Des souris et des hommes, de John Steinbeck (1937) et son adaptation au cinéma par Gary Sinise (1992)

Le retour du rendez-vous « Les classiques, c’est fantastique » après une pause en juillet ! En août, le thème était les classiques et leurs adaptations au cinéma et en bande-dessinée. Pas de bulles pour moi et un seul duo livre/film. Ce n’était pas les idées qui manquaient, mais août n’est jamais une période de grosse lecture pour moi.

Les classiques c'est fantastique : de l'écrit à l'écran en passant par les

Le livre…

Pendant la Grande Dépression, George et Lennie se vendent comme saisonniers dans les ranchs. La débrouillardise de George et la force impressionnante de Lennie contrebalancent le lourd handicap mental de ce dernier, même s’il est coutumier des ennuis. Cela n’empêche pas les deux amis de partager un rêve : celui d’une petite ferme, d’un lopin de terre à eux, de liberté et de lapins.

J’ai été scotchée par ce roman extrêmement court. Il a beau être bref, il est surtout d’une efficacité redoutable. La narration est d’une grande simplicité et un peu sèche : des dialogues, des actions, et voilà comment naissent les protagonistes de cette histoire. Slim, Curley, Candy, Crooks, et bien sûr Lennie et George.
Le récit ne se perd pas en introspection : les pensées et sentiments intérieurs sont tus, mais la tranquillité, l’espoir, la rancœur, la tristesse, la solitude, la hargne se dessinent malgré tout avec une clarté magnifique. Les personnages ont ainsi une profondeur et une richesse sublimes qui font que six chapitres se révèlent amplement suffisants pour s’attacher à un certain nombre d’entre eux.

L’amitié du duo, profonde, sincère, est tout simplement bouleversante, à l’image du rêve – promesse illusoire d’une vie meilleure – qu’ils s’offrent et qu’ils partagent parfois avec un tiers. Au milieu de la rudesse, de la violence, de la solitude, leur affection mutuelle est un îlot salvateur. Les mots qui racontent leur futur idéalisé reviennent, leitmotivs qui colorent les lendemains à venir, qui gonflent les âmes d’un espoir invincible. Cependant, le rêve américain restera chimérique pour ces gens humbles et malmenés par la situation économique.

Évidemment, la tragédie qui se dessine dès le début étreint le cœur. La tension monte tranquillement tout au long du roman conduisant vers une fin inévitable et terrible, mais pleine de justesse également. Impossible de ne pas être broyée face à l’injustice – envers les handicapés mentaux comme physiques et les Noirs – qui transpire tout au long du roman.

C’est simple et franc.
C’est déchirant.
C’est brillant et sublime.

« – Les types comme nous, qui travaillent dans les ranches, y a pas plus seul au monde. Ils ont pas de famille. Ils ont pas de chez soi. Ils vont dans un ranch, ils y font un peu d’argent, et puis ils vont en ville et ils le dépensent tout… et pas plus tôt fini, les v’là à s’échiner dans un autre ranch. Ils ont pas de futur devant eux.
Lennie était ravi.
– C’est ça… c’est ça. Maintenant, raconte comment c’est pour nous.
George continua :
– Pour nous, c’est pas comme ça. Nous, on a un futur. On a quelqu’un à qui parler, qui s’intéresse à nous. On a pas besoin de s’asseoir dans un bar pour dépenser son pèze, parce qu’on n’a pas d’autre endroit où aller. Si les autres types vont en prison, ils peuvent bien y crever, tout le monde s’en fout. Mais pas nous.
Lennie intervint.
– Mais pas nous ! Et pourquoi ? Parce que… parce que moi, j’ai toi pour t’occuper de moi, et toi, t’as moi pour m’occuper de toi, et c’est pour ça.
Il éclata d’un rire heureux.
 »

« – C’est un brave type, dit Slim. Y a pas besoin d’avoir de la cervelle pour être un brave type. Des fois, il me semble que c’est même le contraire. Prends un type qu’est vraiment malin, c’est bien rare qu’il soit un bon gars. »

Des souris et des hommes, John Steinbeck. Éditions Gallimard, 1963 (1937 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (États-Unis) par Maurice Edgar Coindreau. Dans un recueil de quatre romans, pages 7 à 87.

… et le film.

