Mini-chroniques pour trois lectures graphiques : Ma révérence, Le Veilleur des Brumes et Yellow Cab

Trois lectures graphiques qui m’ont plus ou moins touchée, du coup de cœur au bof. Des histoires de vie, de rencontres… en France, aux États-Unis ou dans un monde imaginaire.

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Ma révérence, de Wilfrid Lupano (scénario) et Rodguen (dessin) (2013)

Ma révérence (couverture)Malgré le nom de Lupano, je reconnais que je me suis lancée dans cette BD légèrement dubitative, notamment face à une couverture qui ne m’emballait guère. Finalement, ce fut ma lecture la plus captivante.

Les auteurs partent d’une histoire exceptionnelle – deux anti-héros, plus losers déconfits que bandits magnifiques, planifient un kidnapping et le braquage d’un fourgon pour tirer leur révérence et enfin vivre une vie plus douce – pour finalement raconter la vie de plusieurs protagonistes avec ses drames, ses espoirs, ses joies envolées, ses secrets, ses ratés, ses remords et ses hontes. De là, des histoires qui s’entrecroisent, des personnages qui se rencontrent, des existences qui s’entrechoquent. Des confidences difficiles ou sombres qui n’empêchent pas d’avoir pas mal d’humour (noir), volontaire ou non de la part des personnages.
Ces derniers ont quelque chose de brut, de cru, de méchant parfois, mais ils parviennent néanmoins à être touchants quand la façade – qu’elle soit m’as-tu-vu, vulgaire, sérieuse – s’effrite.

La narration n’est pas linéaire, il faut rassembler les pièces du puzzle pour former ces différents portraits d’une belle finesse, c’est un procédé que j’apprécie beaucoup et je n’ai pas été déçue par l’écriture de Lupano.

Une BD intelligente et véritablement prenante que j’ai adorée !

Source des planches : BDfugue

Ma révérence, Wilfrid Lupano (scénario) et Rodguen (dessin). Delcourt, 2013. 128 pages.

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Le Veilleur des Brumes (3 tomes), de Robert Kondo (scénario) et Dice Tsutsumi (dessin)

C’est à la bibliothèque que j’ai été attirée par le graphisme de ces trois volumes et ses airs de film d’animation. À juste titre, puisque Le Veilleur des Brumes The Dam Keeper – est tiré d’un court-métrage d’animation. Et visuellement, c’est très beau, très doux et mignon. Les couleurs, les traits, c’est assez superbe.
L’atmosphère est une merveille, recelant énormément de poésie et de mélancolie, tout en vibrant de lumière et d’espoir. De même, les lieux et décors sont une réussite : j’ai immédiatement accroché au contraste entre ces îlots de vie préservés des brumes, colorés, et l’extérieur mystérieux et menaçant – une mise en place somme tout assez classique -, avec pour seul pont, le Veilleur solitaire et incompris.

C’est une histoire de transmission, de mystère familial, d’aventures et de rencontres. S’ouvrir aux autres, apprendre à les connaître, grandir et évoluer en sortant de ses routines. Et les familles, celles dans lesquelles on naît comme celles que l’on se trouve. Néanmoins, il m’a manqué quelque chose pour être véritablement passionnée par l’intrigue qui, en dépit d’une mise en place plus que convaincante, est devenue un peu brouillonne et rapide.

Une histoire initiatique sympathique et touchante, même si ça n’a pas été le coup de cœur auquel je m’attendais.

Source des planches : BDfugue

Le Veilleur des Brumes (3 tomes), Robert Kondo (scénario) et Daisuke « Dice » Tsutsumi (dessin). Éditions Milan, coll. Grafiteen, 2018-2020 (2017-2019 pour l’édition originale). Traduit par Aude Sécheret.
– Tome 1, Le Veilleur des Brumes, 159 pages ;
– Tome 2, Un monde sans ténèbres, 160 pages ;
– Tome 3, Retour à la lumière, 195 pages.

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Yellow Cab, de Chabouté, d’après le roman de Benoît Cohen (2021)

Yellow Cab (couverture)Cette BD est tirée d’un roman du réalisateur Benoît Cohen, lui-même relatant une expérience réellement vécue : devenir chauffeur de taxi à New-York pour trouver l’inspiration d’un film.

