Anansi Boys, de Neil Gaiman (2005)

Anansi Boys (couverture)

Anansi Boys se déroule dans le même univers rempli de dieux qu’American Gods. Nous rencontrons ici Gros Charlie qui, à la mort de son père – Anansi donc – apprend que ce dernier était un dieu et qu’il a un frère appelé Mygal qui a hérité des pouvoirs paternels. Il découvre également à ses dépens que le frangin peut se révéler très très envahissant.

Je dois avouer – même si ça me fait un peu mal car j’adore habituellement le travail de Neil Gaiman – que je n’ai pas été tout à fait convaincue par cette histoire. Le ton de ce roman est plus humoristique que celui d’American Gods avec un Gros Charlie qui en voit de toutes les couleurs tandis que son frère tout en nonchalance s’incruste dans sa vie. Certaines touches d’humour, certaines répliques et réflexions parfois pince-sans-rire, ont su m’amuser, me faire rigoler en dedans : cependant, je n’ai pas accroché à cette succession de déboires. L’intrigue n’a pas su me passionner, m’embarquer dans ce périple mouvementé.
Du côté de la mythologie, je suis également restée sur ma faim. J’ai adoré les passages mettant en scène les mythes africains, les divinités qui parcourent encore la Terre du XXIe siècle, mais j’aurais bien aimé qu’il y en ait un peu plus.
Ce roman-ci n’a pas la richesse et la profondeur de son grand frère et c’est ce qui m’a frustrée car j’en attendais définitivement davantage.

Anansi Boys ce sont toutefois des personnages bien campés et intéressants quoique pas toujours sympathiques. Une belle-mère diabolique, un patron véreux, une flic surprenante et décidée, des sorcières floridiennes aux rituels un peu moins bien rodés qu’autrefois, une famille unique… et Gros Charlie bien sûr.
Car Anansi Boys c’est aussi une quête identitaire, celle d’un homme – un adulte pour une fois – qui va explorer son passé et, au fil d’épreuves dont il se serait peut-être bien passé, découvrir qui il est et prendre confiance en ses capacités. Gaiman explore la thématique du double avec Mygal, ce frère, cet alter ego, ce lui-même plus assuré, plus charmeur, plus admiré qui va finalement le faire trouver sa voie/voix. C’est d’ailleurs un aspect du récit qui m’a davantage convaincue.

Je suis une nouvelle fois ravie d’avoir découvert un livre de Gaiman avec les illustrations de Daniel Égnéus que je trouve fascinantes et inquiétantes, évocatrices et mystérieuses. Elles soulignent un autre aspect du roman, un peu caché à la lecture du fait de sa facette comique, à savoir qu’il s’agit quand même d’un monde dangereux avec vengeance, meurtre, intrigue, sorcellerie et sang à la clé. Je regrette simplement qu’elles ne soient pas plus nombreuses : encore une fois, un goût de trop peu…

Une lecture sympathique sans être le « signé Gaiman » le plus marquant qu’il soit. Un roman un peu trop rocambolesque à mon goût, un mélange indéfini de roman policier, de conte et de fantastique, le tout intriqué de burlesque.

« Les histoires sont comme les araignées, avec leurs longues pattes, et les histoires sont aussi comme les toiles d’araignées dans lesquelles l’homme s’englue mais qui ont l’air si jolies quand on les voit sous une feuille, dans la rosée du matin, élégamment reliées les unes aux autres, chacune à sa voisine. »

« Bien entendu, tous les parents font honte à leurs enfants. C’est inhérent à la fonction. La nature des parents est de faire honte à leurs enfants par le simple fait d’exister, tout comme la nature des enfants d’un certain âge est de frémir de honte, de gêne et de mortification si leurs parents leur adressent seulement la parole dans la rue. »

Anansi Boys, Neil Gaiman, illustré par Daniel Égnéus. Au Diable Vauvert, 2019 (2005 pour l’édition originale. 2006 pour la traduction française). Traduit de l’anglais (États-Unis) par Michel Pagel. 412 pages.

4 réflexions au sujet de « Anansi Boys, de Neil Gaiman (2005) »

  1. Je suis tout à fait d’accord avec toi sur ce livre qui ne m’avait pas transcendé! Je l’ai lu il y a bien 4 ans maintenant et il ne m’en reste pas grand chose à part le souvenir d’un « pas assez ».
    Malheureusement ce livre m’a refroidie à l’idée de découvrir d’autres Gaiman (notamment American gods et La mythologie nordique qui me faisaient super envie à l’origine mais après la lecture d’Anansi Boys j’étais plus aussi chaud patate!) et pourtant j’ai adoré Coraline, Sandman et Stardust mais je crains qu’American gods me face le meme effet qu’Anansi Boys ^^

    • Autant je partage totalement ton ressenti sur Anasi Boys, autant je doute qu’American Gods te fasse le même effet qu’Anansi Boys. Tu peux ne pas l’aimer, mais ça ne sera pas pour les mêmes raisons, je pense. Le ton des deux livres est totalement différent (American Gods étant beaucoup beaucoup moins dans le comique), l’histoire est beaucoup plus riche, prenante et creusée, et les mythologies sont beaucoup plus présentes et beaucoup plus exploitées. Pour moi, les deux livres n’ont vraiment rien à voir si ce n’est la présence d’Anansi (qui n’est pas le personnage principal d’American Gods d’ailleurs). Du coup, si un jour tu as l’occasion de l’emprunter, étant donné que tu as aimé d’autres titres de Neil Gaiman, je t’inviterais à tenter American Gods.
      Je n’ai pas encore lu Stardust que j’ai en anglais depuis… trois ou quatre ans, mais j’ai toujours très envie de le lire !

  2. Le côté comique décalé est justement ce que j’ai aimé dans Anansi Boys, lu juste après American Gods. Ce côté bien plus léger m’a fait du bien.

    Mais j’adore les romans complètement décalés et loufoques comme les annales du Disque-monde de Terry Pratchett ou encore De bons présages co-écrit avec Neil Gaiman.

    • Je comprends : entre Anansi Boys et American Gods, l’ambiance est différente !
      Et c’est drôle parce que j’ai aimé De bons présages comme les quelques Pratchett que j’ai lu (d’ailleurs, j’aimerais bien reprendre). Comme quoi rien n’est fixé…

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