Tag Est-ce que j’ai ce livre ?

Vu que le blog est un peu au point mort pour cause de peu de lecture, j’en profite pour caser un petit tag vu chez La tournée de livres et la Récolteuse. Je pensais qu’il me demanderait un peu de temps pour trouver les livres demandés, mais finalement, j’ai rapidement trouvé ce que je cherchais.

Est-ce que je possède un livre avec les pages rognées ou irrégulières ?

Tout d’abord, mes vieux Zola de 1927 aux pages irrégulières et légèrement décalées les unes par rapport aux autres. Ensuite, Sarcelles-Dakar d’Insa Sané que ma chienne a gentiment mâchouillé (elle a dû sentir que j’avais été déçue par cette lecture…).

Est-ce que je possède un livre avec trois personnes ou plus sur la couverture ?

Je vous propose la bande de Six of Crows de Leigh Bardugo ! Un diptyque que je vous recommande allègrement d’ailleurs, ne serait-ce que pour rencontrer ces six-là !

Est-ce que je possède un livre basé sur une autre fiction ?

J’en ai parlé récemment, je possède Le sphinx des glaces, un roman de Jules Verne qui constitue une suite à un roman d’Edgar Allan Poe. Encore une déception d’ailleurs, et pas des moindres…

Est-ce que je possède un livre avec un titre de 10 lettres ?

Je pensais galérer un moment pour celui-ci, passer du temps à compter, mais Neil Gaiman est venu à ma rescousse avec le génial Neverwhere. À relire, ce livre, car c’était mon premier Gaiman et je l’avais beaucoup aimé !

Neverwhere (couverture)

Est-ce que je possède un livre dont le titre commence et se termine avec la même lettre ?

Second Exprim’ de la liste, voici venir Amour, vengeance & tentes Quechua d’Estelle Billon-Spagnol ! Un roman très sympathique !

Amour, vengeance et tentes Quechua (couverture)

Est-ce que je possède un livre de poche ?

Oui, plein comme beaucoup d’entre nous, je pense. Pour en citer un, je vous propose un roman de 1900, Journal d’une femme de chambre d’Octave Mirbeau. Ça avait été un coup de cœur tant j’avais aimé la voix de Célestine et le portrait du milieu des maîtres et domestiques tracé dans ces pages.

Journal d'une femme de chambre (couverture)

Est-ce que je possède un livre par un auteur qui utilise un autre nom d’écriture ?

Je possède des livres d’auteurs et autrices qui ont pu utiliser des pseudonymes, mais mes livres sont toujours ceux publiés sous leur vrai nom. J’ai des Stephen King qui a écrit sous le nom de Richard Bachman, j’ai des J.K. Rowling qui a écrit sous le nom de Robert Galbraith, j’ai une BD de Bernard Hislaire, plus souvent connu sous la graphie Yslaire… Mais pas de pseudonymes à ma connaissance (ou alors je n’ai pas remis la main dessus).

Est-ce que je possède un livre avec le nom d’un personnage dans le titre ?

Si je pourrais citer de nouveau Gaiman et sa Coraline, je vais retourner vers les classiques avec Carmilla de Sheridan Le Fanu, illustré par Isabella Mazzanti pour la collection Métamorphose. Je me rappelle l’avoir apprécié, mais en réalité, je dois avouer ne pas avoir de grands souvenirs de cette lecture…

Est-ce que je possède un livre qui a été adapté au petit écran ?

Bien sûr. Comme par exemple Shining de Stephen King (est-il besoin de le préciser ?) qui a été adapté en mini-série dans les années 1990 – c’est vieilli, mais bien plus fidèle que la version de Kubrick si ma mémoire est bonne – ou encore Jonathan Strange & Mr. Norrell de Susanna Clarke dont je n’ai toujours pas vu l’adaptation. Deux romans vraiment excellents d’ailleurs ! Certainement mieux qu’aucune adaptation…

Est-ce que je possède un livre écrit par quelqu’un connu pour autre chose qu’écrire des livres ?

Je bloquais sur cette question, mais je viens de voir la réponse en regardant négligemment ma bibliothèque : Dominium Mundi de François Baranger qui est également un illustrateur et concept-artiste (je ne savais pas si ça se disait mais d’après Wikipédia, oui, alors allons-y). D’ailleurs, ses versions illustrées de Lovecraft me font bien envie, ce serait en prime l’occasion de découvrir cet auteur.

Est-ce que je possède un livre avec une horloge sur la couverture ?

Alors que je m’attendais à galérer sur cette question, c’est encore une fois allé assez vite, question de logique. Je pourrais encore citer Neverwhere sur la couverture duquel on aperçoit Big Ben, mais j’ai également La Ville, troisième tome de la trilogie des Ferrailleurs d’Edward Carey : je me disais bien que ces livres originaux qui font la part belle aux objets montreraient bien une horloge ou au moins une montre !

Est-ce que je possède un livre de poésie ?

Pas beaucoup, mais oui. Notamment un que le hasard m’a amené à posséder en trois exemplaires : Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Le vieux poche pourri que j’ai trimballé partout à l’adolescence, un recueil des poèmes de l’auteur et un autre de tous ses écrits.

Une pile de Baudelaire(Si on se demandait pourquoi je ne suis pas sur Instagram…)

Est-ce que je possède un livre avec la mention d’un prix gagné écrit dessus ?

C’est là que l’on dit « merci Sarah Crossan » puisque les éditions anglaises de We Come Apart, One et Moonrise portent tous la mention « Winner of the Carnegie Medal » imprimée sur la couverture. Quand le talent est là…

Est-ce que je possède un livre avec un auteur qui a les mêmes initiales que moi ?

Je n’ai trouvé qu’une seule autrice dans ma bibliothèque aux initiales L.R. : Laetitia Rouxel qui a écrit et dessiné la moitié de la BD L’homme-semence consacré au court récit du même nom.

Est-ce que je possède un recueil de nouvelles ?

Même si ce n’est pas mon genre favori, j’en ai tout de même quelques-uns dont les deux tomes des Contes Macabres de Poe illustré par Benjamin Lacombe. Je vous conseille vraiment le premier volume, mais le second est très dispensable à mon goût, tant pour les nouvelles choisies que pour le nombre d’illustrations…

Est-ce que je possède un livre qui a entre 500 et 510 pages ?

Un livre qui a marqué mon adolescence et que je veux vraiment relire, Voyage au bout de la nuit de Céline, avec ses 505 pages chez Folio.

Voyage au bout de la nuit (couerture)

Est-ce que je possède un livre adapté en film ?

