Je ne pensais pas participer au rendez-vous des « classiques, c’est fantastiques » ce mois-ci, m’y étant prise trop tard pour me procurer le titre auquel je songeais, jusqu’à ce que la chronique de Sacha me rappelle ce titre présent dans ma bibliothèque, lu il y a longtemps et que je souhaitais relire.
La tombe des lucioles est une nouvelle – partiellement autobiographique – racontant les derniers mois d’un frère et une sœur, orphelins japonais en 1945 (je ne divulgâche rien, c’est dévoilé dès le début).
Le quotidien terrible de ces enfants est rendu palpable par les longues phrases qui convoquent les sens, même si ce n’est pas de la manière la plus agréable qui soit. Les aliments moisis, les odeurs corporelles, la crasse, l’urine et la diarrhée, les poux, les asticots et la gale, les sirènes assourdissantes des alertes aériennes, la cohabitation avec la mort et avec les morts… la réalité de la guerre prend aux tripes, écœure autant qu’elle désespère. Et puis, il y a cette ouverture affreuse dans laquelle Seita meurt seul, dans une gare, un fait qui semble totalement banalisé, pour les vivants autour de lui, par le lieu et l’époque.
Signalons également la langue qui surprend par moment. Au milieu des phrases très « littéraires » surgissent des mots d’argot, de l’oralité. Comme pour convoquer un peu la voix de ces enfants, trop vite usés, rongés, dévorés par le conflit, les privations, l’injustice, l’avarice de certains proches, l’indifférence…
Je reconnais des qualités à ce récit. Pourtant, il m’a manqué un ingrédient essentiel : il ne m’a pas touchée autant qu’il aurait dû, autant que je l’aurais souhaité avec une telle histoire. Quel aspect du livre faut-il incriminer ? Peut-être est-il trop rapide, peut-être l’intériorité de Seita et de Setsuko n’est-elle pas assez développée, le récit restant assez factuel…
J’ai tenté de lire Les algues d’Amérique, la seconde nouvelle de ce livre dans lequel la femme du narrateur invite un couple d’Américains rencontré à Hawaï lors de vacances. Il parle des relations avec les États-Unis, avec la langue anglaise également, avant, pendant et après la guerre, mais je serai bien en peine de vous en titre car j’ai fini par sauter des passages puis des pages puis par totalement l’abandonner. J’ai été totalement imperméable au récit, à l’humour et à cette présentation ultra dense qui ne laisse la place à aucune pause.
Une lecture mitigée qui a déçu les attentes que j’en avais. Pas totalement déplaisante, ni intéressante, mais qui n’a pas su réellement me bouleverser.
La tombe des lucioles, suivi de Les algues d’Amérique, Nosaka Akiyuki. Editions Picquier poche, 2004 (1967 pour l’édition originale). Traduit du japonais par Patrick De Vos et Anne Gossot. 139 pages.
Je ne connaissais pas du tout, mais malheureusement, je ne crois pas que ce soit pour moi, d’autant plus, à la lecture de ton avis mitigé…
Je voulais revoir le film d’animation dont je garde un souvenir très vague, mais je n’ai pas encore pris le temps ! Est-ce que tu l’as déjà vu ?
Même pas, j’ai beaucoup de lacunes en terme d’animation japonaise…
Ce n’est pas grave ! (Vu mes innombrables lacunes, je ne me vois pas critiquer quiconque…) Si tes goûts ne te portent pas vers ce cinéma, ce n’est pas un problème,il y a plein d’autres films ; si c’est un manque d’occasion, tu as bien le temps de les voir plus tard, un jour où tu en auras envie !
J’aimerais beaucoup m’y mettre, je crois que l’année prochaine, je vais m’y pencher dessus !
J’espère que tu feras de belles découvertes alors !
Je crois que le décalage entre l’écriture factuelle et l’horreur de ce que vivent ces enfants a au contraire été ce qui m’a bouleversée. Comme quoi, c’est vraiment une affaire de sensibilité. Mon édition était illustrée, ça a peut-être joué aussi. Dommage pour ce rdv classique raté !
J’ai effectivement constaté que le récit n’avait pas eu le même impact sur nous deux. C’est le jeu de la littérature (et de tout art en fait) !
Je n’ai jamais osé lire ce livre…
Un souvenir trop ému de son adaptation peut-être ?
Je ne savais pas qu’il y avait un livre à la base de l’anime, mais je pense que je vais passer mon tour^^
Eh oui ! Je l’ai découvert un moment après avoir vu l’adaptation aussi.
Mon avis n’est pas très enthousiaste, mais il a beaucoup ému d’autres lecteurs et lectrices.
Après c’est surtout que j’ai pas envie de passer tout le bouquin à pleurer XD
Ça n’a pas du tout été mon cas, mais je ne peux pas te garantir l’effet qu’il te fera (ou ne te fera pas) !
