Spécial classiques de la science-fiction : La planète des singes et Le meilleur des mondes

La planète des singes, de Pierre Boulle (1963)

La planète des singes (couverture)De ce grand classique de science-fiction, je ne connaissais pas grand-chose. Je n’avais jamais lu le livre et je n’ai vu aucun film, à l’exception de celui réalisé par Tim Burton qui ne m’a pas laissé le moindre souvenir. En revanche, j’ai vu et aimé la récente trilogie, un préquel en trois volets. Me voici donc partie à travers l’espace avant de débarquer sur l’étonnante planète Soror.

Trois hommes partent pour un long voyage en direction de l’étoile Bételgeuse. En chemin, ils découvrent une planète étrangement similaire à la Terre. Seulement voilà. Dans ce monde familier, ce sont les singes qui détiennent le pouvoir et la connaissance.

L’inversion des rôles est passionnante à lire et à imaginer. Les singes – réduits aux grands singes, soit les chimpanzés, les orangs-outans et les gorilles – sont civilisés et organisés : ils vivent en ville, portent des vêtements, travaillent, échangent, écrivent, bref, ils vivent comme nous. Et puis, ils chassent les humains (je remplace par « humains » le mot « hommes » systématiquement utilisé par l’auteur), à la fois trophées de chasse, attractions de zoo et cobayes pour diverses expériences. Il faut dire que les humains, eux, ne sont pas comme nous : ce sont des animaux, dotés d’instincts – de fuite, de jeu… –, mais adieu langage articulé, possessions matérielles, connaissances, souvenirs du passé et conscience du futur. Ils sont les proies et même des proies sans défense.
Certaines scènes sont assez perturbantes, je l’avoue, à l’instar de celle de chasse des humains par les gorilles, pratiquement au début du roman. Les mâles qui arrangent joliment les cadavres, les femelles qui viennent admirer les trophées, tous et toutes posant devant l’objectif… Cela souligne l’aspect cruel et absurde de ces pratiques d’humains (de la Terre). Si cela choque lorsque les chasseurs sont des singes, cela ne devrait-il pas autant choquer si les tueurs sont humains ? (si)
C’est la même chose lorsqu’Ulysse découvre les humains qui servent de cobayes. D’ailleurs, le narrateur m’a particulièrement agacée à ce moment (tout comme lors de ses réflexions pas très flatteuses pour Nova ou son mysticisme un peu too much sur la fin). Ulysse est bouleversé, en colère, de découvrir ses presque-semblables enfermés et maltraités ainsi. Soit. Mais les singes cobayes le révoltaient-ils autant ? Je ne dis pas que le comportement des singes n’est pas choquant ou barbare. Simplement, Ulysse n’a pas vraiment à être surpris – d’autant plus qu’il a alors eu le temps de s’habituer à cette inversion des rôles – puisque les humains de chez lui agissent de même envers les animaux. S’il condamne les singes, il doit aussi condamner les siens !

Que dire de plus, si ce n’est que l’histoire est prenante d’un bout à l’autre. La surprise de cette stupéfiante découverte, la présentation progressive de cette société à la fois familière et différente, les efforts d’Ulysse pour se faire comprendre des singes… même s’il n’y a pas une action folle, tout est dosé pour nous tenir en haleine pendant les presque deux cents pages. Même si on sent la fin arriver dans les dernières pages, il faut avouer qu’elle est tout de même très réussie et qu’elle produit son petit effet. Même les histoires sentimentales qui se nouent dans ce roman m’ont fascinée par les questions et les problématiques qu’elles génèrent.

Je tiens à signaler que le roman n’est toutefois pas parfait : il a les défauts qu’on peut sans surprise trouver dans un livre écrit en 1963, c’est-à-dire que quelques réflexions un peu limites (comprendre racistes et misogynes) se glissent par-ci par-là (pas toutes les deux pages, rassurez-vous). Bon, Pierre Boulle n’était pas un précurseur sur ces questions, j’en suis consciente sans pour autant rejeter le reste du roman.

La planète des singes est ainsi une très bonne surprise. Je m’attendais à aimer, mais pas à me prendre une claque. S’inspirant du darwinisme, ce roman puissant interroge nos mœurs et notre comportement vis-à-vis des animaux. S’il prêchait une convaincue, il m’a néanmoins perturbée autant que l’histoire m’a captivée. Une bonne remise à plat pour l’être humain, une belle claque à l’arrogance humaine, ça c’est chouette !
(De toute façon, j’ai toujours été du côté des singes, surtout dans la trilogie sortie ces dernières années.)

