Nasreddine est un personnage très important de la culture musulmane. Il est présent dans de nombreux pays comme l’Irak, l’Iran, la Turquie, le Pakistant, etc., et ce, sous différents noms : Nasreddine, Hodja, Djeha, Appendi… Toutefois, les histoires sont toujours les mêmes.
On l’appelle aussi parfois l’idiot ou le fou-sage, tout simplement car certains pourront le trouver fou, d’autres sage.
Ces contes de malice sont des histoires très courtes et très drôles. Même s’il connaît parfois quelques mésaventures, Nasreddine est un personnage malin, rusé. Il berne ses amis, il est impertinent avec le roi et s’en tire sans châtiment. La chute de ces histoires apporte l’humour, mais aussi des conseils. Ceux-ci sont tantôt absurdes, tantôt plein de bon sens.
J’aime tout particulièrement la version audio enregistrée par Jihad Darwiche. Jihad Darwiche est ce conteur d’origine libanaise dont j’ai déjà présenté les très beaux Récits de vie en temps de guerre. J’aime beaucoup son phrasé, son rythme : je le trouve très agréable à écouter.
Le livre audio contient une cinquantaine d’histoires pour une durée totale d’une heure. Autant dire que le temps file à toute vitesse une fois que l’on est plongé dans ces histoires.
C’est jubilatoire, mais, derrière le rire, se cache toujours de la sagesse ou une forme de vérité. Le format court des histoires plaira à ceux qui ne sont pas familiers de la lecture audio.
Pour écouter un extrait, rendez-vous sur le site des éditions Alexandre Stanké : l’introduction de Jihad Darwiche à propos de Nasreddine.
« A l’époque où les ponts étaient encore rares sur le fleuve, Nasreddine travaillait comme passeur. Avec sa petite barque, il faisait traverser les gens d’une rive à l’autre contre quelques misérables piécettes.
Un jour, un grand savant, les bras chargés de livres, prit place dans la barque. Nasreddine lui souhaita la bienvenue et parla avec lui de choses et d’autres. Le savant se rendit compte que Nasreddine ne maîtrisait pas bien la grammaire, et que sa façon de parler n’était pas très recherchée. Il lui demanda :
– Mon ami, n’es-tu jamais allé à l’école ?
– Non, lui répondit timidement Nasreddine en continuant de ramer.
– Alors, mon ami, sache que tu as perdu la moitié de ta vie.
Nasreddine fut vexé mais garda le silence.
Lorsque la barque fut parvenue au milieu du fleuve, un courant rapide la renversa, et les deux hommes se retrouvèrent à l’eau, assez loin l’un de l’autre.
Nasreddine vit le savant qui se débattait pour ne pas se noyer. Il lui cria :
– Est-ce que tu as appris à nager, maître ?
– Non, répondit le savant en continuant à se débattre.
– Alors, mon ami, tu as perdu ta vie toute entière ! »
Sagesses et malices de Nasreddine, le fou qui était sage, Jihad Darwiche. Editions Alexandre Stanké, 2012 (Albin Michel, 1999, pour l’édition papier). 1h.
Du même conteur, je vous propose également de découvrir Récits de vie en temps de guerre.