Évidemment : avec tous les films tirés d’un roman, je n’ai que l’embarras du choix. Pour vous conseiller des bons films, je pourrais citer Les vestiges du jour de Kazuo Ishiguro ou Quelques minutes après minuit de Patrick Ness. Si vous en voulez des mauvais, on peut regarder vers la fantasy avec Eragon de Christopher Paolini ou Les royaumes du nord, premier tome de la trilogie A la croisée des mondes de Philip Pullman…

Est-ce que je possède un roman graphique ?

Plusieurs mêmes. Comme les génialissimes Blast de Manu Larcenet sur lesquels vous devriez vraiment vous pencher si ce n’est pas chose faite !

Est-ce que je possède un livre écrit à 4 mains ou plus ?

Si j’ai évidemment plein de binômes pour les BD, j’ai cru caler pour les romans avant de tomber sur ma pile de Les aventures de Boro, reporter photographe écrit par Franck & Vautrin. Je les ai lus il y a dix ans et je me souviens avoir aimé à l’époque ces pérégrinations à travers l’Histoire du XXe siècle.

Boro T1

C’est fini pour ce tag avec une tripotée de lectures excellentes, bonnes ou décevantes !
N’hésitez pas à le reprendre ou à me soumettre quelques idées
tirées de vos propres bibliothèques en commentaires !

TAG Tu es un sorcier, Harry !

Petit tag, créé par Signé C., que j’ai pu voir à droite à gauche ces derniers temps et que je reprends avec plaisir parce que ça fait bien longtemps qu’il n’y avait pas eu de tag dans le coin. Onze sorts, onze questions, onze réponses, c’est parti !

1 – ACCIO ! Quel livre aimeriez-vous avoir entre les mains actuellement ?

Sans doute Night Travelers de Rozenn Illiano. Midnight City m’avait envoûtée l’année dernière et je traîne – à mon habitude – pour découvrir la suite. Je pense toutefois me l’offrir ce mois-ci parce qu’il faut savoir se faire de petits cadeaux de temps à autre…

Night Travelers (couverture)2 – STUPÉFIX ! Avez-vous abandonné une lecture ? Si oui, pourquoi ?

Fini le temps où je m’échinais à terminer un livre coûte que coûte ! A présent, je veux bien persévérer un peu, mais si ça ne passe pas (parce que je n’aime pas du tout ou parce que je m’ennuie trop), tant pis : il y a trop de livres appétissants pour se forcer à terminer ceux qui ne m’intéressent finalement pas.
Le dernier en date : Fight Club, de Chuck Palahniuk. Je n’ai pas accroché du tout à ce livre (dont je connaissais déjà le film), mon ennui était terrible. La lecture était facile et j’aurais pu continuer sans trop peiner, mais ça ne m’intéressait vraiment pas…

Fight Club (couverture)

3 – RICTUSEMPRA ! Quel livre vous a fait rire dernièrement ?

Bien que je sois quelqu’un d’assez bon public en manière général, les livres humoristiques ne sont pas ceux vers lesquels je me tourne le plus. Cela dit, je trouve de l’humour dans d’autres genres : par exemple, il n’est pas rare que Jane Austen me fasse rire. En tout cas, comme ça, je ne retrouve pas de livres récents m’ayant fait rire…

4 – OUBLIETTE ! Quel livre souhaiteriez-vous oublier pour redécouvrir ?

Le Cirque des rêves d’Erin Morgenstein. Un roman à l’atmosphère absolument magique que j’avais découvert en en sachant vraiment très peu, une lecture merveilleuse. C’est une relecture que je projette depuis longtemps, mais que je repousse sans cesse. Je finirai bien par me laisser aspirer une nouvelle fois par cet univers onirique.

Le Cirque des rêves (couverture)5 – EVANESCO ! Quel livre vous a déçu au point de vouloir le faire disparaître ?

Rayer un livre de la Terre simplement parce qu’il n’a pas eu l’heur de me plaire me semble un tantinet prétentieux, mais dans le genre immense déception, Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson tient le haut du podium depuis deux ans. Une retraite au bord du lac Baïkal, ça semblait pourtant un si bon début pour me plaire…

Dans les forêts de Sibérie (couverture)6 – GEMINO ! Quel livre avez-vous envie de conseiller à vos amis ?

L’homme qui savait la langue des serpents d’Andus Kivirähk. Œuvre unique, surprenante, fascinante, en provenance directe d’un pays rarement croisé sur les rayonnages – l’Estonie -, ce livre est un titre que j’aimerais beaucoup faire découvrir bien que je doute qu’il plaise à tout le monde.

L'homme qui savait la langue des serpents (couverture)7 – PETRIFICUS TOTALUS ! Quel livre vous a glacé le sang ?

J’ai rarement l’occasion de lire de l’horreur et je crains n’avoir encore jamais éprouvé si forte sensation face à un roman. J’aimerais bien pourtant. King m’a offert quelques instants de tension, mais pas de terreur.

8 – PRIOR INCANTO ! Quelle est votre toute dernière lecture ?

Croc-Blanc de Jack London. Un classique qui traînait dans ma PAL depuis moult années et qui m’a happée de la première à la dernière ligne.

Croc-Blanc

Questions bonus spéciales Sortillèges impardonnables…

9 – IMPERIUM ! Quel auteur aimeriez-vous pouvoir contrôler afin de le contraindre à changer un passage de son œuvre ?

Question difficile… Il faudrait déjà que je me rappelle d’un livre que j’ai assez aimé pour vouloir le relire, mais dont un ou des passages m’ont déplu. Sans compter qu’il est un peu présomptueux de se dire que l’on fera mieux que l’auteur·rice. Mais jouons le jeu avec Christelle Dabos, histoire d’offrir une autre ampleur et une autre fin, un peu plus attentive, à tous ses superbes personnages secondaires, délaissés dans les troisième et quatrième tomes de La Passe-Miroir !

10 – ENDOLORIS ! Quel roman a été un supplice à lire ?

A présent, plus de supplices puisque livre-supplice équivaut à livre abandonné. Mais si je remonte un peu dans le passé, Salammbô de Gustave Flaubert avait été bien laborieux. J’ai vraiment du mal avec cet auteur et je n’avais d’ailleurs pas terminé Madame Bovary lorsque je m’y étais frottée il y a une dizaine d’années.

Salammbo11 – AVADA KEDAVRA ! Quelle mort d’un personnage vous a affecté ?

 Attentions aux spoilers !

Je vais dire les morts qui surviennent dans Les Misérables de Victor Hugo. Celle de Javert car elle survient dans un passage grandiose, celle de Jean Valjean qui donne envie de gueuler de frustration, celle de Gavroche qui touche forcément, celle d’Enjolras et Grantaire parce qu’elle clôt un autre passage sublime, celle d’Eponine parce que ce personnage est d’une tragédie terrible. Ah, ce livre…

Les Misérables (couverture)

Voilà mes réponses !
N’hésitez pas à le reprendre ou à me dire en commentaire ce que vous auriez répondu !

