Vango, tome 1 : Entre ciel et terre, de Timothée de Fombelle (2010)

Vango 1 (couverture)L’action commence en 1934, à Paris, sur le parvis de Notre-Dame. Vango Romano s’apprête à être ordonner prêtre. Mais soudain, des policiers font irruption et demandent à le voir, puis des balles fusent autour de lui. Vango doit fuir, mais mille questions se bousculent dans sa tête. Où fuir ? Qui fuir ? Pour quelles raisons fuir ?

Car Vango ne sait pas qui il est, ni pourquoi il est pourchassé par des hommes dont il ne connaît pas l’identité. On l’accuse de paranoïa, mais il sait que la menace qui pèse sur lui est bien réelle.

 

J’ai été totalement prise dans l’histoire. Il y a de l’action, il y a de l’humour, il y a des passages très sombres. C’est vraiment finement construit avec quelques flash-backs de temps en temps et des informations distillées au compte-gouttes. L’intrigue se complexifie et se ramifie au fil des pages. Différentes histoires parallèles se mettent en place, mais leurs liens n’apparaissent pas immédiatement.

Vango, c’est aussi un voyage, un voyage à travers cette Europe qui s’assombrit. Nous sommes dans les années 1930, les mouvements nazis et fascistes prennent le pourvoir en Allemagne ou en Italie et Staline impose sa dictature en URSS, et la menace d’une guerre plane.

Avec Vango, on voyage de Paris aux îles Eoliennes, en passant par Friedrichshafen en Allemagne et les rives du Loch Ness dans les Highlands écossais.

 

Vango est un être léger, un peu comme le tout petit Tobie Lolness (mais ces deux histoires ne se ressemblent en rien). Ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé l’Oiseau par les Soviétiques. Il escalade les arbres, les murs en se suspendant aux prises les plus minuscule, il court sur les toits, il vole presque. J’ai vraiment été fascinée par ces passages aériens et la première scène est incroyable ! Sinon, c’est aussi un personnage très mystérieux, mais instinctivement sympathique. Pour le lecteur et pour lui-même finalement, puisque le mystère plane sur ses origines.

Les autres personnages sont très bien dessinés par Timothée de Fombelle. Quelques mots à la première rencontre et on visualise le personnage. Attention, cela ne veut pas dire que celui-ci n’a pas quelques secrets à dévoiler dans la suite… Que ce soit Ethel, la jeune Ecossaise bien décidée, le commissaire Boulard, le prêtre Zefiro, le criminel Voloï Viktor, tous sont passionnants à suivre et à retrouver au fil des pages.

J’ai beaucoup apprécié le sympathique Hugo Eckener, dirigeant de la firme Zeppelin et commandant du Graf Zeppelin.  Ce personnage a vraiment existé – tout comme le tour du monde en dirigeable de 1929 a vraiment été effectué – et il était véritablement anti-nazi.

 

Le premier tome se termine presque sur une pause, l’action redescend un peu et on peut reprendre notre respiration. Toutefois, on sent que la menace est toujours là et que des machinations diaboliques se mettent en place.

 

Un ébouriffant roman d’aventure ! J’ai vraiment été transportée par ce puzzle dont les pièces s’assemblent peu à peu et par l’écriture poétique de Timothée de Fombelle. En terminant Entre ciel et terre, une seule hâte : se plonger dans le second tome, Un prince sans royaume.

 

« Il avait beau vivre la plupart du temps dans les airs, les pieds restaient enfoncés dans sa terre. Il avait peur pour son pays.

Une lente et tragique dérive.

Il fallait faire quelque chose. De petits gestes. Presque rien. Une petite résistance, un léger frottement, pour freiner la chute.

Il appelait cela la résistance de l’air. »

« Cette manie du numérotage, Max Gründ la conserva pendant les dix années qui allaient le conduire vers les sommets du pouvoir et les bas-fonds de l’horreur.

En se débarrassant des noms, tout devient plus simple. On ne fait pas de sentiments. »

« Il pensait protéger Mademoiselle en ne lui disant rien.

Grâce à ce silence, ils ne remonteraient pas jusqu’à elle.

Eux qui l’épiaient depuis cinq ans.

Eux qui voulaient sa mort.

Eux que le père Jean appelait « ta maladie » mais qui avaient eu la peau du père Jean. »

 « On avait tant pleuré en quarante ans dans cette pièce. Le métier de Boulard était basé sur le chagrin des autres.

Il avait parfois l’impression de passer sa vie à faire de longueurs à la nage sur ce grand lac de larmes. Et le plus terrible était que sans ces drames, ces deuils, ces destins fauchés, la vie de Boulard serait à sec et il se retrouverait tout seul à faire du dos crawlé sur le parquet. »

 

Vango, tome 1 : Entre ciel et terre, Timothée de Fombelle. Gallimard jeunesse, 2010. 370 pages.

Et ma critique du second tome de Vango, Un prince sans royaume.

Laisser un commentaire