J’ai ensuite enchaîné avec le film de 1992 dans lequel le rôle de George est interprété par Gary Sinise et celui de Lennie par John Malkovich. C’est une adaptation très fidèle, presque mot pour mot. Les quelques modifications sont minimes, même si je trouve dommage d’avoir supprimé l’extrême fin du roman, nouvelle preuve de la compassion et de l’intelligence de Slim. J’ai également trouvé la femme de Curley moins agaçante que dans le livre, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose : Sherilyn Fenn, qui a notamment joué dans Twin Peaks, donne bien corps à sa solitude dans ce ranch. Les autres acteurs sont très bons également, laissant affleurer sur le visage les émotions qui les traversent (la métamorphose de Candy est franchement touchante).
Le film est bon, poignant et bien joué, mais il reste classique et je lui ai préféré l’efficacité sobre du roman.  

 (Il existe également une adaptation de 1937 avec entre autres Lon Chaney Jr, mais je n’ai pas pu mettre la main dessus.)

Des souris et des hommes, réalisé par Gary Sinise, avec Gary Sinise, John Malkovich, Sherilyn Fenn, Casey Siemaszko… Film américain, 1992. 1h46.

Des souris et des hommes

The Case of Beasts (VF : La valise des créatures), de Mark Salisbury (2016)

Explorez la magie du film Les animaux fantastiques ! Rencontrez Newt, Tina, Queenie et Jacob. Découvrez le MACUSA, le Blind Pig et les rues de New York. Confrontez-vous aux Second Salemers qui tenteront d’exfiltrer la magie qui est en vous ! Et surtout apprenez à connaître toutes les créatures fantastiques qui se cachent dans la valise de Newt.

The case of beasts (couverture)

Je ne suis pas particulièrement sensible au marketing à outrance, certains livres publiés à l’occasion de la sortie des Animaux fantastiques ne m’intéressaient absolument pas. En revanche, je ne peux pas en dire autant des beaux-livres et des belles éditions. Et celui-ci était le premier sur ma liste même si j’ai un peu traîné avant de me l’offrir. Petite précision : je crois qu’il est aujourd’hui indisponible en français, il l’était en tout cas quand j’ai acheté le mien, voilà pourquoi je l’ai pris en anglais (et aussi parce que les trois quarts de mes livres sur Harry Potter sont en anglais) pour un prix extrêmement raisonnable pour le coup.

A l’instar des beaux-livres sur Harry Potter, celui-ci est magnifique. L’objet est tout simplement sublime. La couverture, la typographie, les images, le papier… Aucun doute, l’ouvrage est soigné. Un travail de qualité, signé MinaLima. C’est un plaisir de le lire petit à petit, de découvrir les artefacts (affiches « Wanted », tracts, formulaires du MACUSA…) qui se cachent entre ses pages, de scruter chaque détail des illustrations, croquis et autres photographies.

Les différentes parties s’enchaînent avec logique, en suivant le film : Newt, ses trois compères, New York, MACUSA, New Salem Philanthropic Society, The Blind Pig, les dernières scènes du film et last but not least la valise de Newt et ses habitants. J’ai particulièrement aimé les quatre pages détaillant la création des animaux fantastiques, de travail d’imagination au rendu final.

 

Les textes sont passionnants, riches d’informations, on apprend de nombreux détails sur les différentes étapes de la de la réalisation du film. A travers ce livre, on constate une fois encore la minutie du travail des différentes équipes du film et du soin apporté à des détails invisibles à l’écran. Je suis à chaque fois époustouflée et abasourdie. Un exemple ? Dans les bureaux du journal de Shaw Sr., chaque bureau est décoré d’une manière différente en fonction de s’il appartient au chroniqueur sport, art, news, etc. Décoré en surface évidemment, mais aussi dans les tiroirs des bureaux. Tout ça pour un lieu qui apparaît dans une scène. C’est dingue… J’ai aussi découvert avec surprise qu’ils avaient reconstruit New York aux studios de Leavesden, leur plus grand décor à ce jour (une visite, une visite, une visite !).

Parce que quelques photos seront plus parlantes que des mots…

 

Particulièrement complet et agréable à lire, c’est un ouvrage magnifique. Une petite pépite que je vous recommande chaudement.

The Case of Beasts (VF : La valise des créatures), Mark Salisbury. Editions HarperCollins, 2016. 160 pages.