Deux livres pour un peu d’espoir : Un funambule sur le sable et J’aime tout ce qui me rappelle que je ne suis pas seule à souffrir sur cette terre

Récemment, j’ai eu besoin de livres que je pressentais assez légers, qui se liraient de manière fluide et agréable. En voici les chroniques.

 

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Un funambule sur le sable, de Gilles Marchand (2017)

Un funambule sur le sableJe suis tombée sur ce livre à la bibliothèque et je me rappelais en avoir entendu parler en bien sur un blog (mais je ne sais plus chez qui, donc vous pouvez éventuellement lever la main) (peut-être Ada et sa super chronique bien plus développée que la mienne). Je cherchais une lecture pas trop exigeante pour couper ma lecture des Contes et légendes inachevés de Tolkien : c’est donc tombé sur lui.

Sur Stradi et son violon. Sauf que le violon de Stradi n’est pas entre ses mains, mais dans sa tête. Il est né ainsi. C’est original, mais ce n’est pas facile à vivre. Sans parler des potentielles complications médicales, cela signifie aussi d’avoir sans cesse de la musique dans la tête, une musique qui, souvent, s’échappe pour partager sa joie, sa tristesse, son amour, sa douleur, avec le reste du monde. Autant dire qu’on le regarde un peu de travers dans ce monde qui aime l’uniformité.

Ce sera vraiment une mini-chronique (plus brève que l’extrait choisi), mais j’avais envie de mentionner ici ce livre qui m’a séduite même si ce n’est pas pour moi le « chef-d’œuvre » ou le « coup de cœur » que ça a pu être pour d’autres. Un violon dans la tête ? Mais pourquoi pas ! Pourquoi ne pas user du fantastique, de l’irréel, de l’improbable, de l’impossible pour raconter une histoire tout ce qu’il y a de plus réelle ?

 Un funambule sur le sable, c’est un très joli texte sur la différence, une différence invisible, sur le fait d’apprendre à vivre avec sa différence, sur le regard des autres, sur les rêves, les espoirs et les obstacles à tout ça. La douleur de l’enfant, l’incompréhension des parents, les questions et les regards des autres curieux, méprisants, gênés…
Il est d’une grande poésie, il y a du rythme et Gilles Marchand use avec soin des mots et des images qu’ils transmettent. Un plombier solitaire, un demi-chien, l’océan, l’amour… je suis parfois imaginée face à un conteur qui me raconterait une histoire, acceptant tout volontiers même ses éléments les plus invraisemblables comme un demi-chien ou ses personnages les plus insolites comme ce plombier souffrant de solitude.

Un roman, un conte, une fable, un récit optimiste et très bien écrit.  Un joli texte touchant et original.

« A neuf heures quinze, les vacanciers entendirent un violon reprendre un morceau des Pogues par la fenêtre au-dessus de l’épicerie. Certains trouvèrent ça beau, d’autres estimèrent que c’était trop triste, que ce n’était pas une musique de l’été, que ça ne donnait pas envie de danser et que le violon était un instrument ringard. Ils auraient préféré une guitare électrique ou un synthétiseur. Mais mon violon s’en foutait. Je m’en foutais aussi et j’enchaînais les couplets. Je n’avais pas besoin des paroles, il me suffisait de me laisser aller, de ne plus mettre de barrière à mes cordes, à mes souvenirs, à mes sentiments. Le violon a pleuré, des touristes ont pleuré, l’épicière a rendu la monnaie en s’essuyant les joues avec son tablier, un chien a hurlé à la mort, l’église a sonné le glas, un rideau métallique s’est abaissé, un verre s’est brisé. L’arc-en-ciel s’est senti indécent de nous imposer ses couleurs naïves et s’est déplacé vers un rivage où il dérangerait moins. A quelques kilomètres de là des enfants qui jouaient au ballon sur l’estran furent ravis de l’accueillir. »

Un funambule sur le sable, Gilles Marchand. Editions Aux forges de Vulcain, 2017. 354 pages.

Challenge de l’imaginaire
Challenge de l'imaginaire (logo)

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J’aime tout ce qui me rappelle que je ne suis pas seule à souffrir sur cette terre, de Stephanie Butland (2017)

J'aime tout ce qui me rappelle que je ne suis pas seule à souffrir sur cette terre (couverture)Pour commencer, ne m’obligez pas à réécrire ce titre une autre fois en entier. Si ça n’avait tenu qu’au titre, je n’aurais sûrement jamais lu ce livre : c’est tout à fait idiot, mais j’ai du mal avec cette mode des titres à rallonge. Heureusement, une personne bien intentionnée me l’a collé entre les mains sans s’arrêter sur mes petits préjugés ridicules et j’ai envie de dire « merci ! ».

De quoi ça parle ? De Loveday essentiellement. Normal, puisque nous sommes dans sa tête pour près de quatre cents pages. Loveday vit à York, travaille dans une petite librairie d’occasion tenue par un homme débonnaire, rondouillard et excentrique, n’est elle-même pas très sociable et pourrait sembler avoir une existence tout à fait ordinaire si ce n’était un passé un peu lourd à porter. Et à accepter.

J’avoue avoir eu dès le début une grosse tendresse pour Loveday qui se trouve être aussi asociale que moi, se sentant bien plus à l’aise en compagnie des livres que des humains. Sauf qu’elle est beaucoup plus intelligente et cool que moi en réalité (à tel point qu’on se demande comment une fille comme elle peut ne pas avoir d’amis, ce que les personnages autour d’elle semblent aussi se demander). Bref, en tout cas, Loveday est typiquement le genre de personnage qu’il est difficile de ne pas apprécier : elle a ce passé qui intrigue et qui émeut, elle a le sens de la répartie qui fascine et amuse (mais qui n’est pas aussi flamboyant que chez Vania ou Mireille du fait de sa réticence à ouvrir la bouche en public), elle est cultivée…
Le second personnage qui se détache du lot est sans aucun doute Archie, le truculent patron de la librairie. Un personnage aussi jovial, bavard et social que Loveday est renfermée et taiseuse. Un homme qu’on voudrait tous avoir comme patron, même s’il s’apparente davantage à un ami pour Loveday.
Les personnages sont bien campés. Imparfaits, traînant leurs casseroles, tentant de composer avec ce que la vie leur a donné, certains sont en haut de la vague, d’autres dans le creux, mais tous et toutes font de leur mieux. (Bon, l’un des personnages est juste très flippant et on ne perd guère de temps à le prendre en amitié.)

