Les aventures d’Oliver Twist, de Charles Dickens (1837)

Seconde lecture inspirée par la thématique aoûtienne du rendez-vous autour des classiques (que l’on espère) fantastiques « Dumas VS Dickens » après Le comte de Monte-Cristo : l’histoire d’Oliver Twist, orphelin qui, tombant de Charybde en Scylla, échappe aux sévices d’une institution paroissiale pour tomber entre les mains de voleurs et autres criminels londoniens.

Les classiques c'est fantastiques - Dickens VS Dumas

Dickens faisait partie de ces auteurs longtemps attendus, de ceux que j’étais certaine d’adorer ; je pensais que, dès la première lecture, il se classerait entre Hugo et Austen et que je dégusterai toute son œuvre au fil des ans. Pour la première lecture, ce fut raté, mais je blâmais cette version affreusement abrégée des Aventures de Mr Pickwick. Or, Oliver Twist  fut la douche froide car il ne suscita en moi qu’un profond ennui. Du moins, pour ce que j’en ai lu car j’ai abandonné la partie à 356 pages sur 730. Toutes mes lectures décevantes de ce début d’année – classiques compris – auront au moins permis de m’autoriser cela : j’ai trop d’autres envies de lectures pour traîner un ouvrage qui ne me passionne pas pendant un mois, fut-il un classique.

Oliver Twist« Au nombre des édifices publics d’une certaine ville, qu’il sera pour mainte raison plus prudent de s’abstenir de nommer, et à laquelle je me refuse à donner un nom imaginaire, s’en trouve un que possèdent en commun, depuis fort longtemps, la plupart des villes, petites ou grandes, à savoir : un asile ; et dans cet asile naquit, un jour d’une année que je ne prendrai pas la peine de citer, étant donné que cela ne saurait avoir la moindre importance pour le lecteur, du moins au cours de cette première phase des événements, le fragment d’espèce humaine dont le nom es placé en tête du présent chapitre. »
Ainsi s’ouvre Oliver Twist. Nonobstant la stupéfaction à la lecture d’une phrase si longue pour dire si peu, je me suis lancée confiante dans ce roman que j’espérais sombre, sublime, tragique. Mes attentes ont été aussi bien confortées – magistrats absurdement impitoyables, docteurs incompétents et fats… – que déroutées par un humour sarcastique que je ne soupçonnais pas.

 Pourtant, mon attention et mon plaisir de lecture ont rapidement déclinées…

Commençons avec ce personnage éponyme : Oliver Twist, enfant falot et inconsistant, totalement passif, qui agit peu et parle encore moins, et qui n’a su éveillé en moi aucun intérêt. Au-delà de son sort évidemment injuste et révoltant, au-delà du fait que son destin ne devrait être celui de personne, je n’ai pas éprouvé plus de compassion pour lui que pour tous ses camarades dont on ne sait rien. Sa mort même ne m’aurait pas touchée car c’est un personnage à mes yeux totalement désincarné.
Oliver subit donc. Il subit cette suite sans fin de malheurs, de maltraitances et d’injustices qui se succèdent et se répètent, ce qui a simplement fini par me lasser.
De même, Dickens nous plonge de manière très visuelle et même sensorielle dans ces bas-fonds où évoluent Fagin ou Sikes, mais les descriptions se répètent et se ressemblent. Et finalement, c’est tout simplement sa plume qui n’a pas su m’emporter avec ses circonvolutions pour dire les choses les plus simples.

Procédé inédit pour moi : j’ai tout simplement lu le résumé de la deuxième moitié sur Wikipédia et, loin de me donner des regrets, cela m’a confortée dans mon abandon. Car, sans me surprendre par les révélations, j’ai ressenti comment tout cela devait été narré et j’en étais ennuyée d’avance.

Si cette seconde rencontre ratée avec Dickens s’avère quelque peu amère, je n’ai aucun regret vis-à-vis de mon abandon tant cette moitié de lecture m’aura fait soupirer de désintérêt.

Les aventures d’Oliver Twist, Charles Dickens. Le Livre de Poche, coll. Classiques, 2017 (1837 pour la publication originale). Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Sylvère Monod. 735 pages.

17 réflexions au sujet de « Les aventures d’Oliver Twist, de Charles Dickens (1837) »

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  2. Ça me rassure sur le fait que j’ai toujours trouvé Dickens ennuyeux! Je suis aussi une adepte de l’abandon quand la lecture me coûte vraiment trop, et parfois de la lecture en diagonale pour connaître l’issue d’une intrigue. La vie est trop courte et les livres trop nombreux pour s’éterniser 😅.

    • Et ça me rassure de ne pas être la seule dans ce cas !
      Je suis totalement d’accord avec toi, mais j’ai encore parfois un peu plus de mal quand il s’agit de classiques (avec ce réflexe « non mais c’est un classique… c’est peut-être mieux après… »), mais ce n’était pas possible de m’acharner sur celui-là. Et je suis contente d’avoir laissée tomber !

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    • Je m’y autorise de plus en plus ! Il y a trop de choses à lire pour s’acharner sur une lecture qui n’éveille rien chez nous (surtout qu’en l’occurrence, j’ai persévéré un moment).
      Je suis déçue aussi, mais c’est ainsi ! Je te souhaite vraiment d’en avoir une autre lecture si tu te lances un jour.

  6. J’ai jamais réussi à adhérer complètement à Dickens, j’ai lu un ou deux textes, et ça n’a jamais été une partie de plaisir. Il y a des auteurs, comme ça…

    • Je te comprends. Je commence à douter qu’il soit fait pour moi alors que j’aurais parié que oui il y a quelques mois. Ce n’est pas grave ! Un peu frustrant, mais il y a tellement d’autres livres pour se consoler.

  7. Je n’ai de Dickens que le souvenir lointain, ni bon ni mauvais d’ailleurs, du Mystère d’Edwin Drood, après avoir adoré une mini-série BBC qui en proposait une fin. Je me souviens effectivement d’un ton assez ironique, qu’il fallait déchiffrer entre les lignes pour comprendre les intentions de certains personnages. Mais je suis quand même surprise qu’avec un classique comme Oliver Twist, son style se révèle décevant… on ne peut pas être sensible à tous les classiques sous prétexte qu’ils en sont ! Et parfois mieux vaut abandonner en cours de route.

    • Je ne parle évidemment que pour moi, mais effectivement, son style ne m’a pas convaincue du tout (pas à cause de l’ironie, mais à cause des circonvolutions et de l’inefficacité de sa narration…).
      Clairement, il y a bien assez d’autres romans à découvrir pour ne pas se faire de mal !

      (Je t’ai envoyé un message via le formulaire de ton blog, l’as-tu reçu ?)

  8. 356 pages… Tu as déjà bien tenu quand même !!!

    Oulalalaaaa… Bon je remets drôlement en question mon envie de découvrir cet auteur aussi. D’autant plus que j’en attend quasiment autant que toi à la base. A savoir un auteur que je m’attends à adorer car évoquant des sujets proches d’Hugo. Je pense essayer malgré tout ses contes de Noel, je me dis, plus courts, peut être plus de chance d’être appréciables ? Je t’en donnerai des nouvelles ahaha

    • Oui, et pour quel résultat…

      J’avoue que c’est très décevant et je comprends totalement tes attentes car j’avais les mêmes. Je me dis aussi que j’essayerai, peut-être, un jour, ses contes et nouvelles, mais tu te doutes bien que ce n’est pas une priorité !
      Si tu le lis, je serai très curieuse de connaître ton avis !

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