La Graine et le Mulet, de Abdellatif Kechiche, avec Hafsia Herzi, Habib Boufares (France, 2007)

La Graine et le MuletLe pitch en une phrase : Silmane, ancien ouvrier récemment licencié, décide d’ouvrir son propre restaurant aidé par ses enfants et surtout par Rym, la fille de sa compagne qu’il considère comme sa fille : il souhaite faire du couscous au mulet la spécialité du lieu.

La graine, c’est la semoule du couscous. Le mulet, c’est le poisson qui l’agrémente.

C’est un film très long (2h30) comme Kechiche sait les faire. Les tensions montent lentement entre les enfants, entre mari et épouse, entre enfants de sang et enfants d’adoption. On se dirige peu à peu vers une fin que l’on présent tragique, fin qui arrive de plus en plus vite au son de la musique et des déhanchements de Rym. L’émotion monte, le spectateur est pris entre les séquences qui alternent, la fin est plutôt sous-entendue.

Il y a toujours de longues séquences de dialogues pendant lesquelles la caméra est focalisée sur le personnage qui parle. La musique est inexistante à l’exception de celle jouée par les personnages. Chacun d’entre eux possède un caractère distinct, ils sont vrais. Je n’ai pas vu de clichés comme dans L’esquive (vulgarité permanente du langage, violence immédiate des policiers… Après, je l’ai déjà dit, je ne connais rien aux banlieues).

 

La Graine et le Mulet, c’est la vie difficile des ouvriers émigrés. C’est un système compliqué (tu demandes telle aide, on te dit qu’il faut tel papier, mais pour avoir ce papier, il faut telle garantie, mais pour avoir cette garantie, il faut l’aide, et c’est un serpent qui se mord la queue). Et malgré les tensions, la solidarité familiale est toujours là. Et c’est peut-être le centre du film.

Hafsia Herzi est stupéfiante. Elle donne tout, c’est du moins l’impression qu’elle donne.

On retrouve la marque de Kechiche, évidemment, mais celui-ci m’a passionné, m’a entraîné, m’a beaucoup plus touchée que le précédent.

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