Toutefois, ce livre m’a bien attrapée. Derrière cette couverture pleine de livres colorés, avec ce petit chat mignon et cette tasse ornée d’un petit cœur, derrière ce titre à rallonge (je persiste et je signe), derrière ces personnages sympathiques, je m’attendais à une petite lecture légère, impeccable pour un week-end un peu patraque. Et pas du tout à ce passé pas du tout joyeux (en fait, n’ayant pas lu le résumé, je ne savais même pas qu’il y avait une histoire de passé à gérer). Pas du tout à cette histoire de famille, de pardon, de regards en arrière pour faire un pas en avant, de trucs enfermés à double tour dans une boîte au fond de l’armoire dont on retrouve la clé qu’on croyait avoir jetée loin (bref, vous avez compris l’idée).
Et là, je me trouve face à un dilemme : dois-je vous dire quelles sont les thématiques abordées ou vous laissez découvrir le tout par vous-mêmes (au risque que vous vous fassiez des films en imaginant des trucs bien plus terribles que ce qu’il en est) ? Je crois que je ne vais rien vous dire, si ce n’est qu’il s’agit d’un sujet plutôt dans l’air du temps. (Et là, je me demande comment poursuivre si je ne dois rien vous dire…) Quoi qu’il en soit, les sourires des premières pages laissent la place à des émotions moins gaies et je me suis retrouvée bien incapable de lâcher cette histoire qui se dévoile peu à peu (en réalité, on voit le truc venir assez vite, ce n’en est pas moins efficace et touchant).

Ce n’est probablement pas un roman vers lequel je me serais dirigée de moi-même, mais la surprise s’est avérée très agréable. Une bien sympathique promenade, entre humour et sensibilité, entre drame et espoir, à travers la ville de York (faute de pouvoir retourner en vrai au Royaume-Uni) et une déclaration d’amour aux livres et à la littérature que je ne peux qu’approuver.

 P.S. : par contre, si quelqu’un pouvait m’expliquer cette erreur inadmissible ou me remettre les pendules à l’heure si c’est juste moi qui comprends la phrase de travers ou me dire si je dois vilipender l’autrice ou la traductrice, bref, me fournir une explication, je lui en serais reconnaissante. La narratrice parle des cadeaux reçus à un anniversaire (en 1999) :
« Les trois premiers Harry Potter, que j’avais déjà empruntés à la bibliothèque, mais que j’avais envie de relire ; un reçu pour la précommande du Prisonnier d’Azkaban qui devait sortir une semaine plus tard. » Comment a-t-elle pu lire les trois premiers Harry Potter à la bibliothèque si le Prisonnier d’Azkaban (le troisième tome pour celles et ceux qui ne suivent pas) n’est pas encore sorti ?

« C’est pour ça que je n’aime pas parler avec les gens. Je ne trouve jamais rien d’intéressant à leur dire. Il me faut du temps pour trouver mes mots et quand on me regarde, ça me bloque. Et puis je n’apprécie pas vraiment mes semblables. Certains sont corrects, c’est vrai, mais ça, on ne peut pas le savoir tant qu’on ne les connaît pas. »

J’aime tout ce qui me rappelle que je ne suis pas seule à souffrir sur cette terre, Stephanie Butland. Milady, 2018 (2017 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Barbara Versini. 377 pages.

Challenge Voix d’autrice : un livre qu’on m’a conseillé

Quatre mini-chroniques : Le rire du grand blessé, Le dogue noir, Les Belles Endormies et Au plus près

J’ai quelques chroniques qui traînent dans mon ordi, certaines depuis 2018, il est donc temps de les publier. SF made in France, récit fantastique signé Neil Gaiman, troublant petit roman japonais et BD en provenance directe de Scandinavie, tel est le programme

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Le rire du grand blessé, de Cécile Coulon (2013)

Le rire du grand blessé (couverture)Quand on est analphabète et condamné à une vie de misère, il n’y a plus qu’une voie de secours : devenir Agent et surveiller les Manifestations à Haut Risque dans lesquelles se pressent des milliers de lecteurs et lectrices, avides de recevoir leur shoot d’émotions fortes. 1075 surpasse tous les autres. Mais sa découverte de l’alphabet va bouleverser sa vie.

Cécile Coulon est une autrice dont j’ai beaucoup entendu parler sans jamais avoir l’occasion de la lire. Grâce au Joli – dont je vous invite à découvrir la chronique – c’est maintenant chose faite avec ce petit roman. 135 pages, un concentré efficace. De la SF ciselée comme un diamant.

Imaginez un pays contrôlé par les Livres. Des Livres Frisson, des Livres Chagrin, des Livres Fou-Rire, écrits à la chaîne pour fournir à la population la dose d’excitation dont elle a besoin et la maintenir sous contrôle. Imaginez des Agents froids, insensibles à ces transports de drogué·es, qui, pour fuir les campagnes boueuses et miséreuses, dédient leur vie à l’excellence, au dépassement de soi et à la surveillance (tout en étant étroitement surveillés eux-mêmes). Imaginez qu’un maillon se révèle défaillant, imaginez un système qui va trop loin, imaginez la graine de rébellion qui, peut-être, un jour, fleurira. Des ingrédients qui ont parfois fait leurs preuves – difficile de ne pas penser aux monstres du genre que sont Ray Bradbury et George Orwell – et qui fonctionnent ici encore.
Peut-être parce que l’abrutissement de la société est une thématique parlante, effrayante. Peut-être parce que la disparition des livres non formatés par le régime, la disparition de la lecture comme plaisir libre pour devenir une drogue savamment injectée par le gouvernement sont des sujets qui touchent la lectrice passionnée que je suis. L’autrice joue avec les codes, transforme les livres, souvent bannis des dictatures dans les romans de SF, en moyen de contrôle, en carotte pour la population. C’est original et brillamment réussi.

Peut-être parce que l’écriture est fantastique aussi. Très peu de dialogues, mais une superbe description de ce qui anime et remue les personnages. Les descriptions des lectures collectives m’ont glacée tandis que la soif d’apprendre, les doutes et les angoisses de 1075, bref, l’intériorité du personnage me captivait. La construction du récit est aussi plaisante, distillant avec justesse révélations et surprises.

Une dystopie étonnante qui pervertit l’acte de lecture d’une manière tout à fait déstabilisante et qui interroge aussi notre façon d’aborder les livres dans une société de consommation.

(J’ai depuis lu Méfiez-vous des enfants sages dont je comptais vous parler dans une chronique spécial Cécile Coulon, mais ce court roman m’a laissée tellement de marbre, m’a ennuyée même et je n’ai aucune envie d’en écrire une critique. Tant pis, je resterai sur mon excellent souvenir du Rire du grand blessé.)

