Mini-critiques : un recueil de nouvelles, un album et une BD

Je vous propose trois petites chroniques sur mes dernières lectures un peu miton-mitaine de 2022 : certaines m’ont davantage plu que d’autres, mais aucune n’est exempt de points négatifs alors qu’il y a une autrice et un scénariste que j’affectionne tout particulièrement (personne n’est infaillible !). C’est parti pour le tour des qualités et des défauts de 600 jours d’Apocalypse, Tout un monde d’animaux et Mauvais sang.

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600 jours d’Apocalypse,
de Rozenn Illiano
(Oniro Prods, auto-édition, 2019)

600 jours d'Apocalypse (couverture)Une nouvelle lecture du Grand Projet dans ma besace avec ce recueil de nouvelles qui complètent la série Town et le roman Onirophrénie également lus en 2022. Un livre compagnon qui nous fait retrouver Élias, Oxyde, Francesca, Saraï (personnage d’Elisabeta), Ana, Chester et Lili et Lucifer.

C’est un livre sympathique car il est toujours agréable de côtoyer un peu plus longtemps des personnages que l’on affectionne ; ce petit tour des différents protagonistes permet de mieux ressentir leur vécu de cette catastrophe, de les fréquenter le temps d’un instant, un épisode de vie pendant ces six cents jours dévastés. Cependant, je pourrais le qualifier de dispensable malgré tout, Town se suffisant à elle-même. Ce n’est à mon avis pas un livre pour découvrir l’univers de Rozenn Illiano à mon goût et plaira plutôt aux lecteurs et lectrices de Town (au minimum).
Je ne suis pas friande de nouvelles : pour réellement me plaire, elles doivent être particulièrement impactantes et rares sont les auteurs et autrices à parvenir à me convaincre inconditionnellement (même si j’aime leurs œuvres à côté de ça). Ici, les premières ne me marqueront guère, et j’ai noté une certaine redondance dans les descriptions des paysages apocalyptiques qui a légèrement gâché mon plaisir.

Je retiendrai néanmoins deux textes que j’ai vraiment appréciés.
Tout d’abord, la nouvelle « Au bout de la route » avec Lili et Chester. Un moment d’apaisement et de relâchement, de plaisanterie et de confiance, sans nier la terreur alors que la fin du monde approche à grands pas. Une connivence inattendue, un lien qui se tisse même s’il semble dérisoire face au néant qui se profile à l’horizon.
Ensuite, la novella « Mille chutes » qui donne la parole à un personnage aussi mystérieux que fascinant, Lucifer. Un personnage qui reste lointain dans Town, avec des motivations aussi insaisissables que sa personne, un discours dont on ne sait le vrai du faux. Alors, certes, cette novella brise un peu ce mystère, le rendant plus accessible, plus faillible, plus humain, mais elle permet également de mieux le connaître, de mieux comprendre l’histoire millénaire qui a conduit à cette fin du monde, les intrications des personnages, les plans célestes et les luttes terrestres pour les contrer, ainsi que l’histoire de Chester.

Un ouvrage plaisant, bien que facultatif : un bonus pour prolonger un peu la route.

« Maintenant, je pense que l’amitié est une chimère. L’amour aussi, sans doute. Étrangement, ce sont les amitiés perdues qui m’ont été plus douloureuses. J’aurais voulu avoir un ami d’enfance, comme dans les histoires ou dans les films. L’ami que tu connais depuis toujours, celui avec qui tu grandis et que tu considères comme ton frère… puis au fil des années, tu ne sais plus ce que tu éprouves pour lui, tu mélanges tout, l’amitié, l’amour, le désir, mais ce n’est pas grave parce que tu sais que quoi qu’il arrive, il sera là pour t’aider à déplacer un cadavre en pleine nuit, pour te faire passer un barrage de police à la frontière ou pour t’empêcher de sauter par la fenêtre. Je regrette de ne pas avoir eu cette chance. »
(Au bout de la route)

« J’avais là une unique occasion de retrouver l’un des miens. Car j’étais seul, te souviens-tu ? Durant des siècles, j’étais seul. Je ne pouvais partager avec personne les sentiments ambivalents qui étaient les miens, la joie d’arpenter ce monde et la peine de ne pas en faire partie, l’émerveillement devant tout ce que l’humanité avait à offrir face à la douleur perpétuelle de me savoir loin du Ciel. La Matière était à la fois une bénédiction et une malédiction propres à faire perdre la tête à n’importe qui ; comment s’habituer à ces émotions qui ne cessaient jamais, alors que l’on est né sans ? Comment supporter le battement constant du cœur dans notre poitrine, et le souffle qui va et vient sans fin ? »
(Mille chutes)

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Tout un monde d’animaux : un livre-jeu Deyrolle
(Gründ, coll. Green Gründ, 2022)

Tout un monde d'animaux (couverture)Deyrolle est un cabinet de curiosité parisien (dont j’ignorais l’existence en dépit du fait que je suis passée moult fois dans la rue du Bac qui l’abrite…) et les illustrations de ce livre sont tirées de ses collections pédagogiques. Cet album présente ainsi douze planches colorées célébrant la beauté et la diversité animalières à travers différents milieux : la ferme, l’océan, le jardin, l’Afrique, etc.

