Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, par Mary Ann Shaffer et Annie Barrows (2009)

Le Cercle des amateurs d'épluchures de patatesAu sortir de la Seconde Guerre Mondiale, Juliet Ashton, jeune écrivain fort appréciée, se met à correspondre avec Dawsey, un homme habitant l’île de Guernesey. Lorsque celui-ci évoque « le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates », Juliet se pique de curiosité pour cette petite île de la Manche et se lie d’amitié avec plusieurs de ses habitants, membres du Cercle, qui lui narrent leur manière dont ils ont vécu la guerre et le rôle joué par les livres. Jusqu’au moment où elle décide d’aller leur rendre visite à Guernesey…

J’avais beaucoup entendu parler de ce livre depuis sa sortie. En bien. De plus, son titre relativement intrigant attrapait mon regard dans chaque librairie que je visitais. En revanche, la couverture et le commentaire d’Anna Gavalda en quatrième de couverture (« Absolument délicieux ! ») jouait plutôt en sa défaveur. Après l’avoir emprunté à une amie, il fut abandonné pendant plusieurs mois au milieu de mes livres à lire. Ce n’est que récemment que je me décidai à le lire (un peu pour m’en débarrasser, je l’avoue).

Et au final, qu’en est-il ? Le cadre : Guernesey. Une île dont je ne connaissais rien et des paysages splendides dont les descriptions offertes par ses habitantes font parfois rêver. Le moment : la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Un moment fort, les Nazis sont repartis, on apprend à revivre, la douleur est toujours là, mais la joie commence parfois à revenir. On découvre donc dans ce livre l’histoire et l’occupation par les Allemands d’une région inconnue et ignorée des livres d’histoire. Et mêlés à tout cela, des livres ! Que demander de mieux ?

Voyons… Des personnages moins gentils peut-être ? Oui, parce que les gens sont tous très gentils autour de Juliet. Ils sont tous originaux, attachants, Elizabeth qui a été déportée est tellement courageuse, la petite Kit est mignonne à souhait malgré son caractère bien trempé, etc. (Autre petite chose qui m’a fait sourire : ils créent le Cercle durant la guerre, la plupart n’ayant jamais lu de livres auparavant. Mais presque à chaque fois qu’ils prennent leur premier livre, c’est LE livre, celui qui les suivra toute leur vie. J’ai trouvé ça un peu improbable et, même si ça ne m’a pas dérangé du tout, je reconnais que ça m’a fait sourire.) Les Nazis sont méchants, mais pas tous quand même : c’est peut-être la seule nuance à être dans le caractère des personnages. En revanche, le prétendant de Juliet Mark Reynolds est LE bellâtre par excellence et Adelaïde Addison LA méchante vieille aigrie contre tous. Un peu de gris aurait été le bienvenu dans cette farandole de bons sentiments et de portraits pour le moins manichéens. Et cela nous aurait peut-être épargné la fin totalement bateau et prévisible que nous offre (cadeau empoisonné !) les auteures.

A mon avis, il manque autre chose à ce livre, quelque chose d’essentiel : un style. Ce livre m’a frappée par son absence totale de style. C’est un roman épistolaire, il se construit donc sur les lettres provenant de différentes personnes, de différentes personnalités, de différentes histoires, or, tous les courriers sont écrits sur le même ton. N’est-ce pas fabuleux ? Ainsi, celle dont l’écriture est son métier écrit de la même façon que celui qui ne lit que depuis deux ans. De même, il n’y a pas de différence notable entre les missives de l’excentrique du village et de la respectable dame qui habite le manoir. Où est la crédibilité ? Les auteures auraient dû se pencher sur leurs personnages et leur donner une voix propre. Bien sûr, on sent qu’ils ne sont pas tous pareils, mais cette impression m’a été donnée par leurs actes et non pas par leurs écrits.

Je sais que beaucoup ne seront pas d’accord avec moi comme je sais que certains le sont, mais si vous cherchez un roman à l’eau de rose dans un beau décor à lire sans réfléchir, d’accord. En revanche, si vous êtes en quête d’un bon roman, fuyez !

(Cependant, le nom de Charles Lamb est couché sur l’un de mes carnets et j’ai bien l’intention de le découvrir un jour.)

Petite précision : Le véritable nom du Cercle est « le Cercle des amateurs de littérature et de tourtes aux épluchures de patates », ce qui est conforme avec le titre anglais (« The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society »), mais cette appellation a été raccourcie lors de sa traduction (un énième exemple de massacrage de titre…).

Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, Mary Ann Shaffer et Annie Barrows. Editions Nil, 2009 (2008 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Aline Azoulay-Pavcon. 396 pages

5 réflexions au sujet de « Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, par Mary Ann Shaffer et Annie Barrows (2009) »

  1. Ah mince ta chronique est violente ahah ! J’ai tellement adoré ce livre, je l’ai conseillé à beaucoup, qui ont aimé à leur tour. Maintenant, tes arguments sont bons, du coup, vu que ces arguments-là ne m’ont pas marqué durant ma lecture (au niveau des différents styles d’écriture etc), il faudrait que je le relise pour voir !

    • Quand je n’ai vraiment pas aimé un film ou un livre, je suis assez dure, je sais ! ^^ Mais je n’y peux rien, j’ai été tellement déçue, surtout après le pataquès qu’il y a eu autour de ce livre ! Et aussi parce que j’en attendais davantage, le cadre me faisait bien rêver. Mais beaucoup de gens ont aimé et tant mieux, mais de mon côté, ce n’est pas passé !

Laisser un commentaire