Les sirènes noires, de Jean-Marc Souvira (2015)

Les sirènes noires (couverture)Dans ce polar qui paraîtra prochainement aux éditions Fleuve Noir, le commissaire Mistral, du 36, quai des Orfèvres, est confronté à plusieurs meurtres à travers la capitale. Un tueur en série viole et assassine des femmes dans des parkings tandis que des albinos sont découpés en morceaux. Toutes les enquêtes deviennent de plus inextricables, couronnées par la disparition de l’un de ses lieutenants, Ingrid Sainte-Rose. De son côté, Mistral doit également faire face à de douloureux souvenirs d’enfance.

 

Je ne connaissais pas cet auteur – il est vrai que je ne lis pas beaucoup de policiers – et j’ai beaucoup apprécié lire ce roman.

Le fait qu’il y ait trois histoires croisées, quatre avec le passé du commissaire, écarte l’ennui ou les longueurs. On rebondit facilement de l’une à l’autre, ce qui confère au récit une sorte d’effervescence et donc un rythme intéressant. L’idée d’être à la fois du point de vue de Mistral et son équipe et de celui des tueurs évite également la lassitude en attendant qu’un nouvel élément soit découvert par les policiers.

On pourra peut-être regretter que cet élément ôte également une part de suspense ou de tension : le fait de savoir ce qui se passe « en direct » désamorce une partie de ceux-ci. Mais Jean-Marc Souvira nous attrape grâce à son écriture directe et les pages se tournent toutes seules.

 

La thématique est nouvelle pour moi (mais comme je l’ai déjà dit, je n’ai pas une grande expérience des polars) : l’Afrique, la magie, les rituels… J’ai aimé plonger dans ce monde qui semble totalement décalé et à des années-lumière de notre quotidien, dans ces pratiques qui surprennent et, pour certaines d’entre elles, choquent.

On plonge également dans un Paris plutôt sombre : celui des prostituées et de leurs proxénètes, des trafics en tous genres, de la peur et de la violence. Pas vraiment un portrait idyllique de notre capitale !

 

Les personnages sont assez fouillés, nuancés. Mistral, Dalmate, Ingrid Sainte-Rose…, tous semblent avoir leurs qualités, leurs défauts ou leurs secrets. Ce ne sont pas des surhommes, mais juste des personnes qui s’investissent dans leur travail, qui tentent de le combiner avec une vie de famille, etc.

C’est également le cas de deux prostituées. Stella, de son vrai nom Margaret, la jeune Nigériane qui se rend en France pensant devenir coiffeuse et qui tentera de se rebeller. Sylvie Ferrières qui, à 60 ans, n’espère plus rien pour elle mais se démène pour que Stella puisse avoir une meilleure chance dans la vie.

Un polar qui se laisse lire très vite, avec plaisir. Personnages, intrigue, écriture… Pas de points négatifs.

 

« C’est très simple, Ludovic. Tu cherches dans ce que tu connais, dans tes références standardisées, comme tout bon flic qui se respecte. Mais tu es incapable de prendre un chemin de traverse, parce que l’irrationnel est au-dessus de ton entendement. C’est pour ça que le sorcier est tranquille. »

Les sirènes noires, Jean-Marc Souvira. Fleuve noir, 2015. 438 pages.

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