  « Qu’est-ce qui caractérise une civilisation ? Est-ce l’exceptionnel génie ? Non ; c’est la vie de tous les jours. »

« Et, oubliant en partie ma vraie condition, comme cela lui arrivait encore souvent, elle me fit mille recommandations qui m’humilièrent profondément.
« Surtout ne va pas t’aviser de te retourner vers les passants en leur montrant les dents ou de griffer un enfant sans méfiance qui s’approcherait pour te caresser. Je n’ai pas voulu te mettre de muselière mais… »
Elle s’arrêta et éclata de rire.
« Pardon ! Pardon ! s’écria-t-elle, j’oublie toujours que tu as de l’esprit comme un singe. » »

La planète des singes, Pierre Boulle. Pocket, 2006 (1963 pour la première édition). 189 pages.

***

Le meilleur des mondes, d’Aldous Huxley (1932)

Le meilleur des mondes (couverture)Un Etat Mondial a été instauré. La famille et la parentalité sont devenues des mots injurieux et tabous, les fœtus se développent dans des flacons. La société est divisée en castes : les Alphas dirigent tandis que les Epsilons, Gammas et Deltas effectuent les basses œuvres. Tout le monde est conditionné, notamment par le biais de l’hypnopédie, la répétition inlassable de slogans pendant leur sommeil de leur naissance à l’âge adulte. Les rares humains non civilisés, les sauvages, sont cantonnés dans des réserves. Tel est la société du « meilleur des mondes ».

Classique de la SF, oui, lecture un peu déstabilisante aussi. Dans sa première partie, le roman prend son temps pour établir le monde dans lequel nous sommes d’une manière qui peut paraître froide : les us et coutumes, les loisirs, les questions de biologie, etc. Pendant ce temps, nous tournons autour de plusieurs protagonistes, dont Lenina et Bernard Marx. L’attachement à un personnage est difficile, voire impossible dans ce monde vide d’émotions : la première est trop bien formatée, le second est… compliqué. Il n’est pas un héros – il n’y en a pas dans ce roman – et il s’apitoie un peu trop souvent sur lui-même, il est pleutre et se sent inadapté dans ce monde qui le révolte. Problème de dosage lors de son développement en flacon ? En tout cas, il n’enchaîne pas les partenaires comme il le devrait, il ne prend aucun plaisir au Golf-Electro-Magnétique et préfère parler en privé – un concept inconnu pour les autres –, il est donc un être solitaire qui envie ceux qui l’entoure. Etre comme les autres. Une notion qui parlera à bon nombre d’entre nous, je suppose.
L’histoire commence vraiment lorsque ces deux-là partent visiter une Réserve et découvre une civilisée égarée et son fils John (né naturellement donc). En les ramenant avec eux, ils vont initier une confrontation entre deux mondes. D’un côté, il y a l’univers trop extrême fait de flacons, de conditionnement, de plaisirs futiles et idiots et d’absence de sentiments. De l’autre, John, exalté, fasciné par Shakespeare dont une vieille intégrale a survécu, réclamant le droit à la passion, à l’amour, à la souffrance, mais aussi trop croyant pour moi (ce qui va souvent de pair avec des idées un peu trop arrêtées sur la chasteté, le mariage, etc. De même, les réserves sont trop sales, trop primitives, trop éloignées de la technologie et de la science pour que nous puissions réellement nous y projeter (j’ai eu du mal en tout cas).
Ainsi, pas de grand souffle romanesque ici, pas de héros (ou héroïne) qui se dressera contre le système pour le faire tomber. Je conçois que l’écriture puisse sembler un peu aride, mais le fond mérite vraiment qu’on s’y attarde. Huxley expose ses pires prédictions de façon rationnelle et donne l’occasion, lors d’un chapitre exaltant, à Mustapha Menier, Administrateur Mondial, de démonter tous les arguments que John – et à travers lui, la lectrice ou le lecteur – peut opposer contre ce système aseptisé. L’occasion également de découvrir davantage de découvrir ce personnage fascinant, intelligent et cultivé, un temps tiraillé entre idéalisme et réalisme.

