Apple and Rain, de Sarah Crossan (2014)

Apple and Rain (couverture)Pourquoi – pourquoi ? – ce livre a-t-il dormi dans ma PAL depuis deux ans et demi – comme me le rappelle impitoyablement le ticket de caisse de Waterstones glissé à l’intérieur – alors que mon amour pour l’œuvre de Sarah Crossan n’est plus à prouver ? Cette question, que je me pose pour plus de la moitié des livres de ladite PAL, n’aura jamais de réponse précise.

Apple and Rain, c’est l’histoire d’Apple (et de Rain, vous y croyez ?). Apple qui n’attend qu’une chose : le retour de sa mère partie onze ans plus tôt. Apple qui voit l’incroyable se produire. Apple qui rêve à un futur radieux, qui quitte une grand-mère trop stricte pour emménager chez cette belle et cool et unique maman. Apple qui déchante. Apple qui apprend. Apple qui écrit des poèmes grâce au meilleur des professeurs d’anglais.
(Et Rain, et Rain ?, me demanderez-vous. Rain, je vous laisse la découvrir par vous-même. (Et c’est là que je réalise que ça ne va pas être simple d’écrire une chronique sans en parler, mais je vais y arriver).

Avec ce livre, j’ai renoué avec deux plaisirs. Celui de relire un livre en anglais et celui de retrouver la plume de Sarah Crossan.

Pour le premier point, j’ai été ravie de constater la fluidité de ma lecture. J’ai cherché quelques mots, mais c’était rarement car ils bloquaient ma compréhension de l’histoire, plutôt parce qu’ils m’interpellaient, m’amusaient ou autre et que je voulais une traduction exacte. Entre Stranger Things regardée en VOSTFR, les Orphelins Baudelaire reregardée en VOST anglais, la suite du premier tome d’Harry Potter lu par des personnalités anglophones et ce livre, j’ai commencé à penser davantage en anglais qu’en français, ce qui est assez perturbant quand même. (Je raconte ma vie, mais je suis chez moi quand même…). Bref, c’était chouette.

Pour le second, il y a une petite différence avec mes précédentes lectures de cette autrice, c’est qu’il s’agit d’un livre en prose « classique ». Pas de vers libres ici. Pourtant, c’était aussi beau que ses autres romans. De plus, la poésie dispose malgré tout d’une place de choix.
Pendant qu’Apple se bat avec la vie, la poésie est au programme des cours d’anglais. Les poèmes suivent en filigrane le parcours d’Apple et les états d’esprit qui l’animent. Pour chaque « grande thématique », les élèves devront écrire un texte sur eux-mêmes, sur ce qui les effrayent, ce qu’ils aiment, etc., et Apple se découvrira un talent tout particulière et une harmonie avec les poètes·ses étudié·es.
(Rectification : je disais que je n’avais pas eu de problèmes pour ma lecture, mais il y a une toute petite exception : le chapitre sur les « nonsense poems » avec le Jabberwocky de Lewis Carroll – pour lequel on peut trouver des traductions sur internet – et un texte s’en inspirant écrit par Apple et Rain – pour lequel on ne peut pas trouver de traductions sur internet. Je confesse, j’ai essayé de comprendre et j’ai laissé tomber. Mon anglais n’est clairement pas au niveau de ce genre de jeux de langue.)

Que puis-je ajouter d’autre que je n’ai pas déjà dit dans mes autres chroniques ? Ce livre enfonce simplement le clou et confirme ce que je savais déjà : Sarah Crossan a vraiment ce talent sidérant pour écrire de belles histoires. Pas dans le sens cucul du terme. Simplement, ce sont des histoires tellement…. vibrantes.

J’ai adoré le goût doux-amer de ce roman qui raconte la déception, l’amertume, l’inquiétude. Qui raconte le désenchantement vis-à-vis d’une mère idéalisée ou d’une amie. Une histoire qui raconte comment les choses que l’on pouvait croire immortelles finissent.
Contrebalançant cette tristesse un peu aigre, il y a l’espoir. De rencontrer des personnes spéciales, uniques. De sortir grandie des épreuves, peut-être dotée d’une meilleure connaissance de soi et de ses talents. D’avoir gagné plus que ce qu’on a perdu. D’un futur plus apaisé.

Et puis, il y a ces personnages. Apple, Rain, Del… je n’avais pas envie de les quitter. Livre après livre, Sarah Crossan apparaît comme indubitablement douée pour peindre des duos (sœurs/frères/ami·es…) particulièrement lumineux et enthousiasmants. Je me fais avoir à chaque fois : immanquablement, je tombe sous le charme.
Si Rain est attendrissante (un chouïa inquiétante aussi parfois) et Del le genre de personnage que l’on ne peut qu’aimer spontanément, Apple est plus complexe, plus imparfaite. Ses décisions semblent parfois étranges ou hâtives, mais cela n’apparaît pas pour autant comme aberrant : elle a treize ans, elle est perdue, elle se trompe parfois, c’est inévitable. Ça ne fait que contribuer au réalisme du personnage.

