se fait aussi bien sur les sentiers que dans leur tête et leur cœur et la forêt, labyrinthique, les détache de la réalité quotidienne, de la rationalité, des objectifs clairs et nets, et permet à Germain de s’apercevoir de l’évolution de son regard sur Marie. Avec son ambiance de mystère et ses chemins qui tournent en rond, c’est un décor troublant pour des cœurs égarés.
En dépit de la chasteté du récit, c’est également un éveil sensuel. Marie, d’enfant, devient femme aux yeux de Germain, et même mère adoptée et qualifiée ainsi par Petit-Pierre, l’aîné du laboureur. Ainsi, alors que Germain est agité par les élans de son cœur et de son corps, le vocabulaire pour décrire la jeune fille évolue.
Je n’ai pas été déçue comme lors de ma lecture de La petite Fadette puisque je m’y attendais, mais le personnage principal féminin ne me touche pas. C’est un portrait sans saveur et terriblement stéréotypé, tout en douceur (maternelle), pudeur, dévotion (à autrui, au travail…), sage maturité, sans un mot plus haut que l’autre, évidemment en opposition avec la femme que Germain rencontre sur les conseils de son beau-père présentée comme presque immorale.

Au fil de ce petit périple au cœur du Berry, George Sand chante la proximité avec la nature : faune et flore sont omniprésentes jusque dans le champ lexical qui compare sans cesse les personnages à des oiseaux, des biches, des cochons, des lionnes… Ce contact avec la terre, les champs et la forêt apparaît comme la source de la pureté des personnages, non dévoyés par la coquetterie, l’envie ou la modernité.
Tandis que l’autrice use avec plaisir – sans en abuser – d’expressions locales qui donnent une voix agréable au récit, ce roman est également un regard ému sur les traditions d’un pays et sur une paysannerie totalement idéalisée (très brièvement mâtinée par la rencontre avec un paysan lubrique). Dans les quatre ultimes chapitres racontant un mariage, l’autrice exprime à plusieurs reprises des regrets face aux traditions perdues (qui, parfois, concernent des mariées qui ont perdu leur « antique pudicité »…). Je dois l’avouer, l’intérêt de l’autrice ne m’a pas contaminée et, cet appendice m’ayant totalement ennuyée, je l’ai parfois survolé…

Un roman champêtre qui préfigure La petite Fadette, avec une intrigue tout aussi prévisible mais des portraits psychologiques plus basiques. La brièveté du récit évite que l’expérience soit déplaisante, mais je n’ai pas été touchée par cette histoire peut-être trop romantique à mon goût.

« Voyez donc la simplicité, vous autres, voyez le ciel et les champs, et les arbres, et les paysans surtout dans ce qu’ils ont de bon et de vrai : vous les verrez un peu dans mon livre, vous les verrez beaucoup mieux dans la nature. »
(Notice)

« Il ne faut pas voir comme ça les choses par le mauvais côté, répondit la petite Marie (…) »

« Enfin, vers minuit, le brouillard se dissipa, et Germain put voir les étoiles briller à travers les arbres. La lune se dégagea aussi des vapeurs qui la couvraient et commença à semer des diamants sur la mousse humide. Le tronc des chênes restait dans une majestueuse obscurité ; mais, un peu plus loin, les tiges blanches des bouleaux semblaient un rangée de fantômes dans leurs suaires. Le feu se reflétait dans la mare ; et les grenouilles, commençant à s’y habituer, hasardaient quelques notes grêles et timides ; les branches anguleuses des vieux arbres, hérissées de pâles lichens, s’étendaient et s’entrecroisaient comme de grands bras décharnés sur la tête de nos voyageurs ; c’était un bel endroit, mais si désert et si triste, que Germain, las d’y souffrir, se mit à chanter et à jeter des pierres dans l’eau pour s’étourdir sur l’ennui effrayant de la solitude. »

« Le cœur ne m’en dit pas pour vous. »

La Mare au Diable, George Sand. Éditions De Borée, 2007 (1846 pour la première édition). 261 pages.

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Le blé en herbe, de Colette (1923)

Le blé en herbe (couverture)

Depuis quinze ans, les familles de Vinca et Phil se rejoignent chaque été sur la côte bretonne. Les deux enfants ont grandi côte à côte, comme des adelphes, unis par les jeux, les pêches et les baignades, mais ils sont à présent adolescents et des sentiments nouveaux viennent troubler leur relation.