Ainsi, ce roman graphique en noir et blanc compile des rencontres, des faciès, mettant en scène une ville-personnage somme de toutes les âmes qui la peuplent. Le personnage principal, invisible aux yeux des autres de par son statut de chauffeur de taxi (« Personne ne pense jamais au taxi, en fait. On est comme invisible. On est juste une nuque. » Sherlock, saison 1, épisode 1), s’efface pour laisser la place à ceux qu’il conduit.
Cependant, je dois avouer que j’ai trouvé le tout un peu fade – hormis le dessin de Chabouté tout en ombres et lumières. Il n’y a pas réellement d’histoire – ce qui n’est pas forcément un défaut quand d’autres éléments sont bien menés –, le personnage principal est assez inexpressif finalement et ses réflexions m’ont parfois semblé artificielles, et j’ai peiné à ressentir l’inattendu, le surprenant, le touchant de ces clients qui défilent.

Une lecture malgré tout sympathique mais que j’oublierai vite.

Source des planches : BDfugue

Yellow Cab, Chabouté, d’après le roman du même nom de Benoît Cohen. Vents d’ouest, 2021. 168 pages.

Quelques mots sur quelques albums…

J’ai un peu de mal actuellement à préparer mes articles, donc je vous propose rapidement un petit melting-pot d’albums (même si le premier ouvrage présenté est plutôt un roman très atypique…). D’autres viendront dans les semaines à venir !

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Caché, de Corine Dreyfuss
(Thierry Magnier, 2017)

Caché (couverture)Un roman pour les bébés, voilà qui est original. Et c’est pourtant ainsi que se présente ce livre. A l’intérieur, pas la moindre image ! Pas de couleur non plus. Du noir et du blanc, des chiffres et des lettres, le rappel du titre en haut de la page, des chapitres, une pagination (et une préface aussi, mais celle-ci est uniquement destinée aux adultes). Un roman donc. Sauf que tout se joue sur la typographie qui utilise judicieusement l’espace de la page. De grandes lettres, des toutes petites, des qui s’agrandissent ou rapetissent ou se répètent, des phrases qui tournicotent, écrites dans un sens ou dans l’autre, des silences, des exclamations, des interrogations… et à partir de là une lecture vivante aux intonations variées pour une partie de cache-cache étonnante. Un ouvrage très original qui, d’après ce que j’ai pu lire, fonctionne très bien auprès de son jeune public !

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L’enfant et la baleine et L’enfant, la baleine et l’hiver, de Benji Davies
(Milan, 2013 et 2016)

Deux histoires qui se font suite, racontant l’étonnante amitié entre un petit garçon solitaire et une jeune baleine. Noé, au prénom prédestiné, est touchant par la solitude qui l’habite entre une mère absente et un père pêcheur pris par son travail, ce qui ne l’empêche pas d’être plein de sollicitude et d’inquiétude au sujet de ce dernier. Vous l’aurez compris, ces albums, assez simples finalement, regorgent de tendresse, entre amour filial et amitié. J’ai été particulièrement séduite par les illustrations qui offrent deux ambiances très différentes avec un trait très doux. Le premier album, se déroulant pendant l’été, est rempli de couleurs chaudes et lumineuses, alors que le second nous plonge immédiatement au cœur d’un hiver froid et sombre. Les paysages de bord de mer sont magnifiques et j’ai pris grand plaisir à rechercher tous les petits détails (à commencer par trouver les six chats de Noé sur certaines pages). Deux albums très mignons aux illustrations particulièrement agréables !

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Selpan, de Guillemine Patin (texte) et Étienne Friess (dessin)
(Les P’tits Bérets, coll. Les mains vertes, 2016)

Selpan (couverture)

Naples, été caniculaire. Deux enfants, juchés sur un tas de sacs poubelles, s’inventent un autre monde à partir de détritus tirés à l’aveugle. Ils rêvent de nature, d’arbres, de balades dans un environnement qui sent bon. Les voilà partis dans un univers tellement éloigné de leur quotidien qu’il en devient pour eux comme onirique. Seulement, ce rêve gardera des traces du réel : des poubelles colorées comme d’étranges fruits tombés à terre, le hublot d’une vieille machine à laver dans un tronc comme un trou de hibou beaucoup trop moderne.
Si les aquarelles d’Étienne Friess – dont j’ai à plusieurs reprises admiré le travail – offrent une bonne bouille à ces deux gamins, la ville n’est guère sublimée ou idéalisée. Une vue large de cette ville-poubelle montre une accumulation d’immeubles à perte de vue, un paysage triste et morne.
Un album que j’ai trouvé un peu triste pour cette enfance sans nature, pour ce monde sans oiseaux ni verdure.