Le Petit Prince, de Mark Osborne (2015)

  • Deux mots sur le livre…

Le fabuleux livre d’Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince. Ce livre, que j’ai découvert relativement tardivement, fait aujourd’hui partie de mes favoris. De ceux que je peux relire sans me lasser. Je suis fascinée par son double sens, la double interprétation qu’il propose. L’écriture enfantine et l’une histoire onirique du premier abord se transforme rapidement en un conte philosophique qui aborde les difficiles questions de l’amitié, de l’amour, de la mort, des hommes, de leur vanité ou leur avarice, de la manière dont nous abordons le monde au quotidien.* Tantôt fascinée par la poésie qui se dégage de ses pages, tantôt plongée dans une réflexion, j’aime l’aborder d’une manière ou d’une autre.

Le petit prince (édition pop-up Gallimard)

L’édition pop-up de Gallimard est tout simplement magnifique. En mettant en relief toutes les aquarelles d’Antoine de Saint-Exupéry, elle nous fait entrer plus en avant dans ce monde et prolonge la magie du récit. J’adore les livres animés et celui-ci est particulièrement réussi à mon goût.

*Pour aller plus loin, je vous propose de lire la critique de Nastasia-B sur Babelio. Je la trouve à la fois intelligente et passionnante. Elle m’a permis d’approfondir ma lecture sur certains points.

  • … Et sur le film.

« C’est l’histoire d’une histoire.

C’est l’histoire d’une petite fille, intrépide et curieuse, qui vit dans un monde d’adultes.

C’est l’histoire d’un aviateur, excentrique et facétieux, qui n’a jamais vraiment grandi.

C’est l’histoire du Petit Prince qui va les réunir dans une aventure extraordinaire. »

Le Petit Prince (affiche)

L’histoire du Petit Prince est mise sur la route d’une petite fille par son vieux et étrange voisin, l’aviateur. Obnubilée par ses études et la grande académie Werth, poussée par sa mère, elle est devenue une adulte avant l’âge et ne sait plus s’amuser. Si elle prend tout d’abord les fantaisies de son voisin pour des rêves idiots et une perte de temps, elle est peu à peu fascinée par l’histoire du Petit Prince que lui fait lire l’aviateur. Elle plonge dans une aventure fabuleuse qui lui permettra de retrouver le chemin de l’enfance.

Deux techniques se côtoient dans ce film d’animation : l’animation en CGI pour l’histoire et le monde de la petite fille et en stop-motion pour ceux du Petit Prince. Le stop-motion est vraiment une bonne idée. Outre le fait qu’il permet de distinguer les deux univers, ce côté « artisanal » se rapproche des aquarelles du livre. Seize minutes seulement en stop-motion, mais seize minutes de pure poésie.

Je dois toutefois diviser le film en deux parties. La première comprend la rencontre entre la petite fille et l’aviateur, leur amitié et l’histoire du Petit Prince. Dans la seconde, la petite fille part à la recherche du Petit Prince et le découvre sur une planète régie par le businessman. Devenu adulte, il semble avoir tout oublié. Le jaune et la lumière régnaient dans la première moitié ; le gris et l’obscurité sont devenus les maîtres dans la seconde.

J’ai adoré les deux. Mais j’ai adoré la première partie sans concession car on retrouve, on « relit » Le Petit Prince. Néanmoins, la seconde, bien qu’imaginée par les créateurs du film, est nécessaire pour arriver à la pleine compréhension et acceptation de l’histoire par la petit fille (notamment la mort). Elle est très belle, mais elle m’a parue plus lisse, plus classique que la première partie. De plus… Le happy-ending s’éloigne un peu trop de la fin voulue par Antoine de Saint-Exupéry. La fin du livre est beaucoup plus émouvante que celle du film.

Malgré ces légers bémols, ce qui fait la force de ce film, c’est sa beauté et son émotion. On peut lui reprocher de reléguer au second plan l’histoire d’Antoine de Saint-Exupéry, mais cela ne m’a pas dérangé. Elle est bien intégrée dans l’histoire de ces autres personnages. Il y a des séquences vraiment touchantes. Et on retrouve la matière à réflexion proposée par le livre.

Un film d’animation à la fois beau et poétique, avec un énorme coup de cœur pour les séquences en stop-motion !

Whiplash, de Damien Chazelle, avec Miles Teller et J.K. Simmons (Etats-Unis, 2014)

Whiplash afficheWhiplash, c’est l’histoire d’Andrew, un jeune batteur qui intègre le Shaffer Conservatory, prestigieuse école de musique, et l’orchestre de Terence Fletcher, un despote exigeant le meilleur de ses élèves. Humiliations, souffrances physiques et psychologiques, coups bas, le chemin de l’excellence est douloureux.