Les compositions jouent sur la répétition et la symétrie et ces pages foisonnantes proposent ainsi des jeux de cherche et trouve, d’éléments à compter, d’intrus à repérer, etc., sans compter le temps simplement passé à tout regarder pour ne pas en oublier.
Certaines pages sont extrêmement harmonieuses et agréables à détailler – on les exposerait bien ! – tandis que d’autres sont, à mon goût, un peu moins heureuses en terme de présentation (celles sur les poils, plumes et écailles par exemple, alors que le principe de reconnaissance « à qui cela appartient-il ? » est particulièrement ludique et plaisant.
Sur la page de gauche, un texte rapide introduit la planche tandis que quelques approfondissements – diverses informations sur les animaux représentés – sont offerts en fin d’ouvrages avec les solutions.

Une jolie découverte, ne serait-ce que pour quelques pages particulièrement esthétiques.

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Mauvais sang,
de Loïc Clément (scénario) et Lionel Richerand (dessin)
(Delcourt jeunesse, 2022)

Mauvais sang (couverture)

Issue de la collection des Contes des cœurs perdus, cette bande-dessinée raconte l’histoire de Tristan Tenebrae, vampire coincé depuis mille ans dans un corps d’enfant en proie à d’incommensurables angoisses. Du moins jusqu’à sa rencontre avec la famille Lux… Seconde histoire de vampire de la collection après Chaque jour Dracula, je dois avouer que ni l’histoire ni les illustrations n’ont su me convaincre.

L’intrigue et la narration tout d’abord. Certes, les doutes, inquiétudes et autres terreurs de Tristan sont touchantes et bien rendues dans ce qu’elles ont d’oppressantes et d’abrutissantes. Certes, l’histoire est intelligente, racontant le stress, le confort des habitudes, la solitude, prônant la différence, les familles de cœur quand celles de sang sont défaillantes et la confiance en soi. Néanmoins, le déroulé de l’histoire est beaucoup trop facile, rapide et sans surprise, me faisant nettement ressentir que je ne suis pas forcément le premier public de cet ouvrage (j’avais eu le même sentiment avec Chaque jour Dracula d’ailleurs). De même, la morale finale m’a parue lourde, assénée d’un bon coup de marteau au cas-où elle nous aurait échappé. (De plus, j’étais lassée presque avant de la rencontre de cette énième famille fantasque.)
Quant aux illustrations, je leur reconnais des qualités également : elles sont riches en détails et en clins d’œil, incitant à prendre son temps pour les détailler. Cependant, le trait de Lionel Richerand que je découvre ici n’est tout simplement pas à mon goût, notamment au niveau des couleurs trop ternes et des visages, ce qui m’a plus d’une fois interpellée et sortie de ma lecture (la couverture ne mentait pas à ce niveau-là…).

Ce n’est donc pas le meilleur opus de la série : si je lui reconnais diverses qualités, les défauts ont davantage imprégné mon ressenti vis-à-vis de cette lecture.

C’est le 1er, je balance tout ! # 54 – Juin 2021

c-est-le-1er-je-balance-tout-banniere-bicolore-sapinRimant avec « C’est lundi, que lisez-vous ? », ce sympathique rendez-vous a été initié par Lupiot du blog Allez vous faire lire. Il permet de revenir sur le mois écoulé à travers quatre points :

  • Le Top et le Flop de ce que l’on a lu le mois dernier ;
  • Une chronique d’ailleurs lue le mois dernier ;
  • Un lien adoré le mois dernier (hors chronique littéraire) ;
  • Ce que l’on a fait de mieux le mois dernier.

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  1. Le Top et le Flop de ce que j’ai lu le mois dernier.

Romans

Lectures graphiques

Non fiction

Côté Top… J’ai beaucoup aimé Le discours de Fabrice Caro. J’en reparlerai dans quelques jours avec une flopée de mini-chroniques, mais j’ai adoré ce ton entre humour et mélancolique, ce personnage quelque peu désabusé. Le film est d’ailleurs à la hauteur du bouquin et m’a fait passer un excellent moment également !

Côté Flop… Aucun doute, Chroniques d’Espérance de Lobo Grant est le flop du mois, du début d’année, probablement de 2021 (du moins, j’espère qu’il n’y aura pas de plus mauvaise lecture…). Un échec catastrophique et une chronique si négative que j’ai presque eu des scrupules à l’écrire.