Le Chant des ronces : contes de minuit et autres magies sanglantes, de Leigh Bardugo (2017)

Le Chant des ronces (couverture)Cadeau de Noël… 2018, il était temps que je le lise (j’aimerais dire que c’est le dernier livre datant de ce Noël que je n’ai pas lu, mais non (et depuis il y a eu un anniversaire et un autre Noël, et à chaque fois, des livres qui me font terriblement envie mais que je fais durer encore et encore sans trop savoir pourquoi (à part pour le plaisir de les regarder en me disant « j’ai tellement envie de le lire, je suis trop contente de l’avoir sous la main ! »))). Mais j’avais une presque bonne raison pour le faire attendre : je pensais lire Grisha avant de me plonger dans ce recueil de contes faisant partie du « GrishaVerse ». Sauf que j’ai lu moult chroniques mitigées faisant disparaître mon envie de me les offrir, ma bibliothèque ne semble pas décidée à les acquérir (et plus le temps passe, moins c’est probable), donc j’ai lâché l’affaire (même si j’espère toujours pouvoir les lire un jour, histoire de me faire mon opinion) et je me suis tournée vers Le Chant des ronces.
(Trop longue, cette intro, je ne suis pas sûre que la chronique le soit autant.)

Il s’agit donc de six contes que l’on raconte aux enfants zemenis, ravkans, kerchs et fjerdans. Toutefois, je pense qu’ils sont tout à fait lisibles par quelqu’un ne connaissant pas le « GrishaVerse » (en ce qui me concerne, je n’ai lu que Six of Crows). Il y a des références à l’univers : des formes spécifiques de magie, quelques lieux… mais rien qui ne soit, à mon sens, appropriable par n’importe quel·le lecteur·rice.
J’ai beaucoup aimé ces histoires dans lesquelles on retrouve l’ombre du Minotaure, d’Hansel et Gretel, des contes japonais remplis de renards rusés, de Casse-Noisette ou de La petite sirène… Il y a sans doute d’autres clins d’œil que je n’ai pas repérés (comme, par exemple, la polyphagie de Tarrare dont l’autrice parle dans le petit mot qui clôt le livre et dont je n’avais jamais entendu parler avant).

Dans ces contes, les méchants ne sont pas toujours ceux que l’on croit et les héroïnes et héros apprennent à leurs dépens que leur confiance a parfois été bien mal accordée. Ne pas se fier aux apparences pourrait être le maître-mot de cet ouvrage. Certaines intrigues ont un petit côté dérangeant de temps à autre que j’avoue avoir beaucoup apprécié. Cependant, je dois admettre que le sous-titre et la petite quatrième de couverture me laissaient espérer des récits bien plus sombres qu’ils ne le sont en réalité. Je m’attendais à des mésaventures plus cruelles et à des fins bien plus amères en réalité. Ces espérances légèrement trahies n’ont cependant pas gâché mon plaisir (soulagement) car je me suis laissée très facilement embarquer par ces légendes et l’écriture envoûtante de Leigh Bardugo.
Néanmoins, il y a tout de même quelque chose de très dur, de cruel et d’amer dans ce constat qui se dessine peu à peu selon lequel les personnes qui devraient vouloir le plus grand bien à nos protagonistes se révèlent souvent décevantes. Amitiés trahies, familles lâches ou cupides… c’est souvent loin de leur terre natale que les personnages principaux pourront trouver le bonheur.

Le Chant des ronces parle des rêves, des désirs, des espoirs, des défauts, des violences qui agitent le cœur des humains. Les thématiques abordées sont extrêmement modernes et totalement fascinantes. Leigh Bardugo s’est magnifiquement approprié la forme du conte pour raconter ses histoires, jusqu’à ces morales malignes et percutantes, souvent justes et terribles.