Méfiez-vous des enfants sages (couverture)

« Les Agents accédaient à ce statut grâce à leur faiblesse, précisément ce pour quoi on les avait toujours rejetés. Jusqu’alors, ils n’avaient été que des ratures dans les marges de la société. »

« La liberté ? Ce mot ne signifiait rien d’autre que le souvenir de nuits sans sommeil et d’hivers sans feu. La liberté, tels le vin, les femmes et les Livres, tuait les hommes qui en consommaient trop. Elle les gangrenait, ils ne pensaient qu’à elle, comme à une fille qu’ils auraient croisée une fois sans avoir osé l’aborder. Une saleté ! L’illusion du pouvoir, la certitude idiote qu’il nous reste un trésor quand on a tout perdu. 1075 détestait les hommes libres, parce qu’ils ne possédaient rien, et qu’ils en étaient fiers. »

« 1075 ne souhaitait pas se retrouver sur les gradins d’un stade à implorer, mains jointes, trois malheureux chapitres d’un Livre quelconque ; il désirait comprendre comment on en était arrivés là. Pourquoi les mots provoquaient-ils un tel déchaînement ? »

Le rire du grand blessé, Cécile Coulon. Points, 2015 (Viviane Hamy, 2015, pour la première édition). 135 pages.

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 Le dogue noir, de Neil Gaiman (2016)

Le dogue noir (couverture)Après American Gods et Le monarque de la vallée, nous retrouvons Ombre toujours en vadrouille dans le nord du Royaume-Uni. A nouveau, l’histoire débute dans un pub alors que la pluie tombe à verse. La discussion tourne autour des chiens, réels et imaginaires (même si ces derniers sont aussi réels que les premiers pour certain·es autochtones) et d’un chat retrouvé emmuré dans les murs du bar. Une ambiance tout à fait festive donc. Ombre accepte l’invitation d’un couple qui se propose de l’héberger pour la nuit. Mais l’homme s’effondre et la rencontre vire au cauchemar.

Fantômes, meurtres, jalousie, culpabilité, molosse spectral… on retrouve bien l’ambiance étrange et macabre du Monarque de la vallée avec cette terreur qui ne vient pas forcément de là où on l’attend. On retrouve certains ingrédients d’American Gods et, bien que potentiellement indépendante, je pense que ces livres plairont surtout à celles et ceux qui connaissent déjà le personnage et son histoire.
Si j’apprécie ces historiettes – parce que Neil Gaiman, parce que bien écrits –, leur brièveté me frustre également. L’immersion est rapide tout comme la lecture (surtout pour un livre à 23€ même si les illustrations expliquent un peu ce prix) et je redoute la lassitude si le voyage d’Ombre doit ainsi se poursuivre. Ces récits sont très sympathiques et remplis de choses qui me plaisent (à commencer par l’ambiance et les sujets), mais je préférerais retrouver Ombre dans un gros roman !

Heureusement que l’illustrateur est là pour sublimer le tout ! Pour coller à l’ambiance inquiétante, les illustrations de Daniel Egnéus sont idéales. Tracées à l’encre, certaines dégoulinent comme les figures du test de Rorschach, d’autres  présentant des enchevêtrements chaotiques de traits fins. Et toutes, avec ces corps tordus, en souffrance, mettent en exergue la folie et l’irréalité qui irriguent le récit. Cette noirceur viscérale prend aux tripes, révulse et fascine et transcendent un texte qui serait probablement facilement oubliable sans elles.

Dans cette histoire, joliment sombre, résonne un écho au célèbre chien des Baskerville. Les illustrations font toute la beauté de l’objet en soulignant l’étrangeté et l’horreur de ce récit.

« Il n’y avait aucun bruit dans la maison : Ombre imaginait le Dogue noir tapi sur le toit, occultant tout soleil, toute émotion, tout sentiment et toute vérité. Quelque chose avait abaissé le volume dans cette maison, refoulé toutes les couleurs vers le noir et blanc. Il aurait souhaité se trouver ailleurs, mais il ne pouvait pas les abandonner. Il s’asseyait sur son lit, regardait par la fenêtre la pluie ruisseler sur le carreau et sentait les secondes de sa vie s’égrener pour ne jamais revenir. »

« Un autre contact lui effleura la main. Ombre jeta un coup d’œil sur le côté et comprit. Comprit pourquoi Bastet avait été à ses côtés en ce lieu, comprit qui l’avait amenée.
On les avait broyés et saupoudrés sur ces champs plus de cent ans auparavant, volés à la terre ceignant le temps de Bastet et de Beni-Hassan. Par tonnes et tonnes, par milliers, des chats momifiés, chacun un minuscule représentant de la déité, chacun un acte d’adoration préservé pour une éternité. »

Le dogue noir, Neil Gaiman. Au Diable Vauvert, 2017 (2016 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais par Patrick Marcel. 87 pages.

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Les Belles Endormies, de Yasunari Kawabata (1961)

Les belles endormies (couverture)Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est là un texte très troublant. Nous suivons le fil des pensées du vieil Eguchi qui, pour une première fois, puis une seconde, une troisième, une quatrième et une cinquième fois, se rend dans une étrange maison pour y dormir aux côtés de jeunes filles, d’adolescentes, droguées et plongées dans un profond sommeil. La contemplation de ces filles le conduit à une sorte de méditation sur sa vie passée tandis que leurs corps et leurs odeurs réveillent en lui le souvenir des femmes de sa vie. Outre une mosaïque de son existence et des sentiments qui l’ont traversée, se dessine aussi un tableau de la vieillesse, de la peur de la décrépitude, de la solitude, de l’approche inéluctable de la mort.

Senteurs charnelles, souffles chauds, corps alanguis… l’écriture délicate de Kawabata dessine une atmosphère sensuelle, érotique parfois. Eguchi porte son attention sur de minuscules détails parfois surprenants, comme l’implantation des cheveux sur la nuque, une dent de travers, la forme d’une langue, la courbe d’une épaule, les nuances et la texture de la peau… La description des visages et des corps est tout simplement sublime.
Cependant, ce court roman m’a aussi mise très mal à l’aise. Inconscientes poupées de chair et de sang, morceaux de viande fraîche, l’impuissance de ces jeunes filles livrées aux regards – tendres, paternels, admiratifs, lubriques – de vieillards flirte avec le malsain même si les règles tacites de la maison interdisent les rapports sexuels (même si ces « hommes de tout repos » en sont généralement incapables). Doublée de certaines réflexions sur les femmes que je ne partage aucunement, ce récit n’a cessé, du début à la fin, de me déranger, voire de m’irriter.