Ces livres que je ne critiquerai pas davantage

Lignes de faille, de Nancy Huston (2006)

Lignes de faille (couverture)Une histoire de famille à quatre voix qui nous fait remonter le temps, chaque partie étant narrée par un enfant de six ans, le suivant étant à chaque fois un parent du précédent.
Je dois avouer que cette lecture n’avait pas très bien commencée car je n’ai eu aucune affection pour le premier gamin, narcissique et malaisant. Ses obsessions sexuelles malsaines avaient sûrement un rôle dans l’histoire, mais elles m’ont essentiellement parues non crédibles, exagérées et rebutantes. J’ai failli abandonner la lecture avant de décider d’accorder une chance aux autres.
Et la suite s’est heureusement améliorée, les autres enfants ne montrant pas les mêmes penchants que le petit dernier de la lignée. Des secrets de famille sont mis en place avant d’être progressivement éclairés par les chapitres suivants. Ces regards d’enfants ne comprennent pas toujours le monde des adultes qu’ils examinent (bien que leur réflexion soit parfois très mature), mais laissent échapper des indices pour notre compréhension. C’est un roman sur la filiation, sur le deuil, sur la manière dont se transmettent les souffrances. Quatre générations d’enfants solitaires, qui observent leurs parents avec envie et espoir. Le passé et le futur s’entremêlent, modelant les adultes en devenir et leur descendance.
Une chronique un peu foutraque, à l’image de mon ressenti face à cette lecture. Si je n’ai pas été bouleversée ou marquée comme d’autres lecteur·rices, j’y ai trouvé une construction intéressante et réussie, ainsi que quelques images fortes (comme celle de ce grain de beauté transmis de génération en génération, marque de naissance avec laquelle chaque porteur et porteuse entretient des relations très différentes) et une découverte d’un pan du IIIe Reich.

Le silence est d’ombre, de Loïc Clément (scénario) et Sanoe (dessin) (2020)

Le silence est d'ombre (couverture)Dernière parution en date des Contes des cœurs perdus, cette bande-dessinée relate une histoire poétique et touchante. Amun, après une existence pleine de souffrance, craint la vie comme beaucoup craignent la mort. Comme l’on peut craindre la vie, même vivant, d’ailleurs… C’est peu bavard, c’est fin, c’est bouleversant.
Les planches de Sanoe sont à tomber tant leurs couleurs sont lumineuses et profondes, sublimées par le contraste avec le gris des personnages. Je découvre son trait avec cet ouvrage et ce graphisme magnifique est la grande découverte de cette lecture (parce que je savais déjà que Loïc Clément était coutumier des intrigues intelligentes, philosophiques et sensibles).

Un jour, j’ai perdu les clefs de chez moi… alors je suis partie faire le tour du monde, de Mademoiselle Smoothie (2021)

Un jour j'ai perdu les clés de chez moi... (couverture)Le résumé promettant que « grâce à ses carnets de voyage, vous partirez à la découverte de trente pays différents », je m’attendais à un carnet de voyage. Or, il s’agit en réalité d’un recueil de citations. Certes, je note parfois des citations, des extraits de romans, des mots qui me parlent particulièrement, mais je ne suis pas très intéressée par les livres qui les recensent.
Ici, ça parle de bonheur, de rêves, de joie de vivre (et de voyage parfois). Or, étant du genre anxieuse, pleine de doutes et de paniques, cette accumulation de jolies phrases me disant que la joie et l’optimisme ne sont qu’un choix m’a bien lassée. Parce que j’aimerais bien, j’ai essayé souvent, mais mon cerveau refuse de suivre cette voie de l’insouciance.
(En outre, parmi ces citations, l’une d’entre elles revient deux fois et l’on trouve deux citations célèbres mais apocryphes (c’est-à-dire attribuées à tort à quelqu’un) : « Mais alors, dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? » (Clémentine Beauvais avait écrit un excellent article à ce sujet) et « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire » associée à Voltaire.)
Les dessins qui accompagnent les citations sont plus que minimalistes avec un trait simple et des aplats de couleurs. Certains sont poétiques, mais le tout avait malgré tout un goût de trop peu.
Outre le fait que le lien entre les citations, les illustrations et les pays ne soit pas toujours franchement évident ou pertinent, on ne voit des contrées « visitées » que quelques éléments incontournables et sans surprise : un torii japonais, un panda chinois, Big Ben pour l’Angleterre… Personnellement, ça n’a pas suffi à me faire voyager.
J’ai donc trouvé ce petit livre décevant et trop léger, du moins si l’on a dans l’idée de s’émerveiller face à un carnet de voyage. De plus, je reconnais que le côté « inspirant et optimiste » n’est sans doute pas une branche qui me parle suffisamment…

Côté challenges…

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  1. Une chronique d’ailleurs lue le mois dernier.

J’ai passé assez peu de temps devant mon ordi, donc les points 2 et 3 vont être assez rapides car je n’ai pas grand-chose à partager.

Si mes dernières excursions avec Jules Verne n’ont pas été fantastiques, je ne baisse pas les bras et je pense que j’ai trouvé ma future lecture grâce à PatiVore et Ça sent le book qui parle toutes deux d’un titre méconnu, Le Chancellor.