Cet autre monde semble complètement fou, impossible, inimaginable. Certes, de toute évidence, les humains ne semblent pas vouloir cesser de procréer et échanger les grossesses contre une « culture » de bébés éprouvette. Sans même parler de la capacité scientifique à réaliser tout cela, nous sommes loin d’en accepter l’idée. De plus, comme l’admet volontiers Aldous Huxley dans une préface datant de 1946, il n’avait pas vu venir certains éléments tels que l’arme nucléaire. Mais ce monde utopique n’est pas sans soulever des questions car bien d’autres aspects ne sont pas sans faire écho à notre société.

Tout d’abord, il prône une société d’hyperconsommation pour faire tourner l’industrie et fournir des emplois à chacun·e. Les slogans bien intégrés tels que « Mieux vaut finir qu’entretenir » ou « Plus on reprise, moins on se grise » poussent les habitants à acheter de nouveaux vêtements, à utiliser davantage de moyens de transports, à jouer à des jeux nécessitant toujours plus de matériel, bref, à consommer encore et toujours. Or, peu de temps avant de commencer cette lecture, j’ai reçu un coup de fil d’un site internet sur lequel j’avais effectué une unique commande (sans l’intention de la renouveler puisqu’il s’agissait d’acheter quelque chose que je vais conserver longtemps sans devoir le changer) : ils s’inquiétaient, pourquoi n’avais-je pas commandé à nouveau, et discutons de nos nouveaux produits, et recevez ce bon d’achat (vous savez comment c’est, 5€ pour 50€ d’achat…). Un peu naïve peut-être, j’étais atterrée de constater à quel point nous sommes incités à acheter. Bref, je raconte ma vie, mais la société de consommation décrite dans le livre semblera probablement moins étrange à un ou une lectrice de 2019 que de 1932. La télé, la pub, les sorties au cinéma toujours plus immersifs, les voyages aériens devenus monnaie courante… ça vous parle ?
De même, si je ne me suis pas entièrement dans un camp ou dans l’autre – ni civilisée ni sauvage –, la description que le premier fait d’une société athée, sans croyances religieuses, sans cultes, est de même assez parlante. Le mariage n’est plus un passage obligatoire, les divorces sont fréquents, les relations sexuelles se sont libérées (sans dire de forcément tous se considérer comme des morceaux de viande comme c’est le cas dans le roman), les drogues se banalisent, bref, John serait bien choqué comme l’a peut-être été le lectorat des années 1930.
La lecture fournit par ailleurs d’autres sujets de réflexion. Ce « brave new world » oppose la liberté, l’art et la vérité au confort et à la sécurité. Avec le formatage dès la naissance, une satisfaction de tous les plaisirs (loisirs accessibles à tous et toutes, satisfaction des appétits sexuels, facilité de voyages, éradication des maladies et de la vieillesse, jeunesse conservée jusqu’à l’heure de la mort, etc.) et une drogue – le soma – pour venir à bout des mauvaises pensées récalcitrantes, les habitants de ce nouveau monde n’ont aucun mal-être, aucun désir insatisfait, aucune jalousie, aucun ressentiment vis-à-vis des autres… et la vérité ou la liberté ne pèsent pas bien lourds face à cela. Surtout lorsqu’elles n’ont jamais fait partie de l’équation à aucun moment de leur vie. Comment réagirions-nous à leur place ? Quel bonheur choisirions-nous ? Celui permanent, futile et facile, confortable, du « meilleur des mondes » ou celui brut, rare, éphémère, plein de souffrances des Réserves ?

Du début à la fin, Le meilleur des mondes fut une relecture passionnante, soulevant de nombreuses interrogations et induisant moult pistes de réflexion. Un récit très actuel qui fait froid dans le dos tant cette société inhumaine et a priori inconcevable possède de points communs avec la nôtre.