Whiplash J.K. SimmonsLes deux acteurs principaux sont fabuleux. Miles Teller se donne à fond sur sa batterie (puisqu’il y effectue une bonne partie des séquences musicales, environ 70%) et confère à cet étudiant un portrait en mille nuances : tantôt décidé, tantôt accablé, tantôt honnête, tantôt prêt à tout pour être le meilleur. En face de lui, J.K. Simmons est Terence Fletcher. Crâne rasé, regard clair et glacial, il hurle ses injures avec ses tripes. Toutefois, derrière le tyran manipulateur, se cache une blessure, la perte d’un élève promis à une carrière exceptionnelle.

La réunion des deux est fantastique et terrible. Passant avec aisance d’une relation de confiance élève/professeur à un véritable combat, Whiplash Miles Tellerils nous coincent entre eux, nous étranglent, nous étouffent.

Jusqu’où peut-on aller dans la recherche de la perfection ? Celle-ci autorise-t-elle, nécessite-t-elle harcèlement moral et physique ? Damien Chazelle, à travers cette histoire autobiographique (bien que lui ait abandonné la batterie, traumatisé par un professeur), ne tombe pas dans les clichés. Pas de gentils et de méchants, la question est plus délicate. Réussite, dépassement de soi, souffrance, satisfaction, exigence, comment apporter une réponse tranchée ? A chacun de se faire une opinion…

Whiplash J.K. SimmonsEt, sans être une grande amatrice de jazz, ce film offre des séquences où l’on souhaiterait trépigner davantage, les mains se mettent à marquer le rythme, les pieds à tressauter. Ce n’est pas un film pour les spécialistes, tout le monde peut apprécier les morceaux joués, répétés encore et encore. Mais ceux qui « n’aiment pas le jazz » peuvent apprécier Whiplash.

Une grosse claque qui m’a collée au siège pendant près de deux heures. Ce film nous attrape et ne nous lâche plus. Alternant plans serrés sur les visages en souffrance, gros plans sur les instruments qui deviennent des objets magnifiques, Damien Chazelle nous fait ressentir les efforts et les douleurs des musiciens. Le sang ruisselle sur les baguettes, la sueur sur les fronts, le jazz est un sport. Une lutte. Parfois oppressante. Les quinze dernières minutes, haletantes, violentes, m’ont achevée.

Un des films les plus intenses de 2014. A voir, à écouter, à ressentir.

Whiplash Simmons et Teller

Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées, de Peter Jackson, avec Martin Freeman, Benedict Cumberbatch, Ian McKellen… (Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, 2014)

Le Hobbit 3 4 Smaug et BardAprès toutes ces bonnes critiques, je voulais quand même râler un peu contre LE blockbuster de la fin d’année 2014, à savoir l’immanquable Hobbit. Autant j’ai aimé les deux premiers, Un voyage inattendu et La Désolation de Smaug, autant le troisième, La Bataille des Cinq Armées, m’a ennuyée pendant deux heures et demie.

Première déception : voir Smaug écarté en cinq minutes (c’était bien la peine de lui faire une affiche). Smaug était la star des deux premiers volets. Objet de la quête, on le fantasmait dans Un voyage inattendu, on l’a partiellement découvert avant la sortie de La Désolation de Smaug dans lequel on le découvrait enfin dans toute sa puissance, sa majesté, sa grandeur et sa terreur. Les mimiques et la voix de Benedict Cumberbatch en ont fait bien plus qu’un simple lézard de synthèse, c’était un personnage à part entière. Avec Bilbo, c’était le personnage qui m’intéressait et m’importait le plus. Et là, il meurt – comme prévu, certes – au bout de cinq minutes. On a un peu l’impression d’avoir été manipulés. Ces cinq minutes auraient très bien pu trouver leur place à la fin du deux. Différence minime entre 161 ou 166 minutes de film. Mais ces millions de spectateurs – dont je fais partie – seraient-ils allés voir le trois s’ils n’avaient pas la curiosité de savoir comment Smaug allait se débrouiller, quels ravages il allait causer ? J’en doute.

Donc voilà, Smaug meurt. Que se passe-t-il pendant les innombrables minutes restantes ?