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  1. Un lien que j’ai adoré le mois dernier (hors critique littéraire).

J’ai découvert le blog du Bazar du Renard et, en fouillant parmi ces chroniques, je suis tombée sur celle de l’adaptation du Petit Prince. Il propose une analyse creusée et pertinente qui, en plus d’être très intéressante, m’a donné envie de le revoir.

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  1. Ce que j’ai fait de mieux le mois dernier (ou les petits bonheurs, c’est déjà bien).

 Retour dans les salles obscures pour y voir The Father et Le discours ! Le premier est vraiment bouleversant, passionnant dans sa construction et porté par un Anthony Hopkins et une Olivia Colman au top, tandis que le second est, comme je l’ai déjà évoqué, très fidèle au roman, mêlant avec justesse le cocasse et la mélancolie dans le regard porté sur la vie, les gens, la famille…

Sinon en vrac :
– un amigurumi terminé,
– une belle récolte de cerises,
– beaucoup de temps en famille,
– un escape game en vrai dans lequel nous avons eu une chance incroyable,
– et pas mal de temps passé à observer mes plantations notamment mes gigantesques plants de tomates cerises !

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Et vous, quels ont été vos meilleurs moments en juin ?
Avez-vous des projets pour l’été ?
Sur ce, je vous souhaite un beau mois de juillet !

Parenthèse 9ème art – Les Ogres-Dieux, Le voleur de souhaits, Loup et Géante

Une nouvelle fois, un petit melting-pot de bandes-dessinées lues le mois dernier !

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Les Ogres-Dieux (4 tomes),
d’Hubert (scénario) et Bertrand Gatignol (dessin)
(2014-2016)

Dans un monde dirigé par des géants dévoreurs de chair humaine et abrutis par des siècles de consanguinité, voici l’histoire de Petit qui, né de géants, est juste un peu plus grand qu’un humain, de Yori, enfant illégitime qui se dressera sur la plus haute marche de la hiérarchie humaine, de Lours qui tentera de réveiller les humains et d’abolir la domination sanglante des géants et de Première-née qui tentera d’éduquer sa famille.

Dans ce monde sanguinaire aux classes sociales très marquées, ça parle de la famille, de l’hérédité, de la prédestination et de la possibilité d’échapper aux liens du sang, des tentatives de certaines femmes pour éduquer leur famille. Bref, plein de thématiques, mais surtout des intrigues prenantes et brutales. Coup de cœur pour ces histoires sombres, dans une ambiance gothique, sublimées par un noir et blanc maîtrisé. Le trait de Gatignol nous fait nous sentir tout petit dans ces décors titanesques tout en faisant affleurer les émotions dans les yeux si noirs et sur les visages si pâles de ses personnages.
Évoquons également les textes romancés sur des grands personnages de chaque famille qui entrecoupent les BD et permettent d’en savoir davantage et d’approfondir l’univers et l’héritage des protagonistes. Que du bonus !
Violents, magnifiques, dérangeants, dynamiques, fascinants, des contes à dévorer !

Les Ogres-Dieux, Hubert (scénario) et Bertrand Gatignol (dessin). Éditions Soleil, coll. Métamorphose.
– Tome 1, Petit, 2014, 174 pages ;
– Tome 2, Demi-sang, 2016, 152 pages ;
– Tome 3, Le grand homme, 2018, 188 pages ;
– Tome 4, Première née, 2020, 156 pages.

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Le voleur de souhaits,
de Loïc Clément (scénario) et Bertrand Gatignol (dessin)
(2017)

Le voleur de souhaits (couverture)Tout en retrouvant par hasard Bertrand Gatignol, je continue l’exploration des Contes des cœurs perdus de Loïc Clément (après Chaussette, Chaque jour Dracula et Jeannot). Et celui est celui qui m’aura le moins convaincue.

Félix, en détournant la formule « A tes souhaits », se fait voleur et collectionneur d’un genre particulier : ses trésors, ce sont les souhaits des gens qu’il croise. Jusqu’à sa rencontre avec Calliope où tout ne se passe pas comme prévu au moment de la capture de souhait…

Certes, c’est une histoire poétique et gentiment philosophique qui aurait pu être très réussie. Sauf que.
Premièrement, j’ai trouvé cette bande-dessinée beaucoup trop rapide : on en fait le tour très rapidement et j’ai trouvé qu’elle manquait réellement de consistance. Ce n’est pas une question de nombre de pages car les trois titres cités ci-dessus n’étaient pas plus longs, mais l’intrigue avait une profondeur autre.
Deuxièmement, j’ai été dérangée par le déroulement de l’histoire : celle-ci commence dans une cantine où le service est assuré par des « dames de cantine », ce qui met en scène un héros assez jeune (je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, le service à table s’est arrêté à la fin de la primaire). Sauf qu’on voit Félix et Calliope faire leur vie comme des grands (pas d’adultes à l’horizon), la seconde s’installant même dans l’appartement du premier, et [spoiler] finalement décider de « passer ensemble le reste de leurs jours », une pensée assez mature, non ? Bref, drôle de contraste entre le début et la fin, la cantinière et leurs actions, la malice enfantine du Félix des premières pages et leurs préoccupations à deux. C’est peut-être un détail, mais qui m’a perturbée et n’a cessé de m’interroger au fil de ma lecture, ce qui m’a totalement empêchée de m’attendrir pour les personnages ou d’accrocher à l’histoire.