Lent, triste, beau, vaporeux, ce huis-clos nous plonge dans les souvenirs, les affres et les craintes d’un vieil homme. Si la fin laisse un goût d’inachevé, Les Belles Endormies, roman étrange s’il en est, m’aura à la fois séduite pour la poésie et la sensibilité de son écriture sur des sujets inhérents au genre humain et révulsée par son cadre éminemment perturbant et même scabreux.

« Il était évident que la fille ne dormait là que par amour de l’argent. Cependant, pour les vieillards qui payaient, s’étendre aux côtés d’une fille comme celle-ci était certainement une joie sans pareille au monde. Du fait que jamais elle ne se réveillait, les vieux clients s’épargnaient la honte du sentiment d’infériorité propre à la décrépitude de l’âge, et trouvaient la liberté de s’abandonner sans réserve à leur imagination et à leurs souvenirs relatifs aux femmes. Était-ce pour cela qu’ils acceptaient de payer sans regret bien plus cher que pour une femme éveillée ? »

« L’immense étendue des désirs, leur insondable profondeur, jusqu’à quel point les avait-il finalement mesurées au cours des soixante-sept années de son passé ? »

Les Belles Endormies, Yasunari Kawabata. Le Livre de Poche, coll. Biblio romans, 2006 (1961 pour l’édition originale. Albin Michel, 1970, pour la traduction française). Traduit du japonais par René Sieffert. 124 pages.

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Au plus près, d’Anneli Furmark (dessin) et Monika Steinholm (scénario) (2018)

Au plus près (couverture)La dernière Masse Critique Babelio de l’année m’a permis de découvrir la bande-dessinée Au plus près aux éditions Çà et Là, une maison qui m’avait déjà séduite par le passé avec l’atypique Bottomless Belly Button de Dash Shaw.
Au plus près nous emmène en Norvège aux côtés de Jens et Edor. Tous deux, au cours d’un été mouvementé, découvrent leur homosexualité et leur attirance réciproque.

Commençons par le point qui fâche. Je n’ai pas du tout adhéré au dessin. Pas du tout. Pourtant, j’ai plutôt tendance à m’habituer facilement à des styles très divers, y compris ceux qui, à première vue, ne sont pas dans mes goûts car je finis souvent par trouver qu’ils se marient bien à l’histoire qu’ils illustrent. Mais là, non. Je n’ai pas arrêté de tiquer sur telle ou telle page, ce trait, comment le qualifier, naïf ? simpliste ? enfantin ? n’a pas su me séduire. Ce coloriage un peu grossier – feutre et crayon de couleur mêlé de collages – n’a pas davantage réussi à me transporter dans « les somptueux paysages du nord de la Norvège » vantés par le communiqué de presse.

En revanche, l’histoire est jolie et tendre. On s’attache aux garçons, surtout Jens pour ma part. Ce garçon à la chevelure flamboyante, un peu gros, un peu trop timide qui finalement se découvrira bien plus de courage et d’honnêteté – envers lui-même et envers les autres – que cette tête brûlée d’Edor. Les événements et la façon dont ils sont narrés ne sont pas d’une grande originalité – j’avoue que l’on peut sans trop de difficultés annoncer ce qui se passera dans les pages suivantes – mais le but n’est sans doute pas là et il se dégage de ses pages une grande douceur et beaucoup de pudeur. On s’immisce dans les pensées des personnages sans voyeurisme et les autrices ne poussent jamais trop loin dans le pathos.

Une histoire d’amour tout à fait réaliste et crédible, dont les émois et les drames parleront à tout le monde. Il est simplement regrettable que j’ai été si rebutée par le dessin de la Suédoise Anneli Furmark.

Au plus près, Anneli Furmark (dessin), tiré d’un roman de Monika Steinholm (2017). Editions Çà et Là, 2018 (2018 pour l’édition originale). Traduit du suédois par Florence Sisask. 224 pages.

Tag Sunshine Blogger Award x 2 !

Sunshine Blogger Award

J’ai été taguée par la Récolteuse de Mots il y a un moment et ça n’a pas été facile de répondre !

Les trois règles du jeu :

  • Insérer le logo du tag : il y en a plusieurs, mais quand on a la flemme, on pique celui de celle qui nous a taguée ;
  • Répondre aux onze questions de la personne qui vous nomine ;
  • Nominer onze autres blogueurs et leur poser onze questions.

C’est parti ! (Et je vous préviens, c’est beaucoup trop long pour être lisible !)

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  1. Prenez vos 3 personnages préférés de 3 œuvres différentes. Maintenant, qui adoptez-vous, qui tuez-vous, qui épousez-vous ? (c’était gratuit)

Bon, j’ai des tas de personnages préférés, mais pour cette question, j’appelle à la barre Ellana (Le Pacte des Marchombres de Pierre Bottero), le Délire (Sandman de Neil Gaiman) et Jane Eyre (de Charlotte Brontë). Et j’épouse Ellana, j’adopte Délire… et du coup… je tue Jane Eyre, je suppose (mais c’est vraiment parce que je préfère épouser et adopter les autres) (on va dire qu’elle a vécu son temps !).

  1. L’auteur.rice et/ou le livre que tu détestes le plus dans tout ce que tu as lu ?

Il y en a peut-être d’autres, mais d’une part, j’ai une mémoire de poisson rouge et, d’autre part, cette dernière me hurle un nom : Sylvain Tesson. Je pense que ma chronique de Dans les forêts de Sibérie est suffisamment éloquente. Je l’ai trouvé moralisateur, pédant, imbu de lui-même… je me répète ? Bref, insupportable en tout cas.

Dans les forêts de Sibérie (couverture)

  1. Est-ce que tu as déjà pensé à arrêter définitivement ton blog ? Pourquoi ? (n’y lisez pas que je veux voir votre départ, NON)

Ouf, il y a au moins une question facile dans ce questionnaire ! Oui, sans aucun doute. C’est une interrogation qui revient souvent chez moi. Pourquoi ? Parce qu’il n’apporte pas grand-chose à la blogo et parce que je trouve qu’il y a mille autres blogs bien plus intéressants et intelligents.  (Et je ne dis pas ça pour que vous me disiez « mais non, voyons… », je réponds juste à Naomi !)
Mais pour l’instant, même s’il a connu de longues pauses, il a toujours résisté. C’est mon journal de lecture et ma mémoire, je ne vais pas les sacrifier aussi facilement, simplement à cause de doutes !

  1. Vous avez la possibilité d’offrir le Prix Nobel de littérature : à qui le décernes-tu ?

Honnêtement, je préfère reléguer cette responsabilité à quelqu’un d’autre. Premièrement, je ne sens pas assez cultivée pour distinguer un.e artiste parmi les autres. Deuxièmement, je suis trop versatile. Six mois après, il me faudrait pouvoir reprendre le prix au premier lauréat parce que j’aurais changé d’avis. Non merci, pas pour moi. En plus, je déteste décevoir les gens et je serais mal pour tous ceux et toutes celles qui l’auraient voulu.

