Mini-critiques de lectures de mai : Le cas Malaussène I, L’Art du jeu et Métal Hurlant #5

Un mot sur trois lectures du mois dernier : un roman français, un roman américain et un magazine BD & SF.

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Le cas Malaussène, I, Ils m’ont menti, de Daniel Pennac (2017)

Le cas Malaussène, I, Ils m'ont menti (couverture)Je n’ai pas écrit de critique pour chaque tome (sauf pour Au bonheur des ogres) car elles auraient sans doute été répétitives ; je ne prévois pas de chronique sur l’ensemble de la saga (même si j’en avais touché un mot après Aux fruits de la passion) car mes souvenirs ne sont plus assez aiguisés depuis 2017, date à laquelle j’ai lu le premier tome ; mais toujours un plaisir renouvelé de replonger dans les mésaventures malaussèniennes (même s’il ne me reste plus qu’un ultime volume à présent).

Une nouvelle fois, une histoire qui attrape, des personnages hauts en couleurs et surtout, surtout, une plume délicieuse, un sens de la formule réjouissant, des images malignes et originales, bref, toujours un régal que de lire Pennac !

Le cas Malaussène, I, Ils m’ont menti, Daniel Pennac. Gallimard, 2017. 306 pages.

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L’Art du jeu, de Chad Harbach (2011)

L'Art du jeu (couverture)

Au bout de cent pages, je savais déjà quel serait mon avis final : se lit facilement, mais sera totalement oubliable et ne s’arrêtera pas dans ma bibliothèque. J’ai lu les 550 suivantes, atteint la dernière et c’est toujours exactement mon opinion sur ce roman. La question est donc « pourquoi avoir persévéré ? » et là, j’avoue que je n’ai pas de réponse claire : des pages qui défilaient toutes seules, la curiosité de suivre les personnages et l’espoir d’être surprise sans doute. Pour la surprise, c’était raté, la fin était prévisible au possible.

Les personnages ne m’ont pas toujours laissé indifférente. Au-delà qu’on se prend au jeu, que l’on se tend parfois lors d’un match (même si je ne comprends absolument rien au baseball et que ça ne m’intéresse pas), qu’on se surprend à espérer que les choses aillent mieux pour eux (enfin, pour certains), il y a les obstacles psychologiques qu’ils rencontrent. Leur côté paumé, doutant de leurs capacités, de leur avenir, d’eux-mêmes, la chute abyssale de leur confiance en eux. L’angoisse à l’idée d’échouer, de ne pas répondre aux attentes d’autrui, à leurs propres attentes, de décevoir et se décevoir. Des concepts avec lesquels je suis familière, ce qui a permis une forte empathie par moments.

À côté de ça, j’ai regretté le manque choquant de protagonistes féminins (c’est simple, il y a Pella qui fait partie des personnages centraux et Genevieve la mère d’Owen qui fait un passage), j’ai détesté que l’auteur rende ladite Genevieve aussi insupportable, j’ai été attristé que le charisme d’Owen reste au second plan (alors qu’il est censé faire partie du cercle de personnages principaux) et le trope « bury your gays » me sort par les yeux.

Voilà. Globalement, ce n’était pas désagréable à lire, mais c’était totalement dispensable et je ne compte pas y retourner un jour, donc zou, en boîte à livres !

L’Art du jeu, Chad Harbach. JC Lattès, 2012 (2011 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (États-Unis) par Dominique Defert. 664 pages.

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Métal Hurlant n°5, Métavers : les émotions synthétiques
(novembre 2022)

Métal Hurlant #5 (couverture)Et pour finir, un magazine !
La couverture d’Enki Bilal avait attiré mon attention, la Barmaid aux lettres en avait remis une couche, aussi n’ai-je pas hésité quand Babelio m’a offert l’opportunité, au détour d’une Masse critique, de découvrir ce magazine BD & SF (merci à eux !).

La préface m’a immédiatement accrochée tant elle faisait écho à mes pensées face au métavers de Zuckerberg (sachant que je ne suis que vaguement au courant, étant déjà très éloignée des réseaux sociaux) : « Comme il semble déjà – trop – évident que le métavers ressemblera à une réalité bis, il est peut-être encore temps de faire demi-tour et de le laisser entièrement aux mains des artistes. Le plus déplorable d’entre eux ne s’abaissera jamais aux abjections qui nous attendent, comme nous faire porter des Nike digitales ou nous faire ressembler à un emoji écureuil.
L’idée d’un métavers, un nouveau monde qui ne serait rien d’autre que le nôtre dont la réalité aurait été augmentée, un endroit absurde, une caricature pseudo-capitaliste où il faudrait payer pour acheter sa place de néant, est terriblement déprimante. Pourquoi nous imposer cette abomination quand des créateurs de toutes sortes inventent d’autres mondes depuis des millénaires ? »

Et offrir une voix à des artistes (auteurs et autrices, dessinateurs et dessinatrices), c’est bien ce que fait ce numéro à travers plus de deux dizaines de brèves bandes-dessinées. Celles-ci proposent des univers et des tonalités diverses : certaines histoires sont drôles, d’autres mélancoliques, effrayantes, oniriques, tristes… et quelques-unes un peu obscures pour moi, je l’avoue. En tout cas, en dépit d’une légère frustration due au format court, j’ai pris un grand plaisir à découvrir ce foisonnement graphique, cette multiplicité de styles dans la narration comme dans le dessin.
S’y ajoutent quelques articles et textes de fiction qui apportent des informations historiques ou techniques, des analyses, qui posent des problèmes potentiels…

Même si je n’ai pas été totalement enthousiasmée – tant à cause de ces BD absconses ou de certains articles peut-être trop spécifiques à une néophyte comme moi –, c’est un numéro riche en réflexion, posant des questionnements intelligents et intéressants, sans réponses toutes faites. 200 pages pour interroger ce que pourrait être la réalité virtuelle, mais aussi notre monde actuel. 200 pages pour raconter les émotions humaines, nos erreurs, nos travers… qui seront sans aucun doute projetés dans des corps synthétiques ou virtuels !

7 réflexions au sujet de « Mini-critiques de lectures de mai : Le cas Malaussène I, L’Art du jeu et Métal Hurlant #5 »

  1. Bon, ça va, ton avis sur Metal Hurlant n’est pas si négatif (un peu moins admiratif). Je n’avais jamais songé que cela s’adressait peut-être déjà aux gens qui s’y connaissent un peu en SF, côté recherche/analyse.

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