Dans la cage, de Kevin Hardcastle (2017)

Dans la cage (couverture)Ancien boxeur, Daniel se retrouve plus ou moins contraint de travailler pour un ancien ami d’enfance, Clayton, qui évolue aux marges de la légalité. Face aux méthodes sanglantes du nouvel employé de celui-ci, Daniel décide de quitter l’équipe et d’enfiler à nouveau les gants.

J’avoue que j’attendais bien davantage de ce roman magistral dont les personnages devaient me briser le cœur. J’ai vainement attendu cet afflux dévastateur d’émotions, mais les personnages ne m’ont pas le moins du monde touchée – ne parlons donc pas de me briser le cœur. La narration était froide, distante. On suit les personnages, on les regarde faire, on ne sait pas ce qu’ils pensent (d’autres auteurs, comme Cormac McCarthy, se sont attachés à décrire davantage des actions que des pensées, mais avec bien plus de talent, de réussite ou de pertinence), ils sont restés des étrangers pour moi d’un bout à l’autre.
Arrivée aux trois quarts du livre, j’ai vaguement fini par éprouver un petit peu de compassion pour ce couple qui se débat comme il peut pour vivre honnêtement et offrir un futur à leur fille dans un monde de chômage et de criminalité parfois. Mais je ne me suis pas sentie assez proche d’eux pour les aimer. (En outre, j’ai rapidement eu du mal avec leur propension à tourner à la bière matin et soir. Bière au petit-déjeuner, bières dans la journée, bières en soirée, la répétition a vraiment fini par me lasser.

En revanche, je féliciterais le jeune auteur pour son immersion dans un milieu rude et pauvre. Les difficultés quotidiennes, le manque d’emploi suite à la fermeture des usines, le lent et parfois inéluctable cheminement vers de petits délits puis vers la grande criminalité, les petites erreurs de parcours, le désir de faire au mieux… tout cela se ressent plutôt bien.
Toutefois, ce que j’attendais réellement de ce roman, c’était la plongée dans le monde de la boxe et du freefight. A dire vrai, celle-ci eut pu être plus vivante, me prendre aux tripes et m’embarquer corps et âme. Si les passages narrant les combats n’ont absolument pas réussi à m’intéresser (je crois même les avoir parfois lus en diagonale), on voit tout de même le sang et la sueur qui imbibent les tapis, les doigts difformes, les nez brisés et les lèvres explosées. Ce n’est pas une description adoucie, idéalisée, mais une réalité brutale et douloureuse.

Une histoire humaine qui aurait pu être davantage creusée. Des personnages qui auraient pu être plus richement dépeints. Une écriture qui aurait pu être plus vivante. Un bilan plus que mitigé donc pour ce premier roman qui me laisse un goût plutôt fade.

« Il lui venait des pensées de lui ne rentrant jamais à la maison et de lui enterré à la va-vite au milieu des collines, et même d’elle le tuant de ses mains. Elle laissa l’inquiétude et la peur l’envahir, une terreur inexplicable. Elle la laissa la submerger et la retourner toute entière. »

Dans la cage, Kevin Hardcastle. Albin Michel, coll. Terres d’Amérique, 2018 (2017 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (Canada) par Janique Jouin. 339 pages.

Sortie le 29 août 2018 (aujourd’hui donc !)

13 réflexions au sujet de « Dans la cage, de Kevin Hardcastle (2017) »

  1. Je crois que tu n’es pas la seule à ne pas avoir été embarquée (je viens justement de voir passer un autre article).. Moi il ne me tentait pas plus que ça, du coup ton billet me conforte un peu dans mon idée.

  2. Mince alors, on se sent toujours un peu triste quand on ne s’est pas attachés aux perso… Puis qu’on n’a pas ressenti les émotions comme on s’y attendait ! L’univers dans lequel évolue l’histoire m’intrigue tout de même, à voir si je me laisse tenter 🙂

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