Peut-être que je ne suis vraiment pas le meilleur public pour cette bande-dessinée, mais je reste dubitative entre cette temporalité étrange et une certaine superficialité pour ce qui est du fond de l’histoire.

Le voleur de souhaits, Loïc Clément (scénario) et Bertrand Gatignol (dessin). Delcourt, 2017. 34 pages.

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Loup,
de Renaud Dillies
(2017)

Loup (couverture)Loup est amnésique. Trouvé nu dans les bois, il ne sait plus qui il est, ce qu’il aime, ce qu’il sait faire. Jusqu’à une révélation, une guitare entre les mains. Il ne connaît toujours pas son nom ou sa vie d’avant, mais ses mains, elles, savent la musique.
C’est pour le nom de Renaud Dillies que j’ai emprunté cette BD, lui qui m’avait émerveillée par ses dessins sur Abélard et Alvin, lui qui m’avait séduite par sa poésie sur Saveur Coco

Une quête identitaire, avec la musique pour fil conducteur. Une détresse, une question, « qui suis-je ? ». Des mains, presque des inconnues, si sûres d’elles quand elles font vibrer les cordes. Des rencontres, des surprises, des déceptions. Une vie atypique certes, pleine de brume, mais une vie quand même avec des succès et des peines.
Seule la fin m’a laissée perplexe. Un peu abrupte, rapide, comme balancée là pour terminer l’album, pour boucler la boucle.
Encore une fois charmée par le trait de Dillies et ses personnages anthropomorphes, bien que j’avais trouvé Saveur Coco plus créatif, plus foisonnant, plus éblouissant. Ici, c’est régulier, six cases par page, à l’exception de quelques pleines pages pour les moments forts, les moments de grâce ou les chutes.

Une balade dans une existence, quelques notes de musique, des interrogations, une angoisse qui parfois s’atténue, un personnage attendrissant, des dessins efficaces, de la poésie, une jolie découverte.

Loup, Renaud Dillies. Dargaud, 2017. 52 pages.

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Géante : histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté,
de Jean-Christophe Deveney (scénario) et N
úria Tamarit (dessin)
(2020)

Géante (couverture)Concluons ces mini-chroniques comme elles ont été ouvertes : avec une histoire de géants. De géante plus précisément. De Céleste en fait, gros bébé trouvé dans la montagne par un bûcheron qui, longtemps, cherchera sa place dans le monde.

Géante est un roman graphique qui parle avant tout de féminité, de liberté des femmes, de l’égalité, du droit à l’éducation, du droit au choix. Quoique le message féministe puisse parfois sembler un chouïa trop marqué avec ce petit côté « catalogue des injustices subies par les femmes », cela ne m’a pas empêchée d’être vraiment touchée par cette histoire intelligente et sensible.
En outre, ça parle également de la famille, des liens entre ses membres (Céleste étant la petite dernière d’une fratrie de six garçons) et du désir de maternité. Sont critiquées la guerre et la religion dans ses formes les plus extrêmes. A travers ses voyages et ses découvertes, Céleste effectue un parcours véritablement initiatique qui sera une ouverture sur le monde et sur elle-même.
Et puis, il y a Céleste, si touchante et lumineuse. Cette géante-là est une héroïne généreuse dont la bonté et la curiosité ne seront pas entamées par la cruauté du monde, par la jalousie, la rancune ou la haine des autres. D’ailleurs, plus que sa taille, c’est son sexe qui semble, à moult reprises, poser problème.
L’aspect conte est très marqué avec une onomastique pleine de sens et l’introduction de personnages-types (la famille pauvre, le prince, la sorcière…). Cependant, ces derniers sont réinventés et dépassent les stéréotypes. De plus, cette BD est issue de tout un héritage littéraire que l’on se plaira à reconnaître : Homère, Rabelais, Chrétien de Troyes…

Côté graphismes, si les grands yeux vides des protagonistes déstabilisent au début, je m’y suis rapidement habituée en me glissant dans cette histoire. Je retiendrai surtout les magnifiques couleurs ainsi que les décors traversés au fil du voyage de Céleste, si diversifiés et envoûtants.

Géante est un magnifique conte féministe et poétique, au propos riche, aux thématiques diversifiées et intelligemment traitées. Humour et gravité se répondent pendant que Céleste trace son chemin.

Géante : histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté, Jean-Christophe Deveney (scénario) et Núria Tamarit (dessin). Delcourt, 2020. 195 pages.

