Découvertes au cours des Oralires du Chat Noir 2014 à Clermont-Ferrand, les éditions Ouï’Dire font un merveilleux travail dans le monde du livre sonore. Contes de qualité, enregistrements soignés, elles sont vraiment à découvrir. Amoureux du conte, amateur de livres audio, lecteur persuadé que c’est pour les aveugles et les enfants, oreille lambda, découvrez les éditions Ouï’Dire.
Issus de la collection La puce à l’oreille, ces Contes traditionnels du Québec regroupent huit conteurs, huit histoires, huit voix, huit univers :
- La princesse embêtée en trois paroles, de Jocelyn Bérubé ;
- Ti-Fine, la femme plus rusée que le diable, d’Alexis Roy ;
- L’Invisible, de Robert Seven Crows ;
- Le trempeur de couteau, de François Lavallée ;
- L’ours des rosiers, de Nadine Walsh ;
- Jos Bezeau, de Simon Gauthier ;
- Rose Latulippe, de Renée Robitaille ;
- Le miroir, de Michel Faubert.
Beaucoup d’histoires de Diable, de mensonges et de tromperies, de la magie et de la sorcellerie, un peu d’amour… de l’émerveillement sans cesse. Des conteurs actuels pour des contes traditionnels ou comment faire du neuf avec du vieux. On ressent les origines des légendes québécoises : débarquées du Vieux Continent, on retrouve des traces de nos contes européens, mais elles sont enrichies par les traditions amérindiennes. L’Invisible, par exemple, évoque clairement une Cendrillon transportée chez les Indiens micmac.
Ces récits sont des délices auditifs grâce à la profondeur du québécois. Pas seulement lié à leur accent unique, mais également à leur vocabulaire et à leur langue si imagée.
L’enregistrement est parfait. Les voix sont claires et ne trébuchent pas. L’accompagnement sonore – quand il est là – se fait discret : ouverture et fermeture de la plupart des contes, propre à chacun, de rares bruitages. Il accompagne et rehausse vraiment délicatement le plus important : la narration.
Rose Latulippe est particulièrement envoûtante. J’ai été ensorcelée par Renée Robitaille, figée devant la danse effrénée de Rose et du Diable. J’ai vu Rose, éclatante, passée de cavaliers en cavaliers jusqu’à ce grand inconnu, j’ai vu briller son regard, j’ai vu son rictus, j’ai ressenti la morsure qu’il a donné à Rose, j’ai vu le parquet exploser. J’ai vu. Avec mes oreilles.
L’ours des rosiers est une sorte de Belle et la Bête. Parce que le père, après être allé à la grande ville, a osé cueillir une fleur pour sa cadette, celle-ci, la petite Nichouette, doit épouser un ours, propriétaire du massif en question. Une bête, une fleur, trois filles et leur père, un voyage, un mariage… La Belle et la Bête. Cette légende m’a séduite par sa conteuse. J’ai adoré le ton chantant, rythmé et rimé de Nadine Walsh.
Une pépite Ouï’Dire. La découverte des légendes d’un pays. Et la magie des contes qui, par de simples mots, donne à voir et à ressentir.
Pour écouter un extrait, rendez-vous sur le site des éditions Ouï’Dire.
« C’est pas cher, pis, j’fais du crédit… Profite maintenant, paie plus tard… Gratis de ton vivant, paiement à ta mort… »
Ti-Fine, la femme plus rusée que le diable, Alexis Roy
« Le jour, c’est un ours. Le soir, c’est un prince… Le jour, une bête, le soir, un homme… une autre sorte de bête… »
L’ours des rosiers, Nadine Walsh
Contes traditionnels du Québec, collectif de 8 conteurs. Ouï’Dire, coll. La puce à l’oreille, 2014. 1h.