« Et c’est là, dit sentencieusement le Directeur, en guise de contribution à cet exposé, qu’est le secret du bonheur et de la vertu, aimer ce qu’on est obligé de faire. Tel est le but du conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper. »

« Le bonheur effectif paraît toujours assez sordide en comparaison des larges compensations qu’on trouve à la misère. Et il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n’arrive pas à la cheville de l’instabilité. Et le fait d’être satisfait n’a rien du charme magique d’une bonne lutte contre le malheur, rien du pittoresque d’un combat contre la tentation, ou d’une défaite fatale sous les coups de la passion ou du doute. Le bonheur n’est jamais grandiose. »

« – Mais je n’en veux pas, du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté. Je veux du péché.
– En somme, dit Mustapha Menier, vous réclamez le droit d’être malheureux.
– Eh bien, soit, dit le Sauvage d’un ton de défi, je réclame le droit d’être malheureux.
– Sans parler du droit de vieillir, de devenir laid et impotent ; du droit d’avoir la syphilis et le cancer ; du droit d’avoir trop peu à manger ; du droit d’avoir des poux ; du droit de vivre dans l’appréhension constante de ce qui pourra se produire demain ; du droit d’attraper la typhoïde ; du droit d’être torturé par des douleurs indicibles de toutes sortes.
Il y eut un long silence.
– Je les réclame tout, dit enfin le Sauvage. »

Le meilleur des mondes, Aldous Huxley. Pocket, 2017 (1932 pour l’édition originale. Editions Plon, 1932, pour la traduction française). Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Jules Castier. 318 pages.

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26 réflexions au sujet de « Spécial classiques de la science-fiction : La planète des singes et Le meilleur des mondes »

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  2. Je dis oui pour « Le meilleur des mondes », il est absolument magistral ! (faudrait que je le relise d’ailleurs)

    Pour « La planète des singes », ça m’a l’air bien plus intéressant quand tu en parles. A cause des films, je m’en étais fait une idée de blockbuster sans intérêt ! Du coup, j’ai un peu changé d’avis, surtout que ça rejoint certaines de mes idées, héhéhé. Je ne pensais pas que le livre était aussi court par contre !

    • On est d’accord ! C’est vraiment un livre passionnant et le parallèle avec notre société est vraiment perturbant.

      Non, ce n’est pas un blockbuster sans intérêt (j’ai déjà connu ça avec Je suis une légende, je l’ai lu l’an passé avec un très mauvais a priori à cause du film (je n’ai vu que celui avec Will Smith) et en fait, ce livre est dingue ! La fin m’a laissée sur le cul, j’étais totalement dedans contrairement au film qui a plutôt un effet soporifique sur moi), ça questionne vraiment plein de choses et c’est une bonne leçon d’humilité ! (Mais cela dit, contrairement à Je suis une légende, les films récents ne m’ont pas du tout déplu.)

      • Oui, je vois ça (j’ai lu assez de chroniques sur « Je suis une légende » pour le savoir, mais je t’avoue que j’avais le même à priori sur lui).
        En plus, l’humilité est vraiment la qualité dont nous avons besoin en ce moment ! (avec l’entraide) Tu m’as donné envie !

  3. Ah La planète des singes, mais quelle oeuvre ❤ grosse claque de ma vie de lectrice !
    Le meilleur des mondes m’avait moins enthousiasmé mais il faudrait que je le relise.

    • Le meilleur des mondes est plus aride, je trouve. Tu as moins le côté « histoire avec des personnages auxquels tu peux t’identifier », la façon dont Huxley raconte son histoire est moins absorbante que La planète des singes, je trouve. Mais le fond mérite quand même qu’on s’y attarde à mon goût ! Je l’avais lu vers 13-14 ans et je pense que je l’ai bien plus apprécié dix ans après.