C’est le 1er, je balance tout ! # 49-50 – Janvier-Février 2021

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Rimant avec « C’est lundi, que lisez-vous ? », ce sympathique rendez-vous a été initié par Lupiot du blog Allez vous faire lire. Il permet de revenir sur le mois écoulé à travers quatre points :

  • Le Top et le Flop de ce que l’on a lu le mois dernier ;
  • Une chronique d’ailleurs lue le mois dernier ;
  • Un lien adoré le mois dernier (hors chronique littéraire) ;
  • Ce que l’on a fait de mieux le mois dernier.

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  1. Le Top et le Flop de ce que j’ai lu le mois dernier.

Ce n’est ni la première ni la dernière fois que ça m’arrive : j’ai raté le bilan de janvier. Du coup, ce sont des lectures de deux mois au lieu d’un que je vous parlerai ici !

Romans (et théâtre)

Lectures graphiques

Côté Top… Pour les lectures graphiques, c’est très simple : Harleen de Stjepan Sejic remporte clairement la palme de la meilleure lecture ! J’en reparle bientôt, mais cette lecture m’a émerveillée, m’a transportée, m’a sidérée, bref, j’ai été bluffée.
Côté romans (ou pièces de théâtre), je pense que ma lecture la plus mémorable reste la relecture de Phèdre de Racine, bien que retrouver Zola et Marie-Aude Murail soit un plaisir à chaque fois renouvelé et que Les sœurs Carmines m’ont fait passé de très bons moments !

Côté Flop… Un petit moins bien pour La guerre des mondes d’H.G. Wells. Je n’ai pas détesté, mais le manque d’émotions et d’attachement pour le personnage fait que je suis restée assez détachée de ce classique de la science-fiction.

Ces livres que je ne critiquerai pas davantage

L’appel de la forêt, de Jack London (1903)

L'appel de la forêt (couverture)Je vous avais parlé de Croc-Blanc en novembre dernier, je ne vais donc pas réécrire une chronique complète sur L’appel de la forêt, sorti trois ans plus tôt, sachant que bon nombre de thématiques sont les mêmes. Sauf que le chemin parcouru par notre héros canin est l’inverse : cette fois, Buck, de bon chien domestique californien deviendra chien de traîneau avant de passer lentement à la vie sauvage du Grand Nord.
On retrouve des étapes similaires : des humains violents, des Indiens froids mais justes envers leurs bêtes, une fidélité incommensurable envers un maître bon et salvateur. Bien que non destiné à une telle vie, Buck, comme Croc-Blanc, se montre exceptionnel tant dans ses capacités de chien de traîneau que dans sa force, sa ruse et son intelligence.
Bien que plus court, L’appel de la forêt montre les mêmes qualités narratives qui son petit frère : l’immersion, à travers le regard de Buck, est particulièrement efficace et réjouissante tandis que la plongée dans le monde dur et impitoyable du Grand Nord reste fascinante. Une lecture entraînante et dépaysante.

 Jeannot, de Loïc Clément (scénario) et Carole Maurel (dessin) (2020)

Jeannot (couverture)Après Chaussette et Chaque jour Dracula, Loïc Clément poursuit ses « Contes des cœurs perdus » avec Jeannot. Une histoire – qui fait écho à Chaussette ! – sensible et poétique. Humour et désespoir s’entremêlent intelligemment dans cette BD doucement nostalgique. Le trait de Carole Maurel illustre à merveille cette histoire simple et sincère. Comme toujours avec cet auteur, une excellente découverte.

Côté challenges…

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  1. Une chronique d’ailleurs lue le mois dernier.

J’avais adoré La guerre des salamandres de Karel Capek et, en plus d’en parler très bien, Des livres rances m’a donné très envie d’approfondir ma découverte de cet auteur avec R.U.R.

Ma chronique sur ce livre avait été plus que succincte, mais celle de Maghily vous convaincra peut-être laisser une chance à Edith Wharton avec Le Temps de l’innocence.

Paul et Virginie est un livre sur lequel j’avais bon nombre de préjugés ; or, avec sa superbe chronique, tellement bien argumentée, Natiora m’a totalement fait changer d’avis et ce livre est rentré directement dans ma liste des livres à lire un jour !

Je m’aperçois que je n’ai jamais parlé d’Heartstopper d’Alice Oseman sur le blog, mais ce n’est pas grave car cela me permet de laisser parler Une bulle de fantasy ! (Par contre, je vous invite vraiment à lire cette superbe histoire si vous êtes à la recherche d’une pure bulle de douceur.)

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  1. Un lien que j’ai adoré le mois dernier (hors critique littéraire).

Et c’est là que je fais « oups ». Parce que je n’ai rien mis de côté et que j’ai de toute manière si peu été sur l’ordinateur (à part pour le blog) que je n’ai rien en stock…

Ah si, j’ai été fascinée cette vidéo de Max Bird sur les aigles d’Amazonie et le mimétisme stupéfiant d’un autre oiseau local. J’étais à deux doigts de devenir ornithologue après cette vidéo.