Il faut maintenant que je vous parle d’un élément essentiel dans le charme de cet ouvrage : les illustrations. J’ai été particulièrement séduite par les illustrations de Sara Kipin, toutes en nuances de rouges et de bleus. Celles-ci dévorent lentement les pages du recueil, traçant peu à peu un encadrement à l’histoire jusqu’à une superbe image finale qui prolonge parfois le récit. J’ai adoré prendre le temps d’en admirer les détails, de suivre leur progression, de chercher des yeux l’ajout en tournant une page…

(Comme une nouille, j’ai mis ce livre en carton avant de prendre en photo les images que je voulais vous montrer. En voici donc trois trouvées sur internet.)

Une magnifique couverture avec dorures, des illustrations à tomber, des histoires captivantes, Le Chant des ronces est indubitablement un livre absolument sublime !

« La magie ne demande pas de beauté, affirma-t-elle. La magie facile est jolie. La grande magie exige qu’on trouble les eaux. Elle exige le désordre, la révolution. »

« Si l’amour s’exprime avec des fleurs, la vérité exige des épines. »

Le Chant des ronces : contes de minuit et autres magies sanglantes, Leigh Bardugo, illustré par Sara Kipin. Milan, 2018 (2017 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anath Riveline. 290 pages.

Six of Crows, tomes 1 et 2, de Leigh Bardugo

A Ketterdam, les habitants du Barrel sont de la pire espèce et personne, parmi ces voleurs, truands et assassins, n’ignore qui est Kaz Brekker, surnommé Dirtyhands. Il est parmi les meilleurs et, lorsqu’un riche marchand fait appel à lui pour une mission considérée comme impossible, il n’hésite pas et réunit aussitôt une équipe des plus hétéroclites. Le voyage s’annonce tendu…

Avec un peu de retard, j’ai enfin découvert ce diptyque dont on a beaucoup parlé. Et c’est un coup de cœur. Univers, personnages, histoire… c’est un sans-faute ! Décryptons !

Premier bon point : l’immense richesse du monde créé par Leigh Bardugo. Entre les pays, les peuples, les différents « corps » de Grishas, les gangs, etc., on peut être un peu perdus au début, mais finalement, on trouvera rapidement ses marques dans ce monde foisonnant. Et finalement, j’aurais même aimé en savoir davantage sur les différents peuples !
Ensuite, il y a l’atmosphère un peu glauque, un peu angoissante du Barrel, avec ses ruelles malfamées, ses ventes d’esclaves, ses bordels et ses coupe-gorges. L’inspiration de Leigh Bardugo vient clairement des Pays-Bas, avec cette Ketterdam veinée de canaux, ses noms de rues (Groenstraat…), ses patronymes (DeKappel, Van Eck, Johannus Rietveld, etc.) et ça, c’est plutôt chouette et atypique ! Même si je ne connais pas du tout ce coin de l’Europe (ça fait partie de mes projets), cela m’a complètement séduite !

Ensuite, les personnages sont totalement iconoclastes (et très attachants) :

  • Kaz, « Dirtyhands », le chef, a toujours un plan et fascine par son intelligence ;
  • Inej, surnommée le Spectre, est une araignée à laquelle aucune paroi ne résiste et qui ne quitte jamais ses couteaux tous porteurs de petits noms ;
  • Nina est une Grisha, formée pour tuer et capable d’agir sur les organismes humains :
  • Jesper, un grand dadais avec un fort penchant pour le jeu, excelle en tant que tireur d’élite ;
  • Wylan, fils de bonne famille en conflit avec son père, s’illustre dans la chimie et l’art de confectionner des bombes ;
  • Matthias, enfin, soldat fjerdan déchu, pétri de certitudes et d’honneur, se révèle redoutable dans les combats.