  1. Une femme qui t’inspire et le pourquoi du comment.

N’importe quelle femme volontaire, décidée, généreuse. Celles présentées dans les Culottées de Pénélope Bagieu qui ont su s’imposer dans la voie qu’elles avaient choisie. Mireille Havet qui, au début du XXe siècle, a su briser les conventions et faire fi des tabous, Emma Watson pour ses engagements féministes… Mais en fait, je suis surtout inspirée par des femmes de mon quotidien, des femmes que j’ai pu rencontrer dans la vraie vie et qui m’ont impressionnée, m’impressionnent encore par leur force, leur intelligence, leur humour, leur gentillesse, etc., quelles que soient leurs qualités. Cela varie selon les jours et les rencontres, mais je n’ai pas UNE femme en particulier que j’érige en idole et en modèle au quotidien.

  1. Quel aurait pu être l’autre nom de ton blog ?

Ah non, j’ai assez galéré à en trouver un, je ne vais pas devoir en trouver un second ! Ça aurait été un nom bateau et commun, voilà. Pour me faire pardonner de cet évitement (qui n’est d’ailleurs pas le premier, sorry Naomi…), je peux vous dire pourquoi il s’appelle comme ça ! Alors « bibliophile », c’est parce que j’aime lire (n’est-ce pas complètement fou ?), mais « l’ourse » ne vient pas d’une passion pour les ursidés, mais parce que le gentilé de « mon » village, celui où j’ai passé mon adolescence en tout cas, se trouve être… les Ours. (Par contre, je vous laisse chercher où c’est.)

  1. Si on retire les romans, quel est ton genre préféré ?

Si on me retire les romans… je serais bien dans la mouise ! Parce qu’il ne fait aucun doute que c’est mon genre de prédilection. Sans romans, il faudrait d’abord que je découvre plus en avant les autres genres avant d’en élire un supérieur aux autres en mon cœur. Ce ne serait probablement pas la poésie qui me laisse globalement hermétique. Peut-être les essais, à condition qu’ils ne soient pas trop abscons (c’est idiot, mais j’ai cette image des essais alors que j’ai pu en lire de très plaisants) ou le théâtre, mais je crains de me lasser assez vite.
(Cinq minutes plus tard, après m’être torturée l’esprit dans tous les sens…) Suis-je bête ! Ce serait la bande-dessinée et les romans graphiques ! Avec toutes les pépites que le genre recèle, je suis idiote de ne pas y avoir pensé plutôt !

  1. Un univers que tu voudrais aussi célèbre que celui d’Harry Potter ? (pas le droit de répondre que HP est le meilleur, nope nope nope)

Je ne peux pas dire celui de Tolkien, c’est déjà le cas, alors Gwendalavir ! Créé par Pierre Bottero, c’est un univers formidable et j’aurais tellement aimé qu’il soit encore développé plus en avant dans maintes trilogies formidables…

  1. Une œuvre qui nous permettrait de mieux te comprendre ?

Une œuvre ?… Je ne sais pas si l’une d’entre elle permettrait de me comprendre… Peut-être les Chants de Maldoror de Lautréamont pour leur côté joyeux et positif ! (Ceci est du second degré.) Non, je ne sais pas.
En revanche, je me suis terriblement identifiée à une autrice, mon âme sœur vieille d’un siècle, Mireille Havet. Je n’ai pourtant pas encore fini de lire son journal, mais les premiers volumes ont véritablement résonné en moi, me prenant aux tripes par ses mots, par leur honnêteté, par leur modernité, par leur véracité. Mes exemplaires sont couverts de notes, d’une longue conversation avec elle (les seuls livres que je ne prêterai absolument jamais !).

  1. La chose dont tu es la plus fière au cours de ta vie ?

Avoir participé à l’animation du Rocky Horror Picture Show, je dirais. C’était une période assez dingue de ma vie et monter sur scène est tellement loin de mon caractère que je me demande encore comment j’ai fait pour y arriver ! Pourtant, je me suis éclatée chaque jour et j’ai savouré chaque répétition et chaque séance.

The Rocky Horror Picture Show - Lèvres

  1. Qui voudrais-tu être ? (pas forcément en comparaison à un personnage ou une personnalité, mais davantage : personnellement quel genre de personne veux-tu devenir ?)

Celle que j’étais quand je faisais le Rocky ? La moi plus téméraire et de plus positive. Quelqu’un qui sait voir le bonheur quand il se présente, aussi petit soit-il.

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La Récolteuse avait aussi taguée Plouf qui a posé des questions sans nominer personne, donc dans ma lancée, j’ai aussi répondu aux siennes (non, cet article n’était pas assez long comme ça !), so… voici les questions de Plouf !

  1. Quel est le livre que tu as trop envie de lire, mais que pour une raison obscure, tu n’as pas pas encore lu ?

Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie. J’ai très très très envie de le lire depuis l’été dernier, je le regarde régulièrement en me disant « putain, j’ai trop envie de le lire ! »… et pourtant, je ne l’ai pas encore ouvert plus d’une minute. Et ça, c’est pour une raison très obscure que je n’arrive pas à déterminer.

Americanah (couverture)

  1. Comment est-ce que tu organises ta bibliothèque ? Joyeux bazar ou tout bien rangé ? (et une photo en prime pour baver, ça peut être très cool !)

Je trie un peu (jeunesse, SFFF, littérature blanche, beaux-livres, BD, essais…) et après, c’est au feeling et selon les périodes (parce que, de temps à autre, je me fais un petit trip « réorganisation de ma bibliothèque ») : taille des livres, nationalité de l’auteur, associations d’idées…

(Désolée, la qualité n’est pas top…)

  1. Quel est le roman dont on ne parle pas assez à ton goût ?

Jonathan Strange & Mr Norrell, de Susanna Clarke ! Un roman de fantasy incroyablement riche, avec un univers développé à la perfection, une œuvre fascinante, doucement envoûtante avec un humour subtil. Un véritable voyage !

Jonathan Strange & Mr Norrell (couverture)

(Savourez cette question, c’est la seule à laquelle j’ai pu apporter une réponse claire, nette et unique !)

  1. Quels sont les endroits du monde qui te font le plus rêver ? 

L’Ecosse ! Depuis que j’y suis allée, je ne rêve que d’y retourner. C’est tellement sublime et magique et incroyable qu’il ne peut en être autrement. Sinon, l’Irlande. Et les grands espaces de l’Amérique du Nord. Et le Vietnam que j’aimerais faire un jour en vélo du nord au sud ou du sud au nord (mais faudrait que je me mette sérieusement au vélo parce que ça risque de faire quelques kilomètres…).