Encore une fois, Sarah Crossan signe un magnifique bouquin, avec une histoire parfois solaire, parfois acide, qui donne envie de vivre encore un petit peu plus longtemps aux côtés d’Apple and Rain.

« And then I look at the flat paper bag and at Del and Rain picking their sweets. And I go from feeling happy to feeling like my heart is a stick of rock. Before now I didn’t even know I needed cheering up. I thought I was OK. I thought I was perfectly fine and that Rain was the one with the problem.
I load up my bag with cola bottles and realise Del was right – I’m a big sweet-and-sour fan.  »

Apple and Rain, Sarah Crossan. Bloomsbury, 2015 (2014 pour la première édition). En anglais. 328 pages.

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Harry Potter : page to screen (VF : Des romans à l’écran), de Bob McCabe (2011)

Harry Potter - Page to screen

J’ai plongé dans le monde des sorciers à l’âge de sept ans – l’âge auquel j’ai révélé toute ma magie, si si, c’est vrai ! – lorsque l’on m’a offert les premiers tomes et aujourd’hui, treize années plus tard, je n’en suis toujours pas ressortie. Incapable d’expliquer le pourquoi de cette passion, je me demande parfois si je suis anormale – en tout cas, ma famille me trouve « spéciale ».
J’ai hésité, voyons, au moins trois jours avant d’acheter ce livre, j’ai ensuite attendu un mois avant de l’avoir entre mes mains pour X raisons, et quand enfin, ce moment est arrivé, je n’ai pas regretté un seul instant.

C’est un livre tout simplement magnifique et incroyablement détaillé. L’auteur a réalisé un travail de grande qualité, à la différence de la plupart des autres encyclopédies, dictionnaires et autres qui ne font que reprendre le contenu des livres ou des films et qui, je l’avoue, me m’intéresse pas du tout.
Là, on apprend dans une première partie énormément de choses sur la manière dont se sont déroulés les tournages, l’arrivée des différentes personnes (réalisateurs, acteurs, et tous ceux qui ont contribué à réaliser ces films si riches en détails). Ce livre n’est alors plus seulement un livre sur Harry Potter, mais sur le cinéma en général puisqu’il aborde les différentes étapes, les différentes contraintes qu’entraîne un film. Ensuite, on balaye tous les personnages, lieux, créatures – ou presque tous – et les commentaires de Stuart Craig, de Stephenie McMillan, des acteurs, des réalisateurs, etc., permettent de saisir de multiples détails que l’on ne remarque pas en regardant le film, que ce soit parce que la caméra ne passe dessus qu’une seconde, parce que notre attention est captivée par autre chose… Quelle merveilleuse sensation que de voir que l’on ne connaît encore pas tout, même après les avoir vus et revus !

Les illustrations sont largement à la hauteur des textes. Il y a des images issues des films évidement, mais l’on trouve également profusion de dessins préparatoires (en anglais, ce sont les « concept art », je ne sais pas la traduction exacte en français…) ainsi que de plans (« blueprints »), tout cela étant inédit. Les « concept art » montrent la réflexion nécessaire à la création d’éléments, notamment pour ce qui est des créatures, propres à l’univers d’Harry Potter et permettent de voir ce à quoi on a parfois échappé. Personnellement, j’ai beaucoup aimé les multiples versions de Dobby : certaines sont vraiment très drôles (et très laides) !
Je reste bouche bée, les yeux écarquillés devant le soin apporté aux détails, devant la profusion des détails, éléments qui pourraient sembler superflus puisqu’on ne les voit pas (les baguettes soignées, uniques, des Mangemorts alors qu’elles n’apparaîtront que lors d’un sort vivement lancé, à moitié dissimulées par une manche !).

Le fait de l’avoir en anglais m’a obligé à le lire plus lentement, ce qui m’a permis de le savourer encore davantage. C’est vraiment une mine d’or !

Si vous voulez un livre complet et passionnant sur les huit films potteriens, achetez-le, empruntez-le, volez-le s’il le faut, mais lisez celui-ci !

Harry Potter : page to screen : the complete filmmaking journey (VF : Des romans à l’écran), Bob McCabe. Harper Design, 2011. 531 pages.

Je vous conseille ensuite The Creature Vault de Jody Revenson consacré exclusivement à la faune et à la flore potteriennes.