Récit d’amours adolescentes, de ce temps où l’on se croit uniques et incompris, les seul·es à aimer, à aimer ainsi. De la frustration d’être si jeunes, les jeux de tendresse et de domination pour s’apprivoiser, la jalousie aussi. Des pensées et sentiments qui, partant de l’amitié innocente de l’enfance, prennent de nouvelles couleurs. Des expériences, des frustrations, des blessures du cœur, et, déjà, des trahisons.
Colette porte un regard bucolique et attendri sur le temps et le lieu – un lieu hors du temps justement – que sont ceux des grandes vacances. Une nouvelle fois, la nature est omniprésente, une nature cette fois marine : la côte cancalaise, les vagues, le soleil et la pluie, les parties de pêches… Le récit est porté par les couleurs, les lumières et les odeurs de la mer, de la roche, d’un vêtement, d’une main, d’un visage, d’un œil… Le roman est riche en descriptions sensuelles et il y a de la beauté dans celles-ci.

Cependant, un manque cruel de rythme fait traîner la lecture en longueur. Vinca et Phil n’ont jamais su m’émouvoir ni même m’intéresser et l’agacement est le sentiment qui a primé face à leurs histoires. L’écriture est soignée, trop peut-être, car tous ces jolis mots ont peiné à m’embarquer. J’ai fini ma lecture en papillonnant, m’interrompant trop souvent à mon goût pour éviter l’assoupissement, et en tiquant à chaque énième répétition concernant le bleu des yeux de Vinca (« Il baisa, à travers les paupières que bleuissait la couleur des prunelles, les charmants yeux bleus de sa petite amie (…) » Raaah…). Son nom signifie « Pervenche », d’accord, on avait compris dès le départ : ces répétitions apparemment dues à la prime publication en feuilleton (d’après mon édition) auraient peut-être justifié un léger remaniement.

Le blé en herbe ou l’illustration qu’une belle plume ne fait pas un bon roman.
Est-ce le récit qui a mal vieilli ? (Probablement un peu, ne serait-ce que par le fait qu’il ne risque plus de choquer comme ça a pu être le cas à sa parution.) Ou suis-je trop âgée pour être remuer par ces premiers tourments ?
Bien que le roman soit bref, j’ai cru ne jamais parvenir à la dernière page et j’ai clairement poussé un soupir de soulagement lorsque ce moment est enfin arrivé ! Je peux d’ores et déjà affirmer que ce récit va rapidement glisser de ma mémoire et repartir dans les limbes dévolus aux romans qui n’auront su éveiller une quelconque émotion en moi.

« Toute leur enfance les a unis, l’adolescence les sépare. L’an passé, déjà, ils échangeaient des répliques aigres, des horions sournois ; maintenant le silence, à tout moment, tombe entre eux si lourdement qu’ils préfèrent une bouderie à l’effort de la conversation. »

Le blé en herbe, Colette. Flammarion, 1964 (1923 pour la première édition). 188 pages.

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Ainsi, ces deux romans emplis de nature et de tourments amoureux auront peiné me convaincre, mais George Sand remporte cette battle. Son roman coule tout seul, même s’il est un peu trop mièvre à mon goût. Colette, en revanche, commet l’exploit de rendre un récit court interminable. Toutefois, j’ai comme un doute quant à mon intérêt pour leurs écrits…

La promesse de l’océan, de Françoise Bourdin (2015)

La promesse de l'océan (couverture)Deuxième livre de Françoise Bourdin, après Au nom du père. Cette fois, le cadre est la Bretagne, l’héroïne se nomme Mahé Landrieux.

Et j’ai eu l’impression de relire le livre avec quelques nuances.

On retrouve encore une fille qui suit les traces de son père, père qui est frustré des succès de sa fille et terrifié à l’idée d’être par elle supplanté : « Qu’elle ait su reprendre le flambeau la comblait, mais qu’elle le porte plus haut que lui le dérangeait. » Erwan, comme Gabriel dans Au nom du père est égoïste, a peur de la mort et le fait payer à ses proches.

J’ai retrouvé les mêmes types de caractères, avec les mêmes schémas amoureux d’attirance, de répulsion, de séduction. Alors si le premier lu était cousu de fil blanc, que dire du second ?

On retrouve ce qui est peut-être le leitmotiv de Françoise Bourdin, à savoir fonder une famille ! Une préoccupation centrale chez tous les personnages, et non seulement chez des parents avides de petits-enfants, mais chez tous les personnages – notamment féminins évidemment – jeunes ou non. Armelle à 30 ans, dynamique, pleine de vie, déclare ainsi à son amie Mahé : « On doit se trouver des maris et faire des bébés. » On DOIT ! On doit ? Ah bon ?