  1. Est ce que tu as un personnage d’une série que tu adores mais que lui, tu peux pas piffer, et pourquewadoncquecela ?

Je crois que je vais passer mon tour… Je ne suis pas une grande sérivore et là, je n’ai aucun personnage en tête. Enfin, j’ai détesté d’un bout à l’autre ce petit merdeux de Junior dans Under the Dome, mais comme je n’ai pas aimé la série… Je crois que dans mes séries préférées, j’ai adoré détester certains personnages, mais je ne m’en rappelle pas que je n’ai pas pu piffer.

  1. Quel est ce film que tu pourrais regarder encore et encore et encore ?

Et encore ?
Il y en a plein, même si je pense que pour tous j’arriverai à saturation au bout d’un moment. Mulholland Drive, les comédies britanniques (surtout s’il y a Bill Nighy ou Maggie Smith ou d’autres acteurs ou actrices de cet acabit), les anciens Tim Burton… Il y a aussi The Rocky Horror Picture Show que j’ai vu des dizaines voire des centaines de fois… et du coup, ça me fait penser à Hair… et que dire de Mulan ou du Roi Lion ou des Miyazaki !
Non, et puis ça dépend de mon humeur, de la période, de ce que j’ai envie de voir ! C’est tout simplement impossible de n’en choisir qu’un.

  1. Plutôt couche tard-lève tard ? Ou couche tôt-lève tôt ? Ou j’ai un rythme de merde, déso pas déso ?

En temps normal, je suis plutôt une lève-tôt et une couche-ni-tôt-ni-tard. Dans les périodes les plus survoltées de ma vie, je pouvais me coucher à une ou deux heures et me lever à cinq sans problème. Mais comme ma vie n’est pas particulièrement survoltée en ce moment, j’ai avancé le coucher et repoussé le lever, mais je compte bien remédier à ça un de ces quatre !

  1. Quels sont les blogs que tu adores visiter ? J’ai trop envie d’en découvrir plein de nouveaux en ce moment, fais tourner !

Pour ne pas citer des évidences (comme Ambroisie, Pauline, Charmant Petit Monstre ou la Récolteuse… que j’ai citées du coup…), je t’en donne deux : Sick Sad Me tenu par la plume pleine d’esprit et d’ironie de Zelda et Les jolis choux moustachus, un petit blog tout nouveau tout beau !

  1. C’est quoi tes 5 livres préférés (ouais je mets une formulation moche pour changer du ‘quel est’) ?

Dur… En vrac et sans classement : le journal de Mireille Havet, Méridien de sang de Cormac McCarthy, Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, les nouvelles de Stefan Zweig et Harry Potter.
(…et les autres livres de McCarthy, et Sukkwan Island de David Vann, et Le Pacte des Marchombres, et à peu près tout Neil Gaiman, et Jane Austen, et Jane Eyre, et A la croisée des mondes, et L’Attrape-cœur, et… c’est quoi cette question ? Pourquoi juste cinq d’abord ?)
(Comme tu peux le voir avec cette question à l’instar de la 6, j’ai du mal avec la notion de choix. Je ne te dis pas les débats existentiels devant le menu au restaurant.)
Non, décidément, le livre, le film, le plat, le ci ou le ça préféré, ce sont des questions impossibles ! Ça dépend de trop de choses, ça varie, ça fluctue, ce n’est pas figé dans le marbre, donc je ne peux pas trancher. Je ne peux pas et je ne veux pas car en choisir un, c’est laisser les autres. Et ça, c’est hors de question, je ne laisse personne derrière !

  1. La chanson qui te met la patate direct ? 

En fait, je n’écoute presque pas de musique. Je me sens très tache au milieu de ces enceintes partout tout le temps, de ces écouteurs, des playlists, mais je ne sais même pas à quand remonte la dernière fois où j’ai mis de la musique. Après, j’en écoute de temps en temps et je suis incapable de résister à l’envie de chanter faux face aux chansons que je connais. Et là, ça va de BO de comédies musicales à Indochine, en passant par les Disney, Léo Ferré et « Jolene » de Dolly Parton (oui, même ces deux-là arrivent à me mettre de bonne humeur : sans doute la joie de connaître les paroles…) ou encore la merveilleuse Agnes Obel. Mais je n’ai pas de chanson particulière que je vais me mettre pour me donner un coup de fouet.

  1. Dans quel livre/film (ou les deux) voudrais tu vivre ? Et pourquoooi ?

Dans un univers magique évidemment. Je ne suis pas difficile. Ça peut être en Terre du Milieu (Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit), en Gwendalavir (les livres de Pierre Bottero) ou sur les arches de la Passe-miroir. En ce moment, je suis en mode Terre du Milieu à fond, mais pour moi qui suis nulle en dessin mais qui ai plein d’images dans la tête… peut-être que je me révélerais meilleure dans l’Art du Dessin tel qui se pratique en Gwendalavir (et de toute façon, je deviens Marchombre aussi).
Je ne voudrais pas vivre dans le monde d’Harry Potter (le fait que je ne cite pas cet univers pourrait surprendre les personnes me connaissant), mais c’est notre monde. Avec de la magie certes, mais avec la pollution, la surpopulation, la disparition des espèces animales, etc. Donc non merci.

***

Et donc, mes onze questions !

  1. Ecris-tu ? Te rêves-tu publié·e ?
  2. As-tu une passion (ou plusieurs) autre que la lecture et/ou l’écriture, bien sûr ?
  3. Quel est, pour toi, l’endroit où tu te sens le mieux ?
  4. L’existence de ton blog est-elle connue de ton cercle familial, amical et professionnel ?
  5. Une fée, un lutin, un génie, qui tu veux (qui, d’ailleurs ?) t’offre un vœu. Un seul. Que choisis-tu ?
  6. Quel est ton dernier voyage ? Quel sera le prochain ? (Fais-moi rêver.)
  7. Une autrice ou un auteur méconnu·e que tu aimerais me faire découvrir ? (Comme si ma wish-list n’était pas assez gargantuesque…)
  8. De quel objet ne peux-tu te passer (hors livres et/ou liseuse) ?
  9. Le bruit que tu préfères ?
  10. L’auteur/autrice et/ou le livre que tu détestes le plus dans tout ce que tu as lu ? (Oui, je reprends sans scrupule la question de la Récolteuse de Mots. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais repris tout son questionnaire !)
  11. Comment vois-tu le futur de l’humanité ? (Une question joyeuse pour finir)

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Et là, normalement, je sais, je suis censée taguer des gens. Onze personnes. Sauf que j’ai l’impression qu’il a déjà pas mal tourné, alors ce sera en libre-service pour qui en aura envie !