Les Rougon-Macquart, tome 5, La Faute de l’abbé Mouret, d’Emile Zola (1875)

Lu dans le cadre du meilleur des rendez-vous aka Les Classiques, c’est fantastique. (Oui, l’image indique un prénom dans le titre, mais le bilan d’octobre stipulait un nom et/ou un prénom !) (Je voulais lire aussi un titre-prénom, mais je n’ai pas eu le temps…)

Les classiques c'est fantastique - Titre prénom

Ce tome fait directement suite au précédent et met en scène le jeune fils de couple Mouret, Serge, abbé fraîchement installé aux Artauds – hameau nommé d’après ses habitants, une seule et même grande famille. Farouchement dévot, il enchaîne rites dans une église déserte et visites à des incroyants invétérés jusqu’à ce qu’une fièvre le terrasse. Or, au cœur de ce pays aride – tant par le climat que par le tempérament de ses ouailles –, s’étend un jardin d’Eden, parc abandonné d’un manoir délaissé où il sera soigné par une jeune fille, Albine.

La Faute de l'abbé MouretZola n’est pas tendre envers le catholicisme qui est au cœur de cet opus avec son cortège d’interdits abscons, de morales rigoristes, d’adoration aveugle. Aux côtés d’un Frère Archangias au prénom évocateur, homme obtus, misogyne et violent, franchement détestable du début à la fin, l’abbé Mouret apparaît ridicule dans sa pudibonderie, son refus d’approcher la vie, les animaux, dans cette manie religieuse de voir l’impur dans la nature, dans ses défaillances physiques et dans sa passion mystique pour la Vierge. Puis, les souffrances psychiques, la mortification que s’impose l’abbé Mouret, en refusant l’amour, en reniant ses sentiments, en favorisant la dévotion à une entité fictive, apparaîtront tout aussi incompréhensibles à l’athée que je suis – et que sont bon nombre de personnages autour de lui !

Pour son plus grand malheur, le voilà entourée de deux jeunes filles pleines de vie : sa sœur Désirée, une « innocente » qui habite avec lui, et Albine, la nièce de l’intendant du Paradou. L’une amoureuse des bêtes, l’autre de la verdure du Paradou ; l’une s’occupant de sa basse-cour, l’autre courant les bois et les prés ; l’une sans crainte du fumier, l’autre des ronces et des chardons ; toutes deux se régalant de la fécondité de la nature et s’y épanouissant de plus belle. Aussi fortes, roses, résistantes, qu’il est frêle, pâle et timoré.

Le premier livre raconte la dévotion et la religion rigoriste, le second la convalescence qui se développe en une réécriture de la Genèse. (Le troisième et dernier livre parle quant à lui du dilemme et du déchirement de Serge/l’abbé Mouret entre son amour pour Albine et sa foi.) Or, la transition entre ces deux premiers livres est un peu déstabilisante et surprenante car le revirement est profond, total même, et donc déconcertant. Je l’avoue, au début, je me suis parfois demandée où étaient passés les autres protagonistes, la foi dévorante de l’abbé Mouret… et où Zola était en train de m’emmener.
Car, avec un petit saut dans le temps, voici l’abbé Mouret redevenu Serge. Avec la maladie de Serge soigné par Albine, nous passons de l’aridité de la religion à la douceur généreuse de la nature. Leur amour innocent (du moins, au début, la nature de la faute n’étant pas une surprise) m’a rappelé celui de Miette et Silvère dans La Fortune des Rougon.
Deux « enfants » (de 16 et 26 ans…) naïfs, un peu fatigants avec leurs jeux et leurs cris, d’une innocence poussée à l’extrême. Pureté et chasteté découvrant les sentiments amoureux et le désir dans un Paradis, isolé de tout et de tous, seulement peuplé de mille plantes et bêtes paisibles. Je regrette d’avoir parfois eu du mal à y croire, à croire à leur innocence pleine et entière qui m’a quand même paru bien mièvre par moments. J’ai ressenti une certaine platitude et quelques longueurs dans cette seconde partie.

Écho démultiplié de la serre de La Curée, la nature, derrière le mur du Paradou, est un lieu sensuel, vivant, vibrant de vie et de sensations. Un lieu protecteur par son isolement et tentateur par ses musiques, ses senteurs, ses frôlements, le sucre de ses fruits… Un endroit qui ne peut être qu’inquiétant pour ce jeune abbé fragile, désireux d’être tout à son âme et loin de son corps. Opulence, moiteur, ombres, quand il recherche une vie rude, spartiate, dans la sécheresse caillouteuse des Artauds.
Après avoir décrit avec précision les rituels religieux – costumes, accessoires, gestes, texte… –, ce roman parle de mille façons de la nature, de la végétation, du paysage, de l’eau et du soleil que Zola sublime parfois, anthropomorphise souvent, y voyant des allures de femmes, des soupirs, des amours, des invitations charnelles… Et puis, Zola étant Zola, ce sont aussi d’interminables énumérations botaniques à travers les différentes atmosphères du parc. Découvrant avec les deux jeunes gens le parterre, le verger, les prairies, la forêt, les sources, nous croisons la route de dizaines d’espèces d’arbres fruitiers, de fleurs des champs, de résineux ou de feuillus, de plantes grasses ou aromatiques… En dépit d’un côté un peu « catalogue » par moments, il y a tout de même de très beaux moments contemplatifs.