Voleurs, menteurs, joueurs, tueurs, égoïstes, ils et elles sont avides de prendre leur revanche sur un monde qui les relègue à être la lie de la prospère Ketterdam. Mais ce ne sont aussi parfois que des adolescents qui se disputent, qui se cherchent, qui découvrent de nouveaux sentiments. Grâce au point de vue qui change à chaque chapitre, nous les connaissons tous aussi bien les uns que les autres. Tous ont leur sensibilité, leurs peurs, leur caractère. A mon plus grand plaisir, Wylan prend davantage d’ampleur dans le second tome : je me suis tout de suite prise d’affection pour le benjamin de la bande.
Malgré leurs défauts – apparus finalement dans la douleur et les épreuves et nécessaires pour survivre –, tous et toutes ont un point commun qui les rend finalement plus meilleurs que la plupart des bons citoyens de Ketterdam : leur fidélité. Celle-ci se rattache à différentes choses (le groupe et leur chef, le Barrel, leur patrie natale, la personne aimée…), mais ils mettent un point d’honneur à respecter cette loyauté et trahir une parole donnée est la pire des vilenies.
Je dois également saluer Leigh Bardugo pour avoir fait naître l’amour d’une façon absolument magique entre ses personnages. Je ne suis vraiment pas dingue des romances qui arrivent parfois comme un cheveu sur la soupe, mais il y a là une telle justesse, une telle beauté et une telle diversité dans leur manière d’aimer, d’exprimer leurs sentiments que c’est une réussite.

L’écriture est captivante. Clairement, ça envoie du lourd ! Le rythme est effréné, l’histoire carbure à mille à l’heure (comme le cerveau de Kaz, toujours en train de planifier, de programmer, d’anticiper). Cela ne l’empêche pas d’être très belle, avec des pointes de poésie ici et là.
Pas de doute : Leigh Bardugo connaît l’art du suspense et s’est moult fois jouée de mes impatiences. Par mille rebondissements, elle fait naître une certaine appréhension quant au sort réservé à ces six personnages. Malgré tout, elle sait aussi prendre son temps quand il le faut, c’est notamment ce qui contribue à la magnifique profondeur psychologique de ses personnages.

Tenant toutes les promesses de ses superbes couvertures en noir et blanc, Six of Crows, c’est : une intrigue pleine de suspense, un monde complexe, des personnages d’une belle richesse psychologique et un rythme maîtrisé. J’ai été vraiment triste de les laisser partir et la saga Grisha entre illico dans ma wish-list !

Alors ? Prêts à découvrir les bas-fonds du Barrel ?

Tome 1

« – Pas de sanglots, lança Jesper en tendant son fusil à Rotty.
– Pas de tombeaux, murmurèrent les autres Dregs en réponse.
Leur façon à eux de se souhaiter bonne chance. »

« Geels dévisagea Kaz comme s’il le voyait enfin pour la première fois. Le gosse avec lequel il parlait s’était montré prétentieux, téméraire, facilement amusé, mais jamais effrayant. Pas vraiment. A présent, le monstre était là, serein, le regard éteint. Kaz Brekker était parti, remplacé par Dirtyhands pour achever la sale besogne. »

« – Un jour, tu paieras, Brekker.
– Sûr, confirma Kaz. Si la justice existe dans ce bas monde. Mais on sait tous ce qu’il en est. »

« Ils ont peur de toi, comme autrefois j’avais peur. Comme toi, tu avais peur de moi. Nous sommes tous le monstre de quelqu’un, Nina. »

Tome 2

« J’ai reçu des balles, des coups de couteau et des coups de poing pour chaque parcelle de cette ville que j’ai gagnée. C’est la ville pour laquelle j’ai saigné. Et si Ketterdam m’a bien enseigné quelque chose, c’est qu’on peut toujours saigner encore un peu plus. »

« Qu’en est-il des inconnus, des invisibles, des laissés-pour-compte ? Nous apprenons à tenir notre tête droite comme si nous portions une couronne. Nous apprenons à trouver de la magie dans le quotidien. C’est ainsi qu’on survit quand on n’est pas l’élu, quand on n’a pas de sang des rois qui coule dans nos veines. Quand le monde ne te doit rien, tu fais tout pour obtenir quelque chose de lui. »

Six of Crows, tome 1, Leigh Bardugo. Milan, 2016 (2015 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anath Riveline. 564 pages.
Six of Crows, tome 2, La cite corrompue, Leigh Bardugo. Milan, 2017 (2016 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anath Riveline. 650 pages.

Challenge Voix d’autrices : un diptyque/une trilogie