J’ai peur que ce soit trop dur pour moi mais le fait qu’il ne t’ait pas autant touchée que prévu paradoxalement me rassure, car ça lui donne un aspect moins difficile émotionnellement…
Je craignais que ce soit bien plus émouvant, je l’admets. Je n’ai pas vu l’animé depuis des années, mais il m’avait bouleversée. À la relecture, je comprends mieux pourquoi le roman ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable… Mais attention, Sacha a été beaucoup plus touchée que moi !
Par précaution, je le garde pour un moment où mon moral sera au beau fixe.
C’est sans doute plus sûr. 😉
Il ne faudrait pas que l’on est des attendes vis à vis de nos lectures. Chacun a son ressenti propre et souvent l’avis des autres fausse le nôtre. Mais bon difficile d’être totalement vierge en démarant notre lecture, hein ?
Ça arrive de temps à autre, mais ce n’est pas si fréquent, c’est vrai. Ne serait-ce parce que c’est souvent l’échange avec autrui qui permet de découvrir des oeuvres.
Cela dit, cette fois, plus que l’avis de Sacha, c’était mes souvenirs (vagues, mais émus) de l’adaptation en animé qui ont généré le plus d’attentes.
ah nos souvenir… 😉😊
Attends… Est-ce que ça a un quelconque rapport avec le film du studio Ghibli ?
Avec Le Tombeau des lucioles de Takahata, totalement oui !
Je vais passer mon tour pour pas chouiner une nouvelle fois. Déjà que j’ose pas regarder à nouveau le film…
Je voulais le revoir, je croyais que je l’avais encore en DVD, mais en fait non… ça attendra, mais j’en garde un souvenir ému également.
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Tu t’attendais à ressentir l’émotion que fait ressentir le Ghibli mais comme bien souvent, Miyazaki s’inspire très TRES vaguement du bouquin pour en faire de l’or (c’est le cas du dernier… J’ai lu le livre dont il est adapté avant de voir l’adaptation et ca a vraiment pas grand rapport aha)
Ca ne me tente pas particulièrement, je pense que le film m’a suffit ^^
Je me souviens vaguement de l’adaptation (qui n’est pas de Miyazaki par contre, mais d’Isao Takahata), donc je ne peux pas dire à quel point elle était fidèle, mais je pense que l’émotion était plus grande parce que la proximité avec les personnages était elle aussi plus importante (alors qu’il y a une certaine distance dans le récit).
Le garçon et le héron (que je n’ai toujours pas vu) est tiré d’un livre ? Je ne savais pas !
En tout cas, je ne recommande pas forcément, même si d’autres ont été plus touché·es que moi.
(Au fait, si tu as l’occasion de passer sur Messenger à l’occasion pour qu’on discute du moment pour la LC… ^^)
Ping : La Tombe des lucioles – Nosaka Akiyuki – Moka – Au milieu des livres
Ping : La Porte – Sôseki – Moka – Au milieu des livres
Ahhh, mais j’ignorais complètement que c’était une nouvelle au départ ! On en apprend tous les jours, merci 🙂
Dommage en revanche que tu n’aies pas été transportée, d’autant plus que le film lui est… pfiou. Je m’en souviens encore et j’ai dû le voir étant ado. Pour le coup, l’image semble toucher davantage que les mots pour cette histoire semi-autobiographique…
Je ne voulais pas lire ta chronique avant d’avoir rédigé la mienne. Je comprends ton impression, j’ai pour ma part été plus convaincue que toi.
Merci pour ta participation.
Je comprends, je fais la même chose. 🙂
La sensibilité de chacune fait qu’on ne peut pas toujours recevoir une oeuvre de la même manière !
Je tenterai ce livre, Moka m’a convaincue 😀
Et je te souhaite de partager son ressenti plutôt que le mien ! 🙂
Ping : Aux portes de l’Asie – Mes Pages Versicolores
J’ai d’abord vu l’adaptation puis lu le roman. J’en ai encore des frissons d’émotion à chaque fois que j’y pense.
L’adaptation m’avait fait le même effet…
C’est de là que vient Le tombeau des lucioles ? J’avoue… j’ai vu le film il y a longtemps, d’ailleurs c’est un des premiers films japonais visionné avec Princesse Mononoké. J’avais trouvé ça trop triste. Et quand je l’ai revu… ça l’était toujours autant. Alors le lire 😬
Oui, l’adaptation est vraiment triste. Le livre aussi, mais dans un autre style. Avec une distance qui fait que c’est quand même moins émouvant… (selon moi, ce n’est pas un ressenti partagé par tout le monde)
Hum…. je me pencherai peut-être sur le livre si l’occasion se présente mais ce sera une lecture de curiosité ^_^
J’en ai beaucoup en tête, des potentielles lectures de curiosité. ^^
Je suppose qu’on a nos listes. Mais je ne ferai plus l’erreur d’acheter beaucoup de curiosités. Des grands classiques dorment encore dans ma PAL
J’avoue que ce sont des livres que je réserve pour un emprunt à la médiathèque, ou si quelqu’un me les prête… ce ne sont pas des priorités. A présent, j’écoute mes envies avant tout !
Et c’est l’essentiel 🙂