Tiens, goûte !, de Chloé Charles et Tiphaine de Cointet (2022)

Tiens, goûte 1Chloé Charles est cheffe, Thiphaine de Cointet dessinatrice et Raphaelle Orliange seconde Chloé, prend les photos et apporte des petites infos complémentaires ; la première explique et dévoile quelques secrets culinaires à la seconde qui n’y connaît pas grand-chose et qui les partage à son tour par le biais du dessin.

J’avais repéré ce livre de cuisine atypique chez Owi Owi – dont le livre Le gâteau dont tu es le héros est en train de devenir ma bible des gâteaux tant tout me fait envie –, ce qui fait que j’ai sauté sur l’opportunité de la découvrir grâce à une Masse critique Babelio.

Graphiquement, je n’ai pas accroché, ce n’est pas un style de dessin que j’apprécie. Néanmoins, si je ne me suis donc pas attardée longuement à détailler les illustrations, cela n’a pas nui à ma lecture.
C’est une bande dessinée instructive qui, au fil des recettes de Chloé et des questions de Tiphaine, apporte des explications sur la raison d’ajouter tel type d’ingrédients, de cuire de telle manière… pour savoir un peu mieux jouer avec la cuisine et en comprendre les réactions chimiques, les harmonies gustatives, etc. L’idée est donc de comprendre ce que l’on fait pour pouvoir s’affranchir des recettes et se laisser aller à plus d’imagination et de spontanéité. De plus, Chloé Charles est dans une démarche gourmande et anti-gaspi qui me plaît bien.
L’enthousiasme et la complémentarité des caractères des participantes rend la BD rythmée et sympathique à lire : il semblait régner une bonne ambiance dans cette cuisine ! Le sens du partage et l’humour viennent agrémenter les connaissances de manière très équilibrée et agréable.

Ce n’est donc pas un livre de recettes, même si celles concoctées au fil de l’initiation de Tiphaine sont reprises à la fin de l’ouvrage avec une photo. Je doute de réellement y revenir pour les tester à l’avenir car l’une d’entre elle m’a laissée perplexe au niveau des proportions et beaucoup sont à base de viande ou produits de la mer, ce que je ne cuisine plus du tout. Cependant, je prendrai peut-être le temps de me pencher sur les recettes végé, de sauces ou de desserts.

Un ouvrage pédagogique et accessible qui explique plusieurs notions de cuisine dans une ambiance joyeuse en mode « viens avec moi, je vais te montrer tout ça ! ».

« N’empêche… Si on réfléchissait comme on cuisine, le monde aurait une bien meilleure saveur. »

Tiens, goûte ! : une bande cuisinée, Chloé Charles et Tiphaine de Cointet. First éditions, coll. La vie en bulles, 2022. 175 pages.

La parenthèse 9ème art – Délices et Balthazar

Je fais un peu les fonds de tiroirs, mais j’ai trop de mini-chroniques qui attendent d’être complétées et publiées, donc en voici déjà une au sujet de deux bandes dessinées. Une que j’ai beaucoup aimée… l’autre moins.

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Délices : ma vie en cuisine, de Lucy Knisley (2013)

Délices (couverture)J’avoue que, plus que le style graphique de Lucy Knisley, ce qui m’a poussée à emprunter ce roman graphique à la bibliothèque était la perspective de me lécher les babines. Et je dois dire que cela a plutôt bien fonctionné, mais j’y reviens dans un instant.

Lucy Knisley revient sur sa relation avec la nourriture qui est intrinsèquement liée à son histoire familiale. Entourée de gastronomes – mère, père, oncle, amis de la famille –, la petite Lucy n’a pas été élevée aux céréales et aux pâtes (en tout cas, pas aux « pâtes à rien » comme on dit chez moi). Dans sa mémoire, mille et une saveurs se bousculent… tout comme les anecdotes qui ont marqué son enfance et adolescence. Le travail au marché avec sa mère, les poules, les découvertes inattendues au cours de voyages au Mexique et au Japon, les tentatives ratées voire immondes, les rébellions à base de repas McDo d’où découle un discours très déculpabilisant sur le gras et la malbouffe, etc. J’ai admiré cette mémoire gustative et j’ai souvent eu faim à la mention de tous ces plats réconfortants, exotiques, simples ou raffinés, sains ou gras…

… mais rien ne m’a autant fait envie que les recettes qui clôturent chaque chapitre. J’ai eu envie de pesto, de makis, d’huevos rancheros, de champignons et de cookies (même si je vais garder ma recette qui me convient à merveille). Même si elles se parcourent sans déplaisir, les planches qui racontent son histoire ne présentent pas un trait renversant. Très colorées, elles sont, à mon goût, un peu trop simples, avec ces couleurs trop lisses, franches et sans nuances. En revanche, quand elle dessine les aliments, j’avoue que ça donne envie de se lancer en cuisine sur le champ. Je compte d’ailleurs bien les garder dans un petit coin, histoire de me lancer un de ces jours.

Une autobiographie culinaire totalement savoureuse. Lucy Knisley revient sur son histoire avec humour, tendresse et surtout appétit. Un très bon moment de lecture.

Délices : ma vie en cuisine, Lucy Knisley. Delcourt, 2014 (2013 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Margot Negroni. 173 pages.

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Balthazar, de Fabrice Jaccottet (2019)

Balthazar (couverture)Balthazar est un petit garçon féru de lectures qui réfléchit beaucoup. Sur tous les sujets. La vie, l’humain, le monde… A ces côtés, Wilhelmina, une fillette très sensible dotée d’un sommeil très capricieux, et Anne-Sophie, un bébé très intelligent toujours en train d’écrire sur son ordinateur.

Je vais avoir un peu de mal à chroniquer cette bande dessinée signée par un auteur suisse (ça change) découverte grâce à Babelio. 127 pages, quatre strips de trois cases par pages remplis de réflexions sur notre société – l’addiction aux smartphones, l’école, etc. –, de jeux avec le support visuel qu’est la BD et d’humour parfois absurde. Le contraste entre la philosophie de certaines discussions, leur jeune âge et le comportement enfantin de Wilhelmina crée un décalage parfois amusant, parfois perturbant. Certains passages m’ont amusée, j’en ai trouvé d’autres très malins ou bien pensés, certaines piques ont sonné juste. Mais j’ai également trouvé ça un peu long. Peut-être est-ce un format qui fonctionne mieux lorsqu’on le picore de temps en temps – comme lorsque Balthazar était publié dans un quotidien – mais ma lecture a manqué de fluidité. Est-ce dû au côté absurde, au format strips ou au fait que tout me n’a pas intéressé ? Un peu des trois sans doute.

Une découverte originale, mais qui ne restera pas longtemps dans ma mémoire.

Balthazar, Fabrice Jaccottet. Slatkine, 2019. 127 pages.