En revanche, on se sent en Bretagne, le monde de la pêche est assez développé, c’est intéressant. Dommage que le scénario et les protagonistes ne soient pas aussi approfondis que le décor.

Mais je suis tout de même contente d’avoir pu découvrir une littérature que je ne connais pas vraiment, une auteure à succès que je n’avais jamais lue, et je remercie Babelio de me donner ce genre d’occasions. Qui sait si j’aurais un jour lu un Françoise Bourdin avec mes préjugés (je le reconnais, mais ils ont été confirmés malheureusement…) sans les opérations Masse Critique ?

Pour conclure la série Bourdin, je dirais que ce ne sont pas des mauvais livres (je ne connais pas assez la littérature de terroir ou les romans sentimentaux de cet acabit pour pouvoir comparer à d’autres auteurs), mais qu’ils correspondent aux attentes d’un certain lectorat dont je ne fais définitivement pas partie.

  « Toutes les forêts de Bretagne, même moins célèbres que celles de Paimpont – appelée à tort Brocéliande – recelaient des mystères, des étangs secrets, et peut-être des enchanteurs. Il suffisait de tomber sur une minuscule clairière, éclairée d’un rayon de soleil fin comme une épée et dardé à travers le feuillage, pour croire à la magie. »

 « Mais il ne jouait pas au Breton, ni à l’homme de la mer : il l’était dans l’âme, issu de six générations de pêcheurs, et il pouvait s’enorgueillir d’être le premier à avoir surmonté la pauvreté. »

La promesse de l’océan, Françoise Bourdin. Pocket, 2015 (Belfond, 2014, pour l’édition en grand format). 320 pages.

Autre livre de Françoise Bourdin : Au nom du père

Au nom du père, de Françoise Bourdin (2015)

Au nom du père (couverture)Je reviens sur mon blog après une longue absence notamment due à des travaux dans un nouvel appartement avec quelques critiques de livres reçus grâce à Babelio. Dont deux Françoise Bourdin…

Dans ce livre de Françoise Bourdin, nous suivons l’histoire sur quelques mois de la famille Larcher au cœur de la Sologne. Le père, Gérard, ancien champion de Formule 1, remâche incessamment son ancienne gloire. Albane, la mère, le supporte mais semble avoir son petit secret (peut-être pas si petit d’ailleurs). Quant aux trois enfants, Nicolas, Dan et Valentine, ils tentent de se débarrasser de l’ombre de leur père avec plus ou moins de succès.

Que dire ? L’écriture est fluide, parfois un peu trop simple, avec des descriptions un peu inutiles. (Une phrase m’avait surprise – mais elle apparaissait peut-être dans La promesse de l’océan –, elle disait – en gros car de tête – « Féru d’informatique, il maîtrisait les logiciels de gestion » (ou de compte, je ne sais plus). C’est le genre de phrase qui, selon moi, n’apporte rien. Il ne faut pas être féru d’informatique pour maîtriser un logiciel qui t’est plutôt essentiel dans ton boulot. Bref.)

Par contre, si vous attendez des rebondissements, vous risquez de patienter longtemps. L’histoire est tout de même cousue de fil blanc.

Les caractères des personnages sont variés, ce qui est plaisant. Ça rend la lecture évidement plus intéressante. Les femmes sont plutôt sympathiques : elles ont toute une force de caractère propre, ce qui est assez jubilatoire. Aucune ne se laisse marcher sur les pieds !

Les personnages pourraient être plus attachants (sauf le père qui n’évolue pas et qui reste jusqu’au bout imbuvable), peut-être si le livre allait plus loin dans la psychologie. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de nuances, mais je les ai trouvées… grossières. Disons que, pour chaque personnage, tu as une torture, un regret unique, qui revient trop souvent, qui est trop rabâché.

La famille, la famille, toujours la famille est au cœur du bouquin. Avec évidemment son lot de secrets, de non-dits, de tensions, etc. La fin m’a quelque peu déçue. Un peu lisse à mon goût. Ce n’est pas forcément un happy end, mais c’est un peu convenu.

Si je devais résumer ? Je dirais que : conventionnel. Ça se lit vite et bien, mais que ça ne me laissera pas un souvenir impérissable. Cela dit, je n’avais jamais du Bourdin et je me coucherai donc moins ignorante ce soir.

 « Comme son frère, elle avait essayé à sa manière de marcher sur les traces de leur père, et elle y avait perdu sa propre identité. »

« Très tôt, Nicolas avait compris que l’univers de son père se résumait à lui-même. »

Au nom du père, Françoise Bourdin. Belfond, 2015. 308 pages.