  4. Ce sont deux classiques de la SF que j’aime énormément. La planète des singes est glaçant, percutant, et même quand on le relit en sachant la fin, on se laisse toujours aussi bien porter par l’histoire et les renversements de situations. J’ai beaucoup aimé le trilogie cinématographique récente, et le premier film des années 60-70 est très bien aussi, même s’il a vieilli, il est percutant (je n’ai pas vu les autres).
    Quant au Meilleur des Mondes, je ne l’ai pas relu depuis très longtemps, il serait à relire pour le coup. Mais des trois dystopies classiques (1984, Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes), il est celui dont la société ressemblent peut-être le plus à la nôtre, maintenant. Même si 1984 n’est jamais loin. On y retrouve en tout cas, comme tu soulignes bien, la société de consommation, cette façon d’avaler des médicaments pour empêcher de se sentir malheureux, la libération sexuelle…bref, le bonheur facile, au lieu d’une vie difficile. Je ne suis pas sûre qu’il y ait eu de bonne adaptation de ce roman pour l’instant, même si j’ai souvenir d’un téléfilm pas trop mauvais (qui reprenait les répliques exactes de John, d’ailleurs !). Il est toujours autant d’actualité, si ce n’est plus. Je trouve qu’on cite beaucoup 1984 comme dystopie à l’heure actuelle, mais Le Meilleur des Mondes est bien plus proche de ce qui nous arrive, et peut nous arriver dans le futur.
    Dans la SF relativement récente et dystopique, je peux te conseiller « Espace lointain » de Jaroslav Melnik, où la société est aveugle et où la vue n’existe plus depuis des lustres, même en souvenir. Il est aussi très bien, dans son genre, avec une critique sur le renfermement de chaque individu sur lui-même avec l’accès suffisant aux besoins quotidiens, au fait d’être aussi formaté pour la société, sur l’abandon de découvrir le monde extérieur, l’aventure, l’art…tout en proposant une relecture : faut-il vraiment que le héros, quand il découvre le dystopie dans laquelle il vit, se soulève contre le monde en marche et le détruise, peu importent les conséquences ? Je l’ai trouvé vraiment intéressant et à plusieurs niveaux de lecture.

    • A voir à la relecture, mais je pense aussi que La planète des singes ne perd rien sous prétexte que la fin est connue. Ce sont des livres passionnants tout au fil du texte.
      Fahrenheit 451 et 1984 sont également des relectures programmées : avec Le Meilleur des mondes, ce sont des livres que j’avais lu une première fois au collège et mes souvenirs, tout comme l’analyse que j’avais pu en faire, sont très vagues. Mais le Meilleur des mondes est assez glaçant tant il y a des échos avec notre société. J’attends de voir quel effet les autres me feront dix-douze ans plus tard !
      Je ne suis de toute manière pas vraiment friande des adaptations. J’en vois évidemment, il y en a tellement qu’il est difficile de ne pas en voir, mais autant ça ne me dérange pas quand il s’agit d’un livre que je ne connais pas, autant je suis beaucoup plus difficile une fois que je connais l’histoire. Il y a tellement de choses qui deviennent généralement plus superficielles que la déception est souvent au rendez-vous. Donc je vais rester sur les souvenirs frappants de mes lectures !
      Je note soigneusement ton conseil ! Je ne connais pas du tout « Espace lointain », mais je suis alléchée à présent. J’ai très envie de SF et de fantasy en ce moment, donc je prends volontiers les bons titres. Même si j’essaie de privilégier les livres que j’ai à lire chez moi, il est dans ma liste des acquisitions prioritaires ! Je reviendrai avec plaisir te dire ce que j’en ai pensé (mais ne sois pas pressée, je me connais, ça peut prendre des mois).
      Merci beaucoup pour ce riche commentaire ! C’est un plaisir !

      • Je suis tout à fait d’accord, une relecture ne peut que permettre d’approfondir la compréhension de ces romans ! Surtout qu’effectivement, on les lit étant ados, et adultes, on a forcément un autre regard, même si ce sont des romans qui marquent beaucoup à la première lecture. Fahrenheit 451 est toujours celui auquel j’ai le moins accroché, et je ne l’ai jamais relu. Ce serait intéressant à tester comme toi !
        C’est vrai que pour ce genre de textes, chaque détail compte, et les adaptations ne sont pas toujours fidèles en plus d’avoir parfois des happy ends forcées. Et puis la lecture est tellement percutante, glaçante, parfois on peine à mettre des images et réaliser tout ce qui arrive : les films tuent parfois cette impression glacée.
        De rien pour le conseil 🙂 Et oui je ne comprends que trop bien l’effet « lire d’abord ce qu’on a chez soi » avant d’en acheter ou d’en emprunter d’autres, j’ai la même maladie xd ! Merci à toi pour ta réponse également ^^

        • C’est vrai que c’est de Fahrenheit 451 dont j’ai le moins de souvenirs ! Je n’en suis donc que plus curieuse.
          Ah, les happy end là où ils n’ont rien à faire ! Le truc complètement horripilant qui dénature tout ! On est d’accord sur le sujet des adaptations en tout cas !