Thorin (Richard Armitage) est de plus en plus casse-bonbon. Ses retournements intérieurs, que ce soit sa folie ou son retour à la raison, sont tellement rapides qu’ils sont improbables à mes yeux. Sa mort, cheveux au vent dans le soleil couchant, est d’un convenu affligeant tout comme la « résurrection » d’Azog après sa mort par noyade.

Legolas (Orlando Bloom), toujours avec ses drôles d’yeux flippants, est exaspérant et devrait se prendre une baffe à chaque fois qu’il ouvre la bouche. Et je suis d’accord, les Elfes sont puissants, terriblement agiles, mais… sauter sur des rochers qui s’effondrent comme sur des marches d’escalier, ce n’est pas un peu too much ?

Tauriel (Evangeline Lilly) et Kili (Aidan Turner) sont à vomir. Les longs plans sur leurs visages larmoyants sont à mourir de rire. Tauriel, dont j’avais salué l’apparition, personnage féminin libre et fort, me déçoit depuis qu’elle est tombé amoureuse de ce nain, certes très sympathique, mais tout de même. Pourquoi tout personnage féminin doit être protagoniste d’une histoire d’amour et, si possible, d’un triangle amoureux ? Dès le moment où elle rencontre Kili, son seul but est de sauver Kili. Elfe sylvestre, la voilà aussi libre qu’un Elfe de maison… Et l’interprétation d’Evangeline Lilly laisse vraiment à désirer. Beaucoup de mimiques, beaucoup de fausseté, je n’ai pas cru une seule seconde ni à son amour, ni à sa douleur.

Alfrid (Ryan Gage), le serviteur du maître de Lacville, avide et peureux, n’est qu’une pâle copie de Grima « Langue-de-Serpent » (Brad Dourif) dans la trilogie du Seigneur des Anneaux et ne fait pas rire alors que c’est bien la seule raison de sa présence. Le duel entre Galadriel (Cate Blanchett) et le Nécromancien/Sauron (voix de Benedict Cumberbatch) est très exagéré avec des effets spéciaux ridicules. Gandalf (Ian McKellen) est bien gentil, mais qu’est-ce qu’il apporte dans ce film ?

Heureusement que Martin Freeman est là. Malgré ses pieds de plus en plus énormes, Bilbo est le seul que j’ai eu plaisir à voir, le seul qui m’a réellement convaincue. Malgré sa relative inutilité dans cet opus, sa bouille suffit à me fait plaisir. Et son mélange d’intelligence et de gaucherie me séduit depuis Un voyage inattendu.

La Bataille des Cinq Armées porte bien son titre. Ce n’est qu’une interminable bataille. Le spectateur voyageait à travers des paysages majestueux dans les premiers, le voilà sur un champ de guerre boueux et inesthétique. Les décors n’ont aucun intérêt. Champ de bataille parcouru par des créatures immondes dont la présence m’a laissée perplexe : pourquoi les « mange-terre » qui apparaissent trente secondes et qui n’apportent rien ? Cela me rappelle les cochons de combat des nains : était-ce une obligation de leur fournir des montures aussi risibles ?

La poésie du début de la trilogie ? L’humour ? Disparus, enterrés.

A la place des plans ampoulés et des paroles vides. A mille reprises, le spectateur est sans doute censé se trouver pris aux tripes, les larmes aux yeux, par la profondeur des phrases lancées d’un air inspiré et sage par tous les personnages, mais j’ai simplement été partagée entre un long bâillement et un éclat de rire devant leur vacuité et leur pathétisme.

J’ai beaucoup ri devant un résumé trouvé dans le magazine Illimité si je ne me trompe pas. Je vous le donne :

« Et si le dragon Smaug était le cœur qui fait battre la trilogie du Hobbit [sans aucun doute… dans les deux premiers films, jusqu’à son éviction impitoyable dans les cinq minutes introduisant le troisième], à la manière de son cousin Gollum devenu plus mythique que Frodon [heureusement…] ? Dans ce cas, La Bataille des Cinq Armées, centré sur sa terrible vengeance [avez-vous vu le film ?], est sans conteste le film le plus excitant de la saga [dans quelle langue répétition, ennui et platitude sont-ils synonyme d’excitation ?], vouée à s’éteindre avec lui [et on oubliera cette fin]. »

Un film de bourrins, sans poésie, sans subtilité, sans intérêt. La pire fin possible pour la trilogie du Hobbit. A oublier. A enterrer.