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  1. Ce que j’ai fait de mieux le mois dernier (ou les petits bonheurs, c’est déjà bien).

 Euh… Pas beaucoup d’idées pour cette section. Janvier a été nul et, si février a été un peu mieux, ce n’était pas la fiesta tous les jours. Heureusement qu’il y a eu les livres et les rigolades avec une super collègue.

Ah, si, et j’ai découvert un jeu vidéo sublime (soyons bien d’accord, je n’ai pas vraiment d’éléments de comparaison, je suis novice) : Figment.

Figment 1

Si je dois lui faire un petit reproche, c’est de ne pas être très difficile, mais ce n’est pas si grave car c’est le voyage qui importe le plus. Ce jeu – qui nous plonge dans un esprit un peu en vrac – est juste magnifique. L’histoire est touchante et intelligemment racontée. Le graphisme est top, chaque partie du cerveau ayant une identité visuelle différente. Un voyage dépaysant sans quitter son crâne en somme. Et j’ai été bluffée par l’ambiance sonore : la musique est géniale et le travail sur les voix, notamment celles des cauchemars avec leurs chansonnettes, particulièrement réjouissant. C’était vraiment immersif, ça m’a parlé et ça m’a beaucoup touchée.

Un court bilan donc en dépit des deux mois qu’il recouvre.
Je vous souhaite de belles découvertes et de très bonnes lectures !

La parenthèse 9ème art – Spécial Loïc Clément : Chaque jour Dracula, Les jours sucrés et Le Temps des Mitaines

Trois critiques pour quatre bandes dessinées signées Loïc Clément pour le scénario. Si la première ne m’a pas entièrement convaincue, j’ai beaucoup aimé – voire adoré – les suivantes pour lesquelles le scénariste retrouve cette magicienne de l’aquarelle qu’est Anne Montel.

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Chaque jour Dracula,
de Loïc Clément (scénario) et Clément Lefèvre (dessin)
(2018)

Chaque jour Dracula (couverture)J’ai découvert le travail de Clément Lefèvre avec L’épouvantable peur d’Epiphanie Frayeur et de Loïc Clément avec Chaussette. Quand, à la bibliothèque, je suis tombée sur cette courte BD jeunesse, je n’ai pu résister à l’illustrateur et à la mention de Dracula. Mais je n’en savais pas plus.

Et j’ai été très surprise. On découvre rapidement que l’histoire – qui met en scène un jeune Dracula encore écolier – va parler de harcèlement scolaire. Une thématique réaliste que je ne m’attendais pas à trouver dans cet ouvrage basé sur une créature imaginaire et quasiment toute-puissante. Si le but était d’amener le lecteur ou la lectrice sur un terrain inattendu, l’effet est réussi.

Le choix de Dracula comme tête de Turc est assez malin. Cela permet de jouer sur deux tableaux : à la fois le personnage souvent stigmatisé et repoussé aux abords de la civilisation et aussi la créature d’une grande force. Une ode à la différence qui montre que même les plus puissants peuvent avoir été maltraités un jour et avoir eu besoin de l’aide de personnes extérieures.

Cependant, j’avoue avoir été un chouïa déçue : les auteurs en ont peut-être un peu trop fait. Le sujet du harcèlement à l’école – sujet important certes – est martelé et j’ai trouvé que la façon de passer le message manquait d’un peu de subtilité. Quant à la conclusion, elle est pleine d’espoir, mais très rapide, minimisant peut-être la difficulté de se sortir de ce genre de situation. Toutefois, je n’oublie pas que je ne suis pas le premier public de cette histoire, que le but n’est pas de traumatiser les jeunes lecteurs et lectrices et je pense qu’elle peut être très efficace avec eux, les sensibilisant et leur parlant peut-être plus qu’à moi.

Chaque jour Dracula n’en reste pas moins une BD mignonne et intelligente dans laquelle les plus grand·es s’amuseront des clins d’œil à la littérature vampirique et où chacun·e appréciera les illustrations pleines de douceur de Clément Lefèvre.

Chaque jour Dracula, Loïc Clément (scénario) et Clément Lefèvre (dessin). Delcourt jeunesse, 2018. 40 pages.

Challenge de l’imaginaire
Challenge de l'imaginaire (logo)

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Les jours sucrés,
de Loïc Clément (scénario) et Anne Montel (dessin)
(2016)

Les jours sucrés (couverture)Eglantine, 28 ans, mène une vie dynamique de graphiste à Paris lorsqu’un notaire breton lui apprend le décès de son père. Guère émue à l’idée de retourner dans son village natal synonyme de mauvais souvenirs, elle part avec l’idée de clore la succession et de tourner la page une bonne fois pour toute. Sauf que les souvenirs vont resurgir, des secrets vont être dévoilés… et la vie d’Eglantine va prendre un tour tout à fait inattendu.