  5. Je n’avais pas bien accroché au meilleur des mondes car j’avais eu du mal à me faire au style d’écriture (et au sexisme aussi). Après je l’ai lu quand j’étais jeune donc peut être que ma vision serait différente maintenant. J’ai plus aimé la planète des singes par contre 🙂

    • Le style est assez aride, je te le concède. Il ne m’avait pas laissé un grand souvenir quand je l’avais lu au collège/lycée. Mais là, je suis passée au-dessus de la forme et le fond est vraiment réaliste et terrifiant ! Peut-être qu’une relecture pourrait le réhabiliter !
      La Planète des singes est plus romancé, avec une histoire comme on a l’habitude de lire, des personnages attachants, un début, une fin… Plus facile d’accès et très bon aussi !

  6. Je n’ai pas lu « La planète des singes », j’avais un mauvais a priori à cause des films. Mais j’ai de plus en plus envie de le découvrir, et tu achèves de me convaincre.

    Je me souviens avoir lu « 1984 » et « le meilleur des mondes » dans la même période, le deuxième avait été un peu occulté par le premier que j’avais trouvé absolument sublime ! L’écriture ne m’avait pas accrochée plus que ça, de même que les personnages, mais je reconnais sa qualité de classique 😀

    • Je te conseille vraiment de franchir le pas ! Et je croise les doigts pour que tu ne le regrettes pas !
      Pour Le meilleur des mondes, je confirme : les personnages ne sont pas du tout attachants et l’écriture n’est pas des plus agréables, ce qui rend dingue l’effet qu’il m’a fait, mais le fond est tellement marquant, glaçant et réaliste que je n’ai pas pu rester indifférente ! En tout cas, je compte poursuivre mes relectures de classiques avec 1984 (et Fahrenheit 451) : j’espère qu’il me fera un effet aussi inoubliable !

  7. Très belle chronique ! Je me retrouve beaucoup dans ce qu tu as pensé des personnages du Meilleur des mondes. Un trop frileux et l’autre à la fois passionné et trop conservateur dans ses idées ; difficile de s’y attacher ou du moins s’en sentir proche. En même temps, j’ai l’impression que leurs caractères aux extrêmes ont été choisis pour mettre en avant les réflexions de fond et finalement permettre au roman d’aboutir sur une telle fin, un peu symbolique (?). En tout cas, j’ai également été très frappée par les projections futuristes de l’auteur qui sont après tout ce temps encore très actuelles.

    Il faut également que je découvre la Planète des singes dont je n’ai vu que les adaptations les plus récentes. Il m’a l’air tout aussi marquant dans son genre.

    • Merci beaucoup !

      Oui, ça montre bien le choc des cultures et des idéaux entre John et les habitant·es du meilleur des mondes. Aucune concession n’est possible.
      C’est ce qui rend le roman si fort : s’il n’a pas tout prévu (dans mon exemplaire, il y a une préface qu’Huxley a écrit 15 ou 20 ans plus tard et dans laquelle il reconnaît qu’il n’a par exemple pas du tout prévu l’arrivée de l’arme nucléaire (je ne sais pas si elle est dans toutes les éditions), mais il y a tout de même beaucoup de points qui sont plutôt justes et à peine exagéré par rapport à notre société actuelle.

      Je te conseille vraiment La Planète des Singes. La vision des femmes n’est pas terrible, mais il y a quand même un aspect « prends ça dans la tronche, arrogant humain » qui n’est pas mal du tout.

  8. On est d’accord sur pas mal de points concernant La planète des singes, ça fait plaisir de ne pas se sentir seule à tiquer sur la misogynie et le racisme parfois présents ; mais comme tu le dis le roman date de 1963 et il faut peut-être le remettre dans ce contexte. A part ça, ça reste de la bonne SF (je ne suis pas spécialiste en la matière, mais j’aime en lire), quand bien même j’ai préféré la fin du film à celle du livre.

    Le meilleur des mondes, je l’ai lu deux fois : une fois pour l’école, une fois pour moi. Ça fait un bail mais rien à faire, on se s’en défait jamais vraiment.

    Deux classiques que je suis ravie d’avoir sur mes étagères ! 🙂

    • De quelle adaptation de la Planète des songes parles-tu ? Je ne connais que la récente trilogie donc je ne peux pas vraiment comparer. Comment est-ce que ça fini dans le film dont tu parles ?

      Ces deux livres sont vraiment excellents en tout cas, malgré leurs défauts !

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