Je retrouve avec plaisir ce duo découvert avec Chaussette. Déjà, visuellement, c’est le même régal. J’adore la délicatesse des aquarelles d’Anne Montel. Couleurs lumineuses (seules quelques images sépia ponctuent le récit le temps d’un souvenir), traits fins, petits détails… Elle donne vie à cette histoire, ses personnages sont humains, ses décors chaleureux. Elle m’a transportée dans ce petit village de Bretagne, elle m’a affamée avec ses dessins de pâtisserie, elle m’a amusée avec ses chats, bref, une immersion fantastique.

Il faut dire que Les jours sucrés, c’est le genre de cocon que l’on ne veut pas quitter. On s’attache aux personnages, on se sent confortablement installée au milieu de cette jolie petite bande, on déguste un petit gâteau en caressant un chat…
Certes, l’histoire est un tantinet prévisible et les personnages ne font pas grand-chose pour éviter les quiproquos qui permettent à l’histoire de se dérouler. Mais qu’importe. On prend tant de plaisir à côtoyer cette vieille ronchon de Marronde, à saluer l’optimisme de Gaël, à sourire devant les ruses félines, à saliver devant chaque titre de chapitre (tous des pâtisseries !) que l’on ne s’attarde pas sur quelques facilités.

Réconciliation avec son passé, changement de vie, découverte de soi… Amitié, famille, amour, pardon, compréhension… Les jours sucrés est une bande dessinée toute mignonne, tendre et réconfortante. J’espère que le parcours d’Eglantine sera le mien un jour et que je trouverai un endroit où je serai enfin bien !
A lire sous son plaid avec une tasse de thé ou de chocolat !

Les jours sucrés, Loïc Clément (scénario) et Anne Montel (dessin). Dargaud, 2016. 145 pages.

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Le Temps des Mitaines (2 tomes),
de Loïc Clément (scénario) et Anne Montel (dessin)
(2014-2016)

Le Temps des Mitaines T1 (couverture)Dans ce monde imaginaire, les animaux qui le peuplent sont dotés de pouvoirs divers et variés, utiles… ou pas vraiment. Arthur, nouveau dans le village, était loin de se douter que son premier jour de classe signerait le début d’une enquête sur des disparitions d’enfants avec une toute nouvelle bande d’amis.

J’ai entendu parler du Temps des Mitaines pour la première fois il y a plusieurs années grâce à ma copine Victoria. Seulement voilà, je suis souvent très lente pour découvrir les œuvres dont on me parle même si – et ces BD en sont la preuve – cela finit par arriver.

J’ai beaucoup aimé suivre ces jeunes héros et héroïnes. Le premier tome met en place un récit choral dans lequel les premiers chapitres suivent un des personnages en particulier. L’occasion de découvrir ces personnalités aussi diverses qu’attachantes. Arthur, naïf et généreux ; Pélagie, une grande mélangeuse de mots qui n’est pas sans rappeler un certain Perceval (chez elle, « Vous bridez ma créativité » devient sans peine « Vous braconnez ma chasteté » par exemple…) ; Kitsu, mystérieuse et indépendante ; Gonzague, intelligent et cultivé ; Willo, fidèle et peureux mais n’hésitant pas à braver les dangers pour ses amis.
C’est l’heure de l’amitié, des premiers amours, des premières responsabilités. Le tout dans une ambiance de mystère et de dangers. Tous leurs talents, joliment complémentaires, seront nécessaires pour démasquer le terrible kidnappeur. Si le côté « enquête » amène des éléments assez classiques dans ses rebondissements, le charme de l’ouvrage se trouve surtout dans la relation des cinq enfants et les savoureux dialogues.

Le Temps des Mitaines T2 (couverture)Bien plus court, le second tome est plus engagé et très actuel. Au programme : des petits producteurs dont le travail est menacé, le poids des banques et des grandes surfaces, nature, économie, consommation, délocalisation… Au cours de stages en milieu professionnel, nos jeunes amis vont pouvoir démontrer une fois de plus le pouvoir de l’amitié et de la générosité, un pouvoir plus puissant que n’importe quelle magie (même si celle-ci aidera bien également).

Encore une fois, le dessin d’Anne Montal m’a totalement charmée. Ses aquarelles colorées sont comme toujours d’une belle finesse et d’une richesse époustouflante. J’ai adoré m’attarder sur les planches de ces BD pour en admirer tous les détails. Un régal pour les yeux !

Encore une fois une belle réussite pour le duo Clément/Montel qui trouve toujours l’inspiration pour des histoires positives et inspirantes. Des intrigues intelligentes, drôles et tendres, magnifiquement mises en valeur par des illustrations aussi sensibles que sublimes.

Le Temps des Mitaines, Loïc Clément (scénario) et Anne Montel (dessin). Didier jeunesse.
– Tome 1, 2014, 155 pages ;
– Tome 2, Cœur de Renard, 2016, 62 pages.