Ce roman confronte la religion et la nature, la mort et la vie, la frugalité d’une vie dédiée à Dieu et les sentiments dans un drame qui n’est pas dénué de lyrisme. Sans avoir été une entière déception, je suis un peu déçue de cette lecture. Sans être dépourvue d’empathie à son égard, je dois avouer que le personnage principal, qu’il soit Serge ou l’abbé Mouret, m’aura fait soupirer d’ennui et/ou d’exaspération à plusieurs reprises (je lui ai préféré des personnages secondaires comme Albine, Désirée, la Teuse (la bonne du curé ♪), ou le docteur Pascal). C’est là le point noir de ce roman qui transforme ce dilemme en histoire parfois un peu fade.

« Ils naissaient, ils mouraient, attachés à ce coin de terre, pullulant sur leur fumier, lentement, avec une simplicité d’arbres qui repoussaient de leur semence, sans avoir une idée nette du vaste monde, au-delà de ces roches jaunes, entre lesquelles ils végétaient. Et pourtant déjà, parmi eux, se trouvaient des pauvres, des riches ; des poules ayant disparu, les poulaillers, la nuit, étaient fermés par de gros cadenas ; un Artaud avait tué un Artaud, un soir, derrière le moulin. C’était, au fond de cette ceinture désolée de collines, un peuple à part, une race née du sol, une humanité de trois cents têtes qui recommençait les temps. »

« Cependant, le cabriolet suivait de nouveau le chemin creux, le long de l’interminable mur du Paradou. L’abbé Mouret, silencieux, levait les yeux, regardait les grosses branches qui se tendaient par-dessus ce mur, comme des bras de géants cachés. Des bruits venaient du parc, des frôlements d’ailes, des frissons de feuilles, des bons furtifs cassant les branches, de grands soupirs ployant les jeunes pousses, toute une haleine de vie roulant sur les cimes d’un peuple d’arbres. Et, parfois, à certain cri d’oiseau qui ressemblait à un rire humain, le prêtre tournait la tête avec une sorte d’inquiétude. »

« L’abbé Mouret ne put tenir davantage, dans la chaleur qui montait des portées. La vie, grouillant sous ce poil arraché du ventre des mères, avait un souffle fort, dont il sentait le trouble à ses tempes. Désirée, comme grisée peu à peu, s’égayait davantage, plus rose, plus carrée dans sa chair. »

« – C’est étrange ; avant d’être né, on rêve de naître… J’étais enterré quelque part. J’avais froid. J’entendais s’agiter au-dessus de moi la vie du dehors. Mais je me bouchais les oreilles, désespéré, habitué à mon trou de ténèbres, y goûtant des joies terribles, ne cherchant même plus à me dégager du tas de terre qui pesait sur ma poitrine… Où étais-je donc ? qui donc m’a mis enfin à la lumière ?
Il faisait des efforts de mémoire, tandis qu’Albine, anxieuse, redoutait maintenant qu’il ne se souvînt. »

« Et, cependant, ils ne trouvaient dans le parc qu’une familiation affectueuse. Chaque herbe, chaque bestiole, leur devenaient des amies. Le Paradou était une grande caresse. Avant leur venue, pendant plus de cent ans, le soleil seul avait régné là, en maître libre, accrochant sa splendeur à chaque branche. Le jardin, alors, ne connaissait que lui. »

Les Rougon-Macquart, tome 5, La Faute de l’abbé Mouret, Emile Zola. Typographie François Bernouard, 1927 (1875 pour la première édition). 446 pages.

Les Rougon-Macquart déjà lus et chroniqués :
– Tome 1, La Fortune des Rougon ;
– Tome 2, La Curée ;
– Tome 3, Le Ventre de Paris ;
– Tome 4, La Conquête de Plassans.

Dominium Mundi (2 tomes), de François Baranger (2013-2014)

J’avais le vague pressentiment que ces deux volumes risquaient de traîner fort longtemps dans ma PAL si je n’y prenais garde. J’ai donc une la bonne idée de partir avec eux en confinement. La bonne idée car je me suis effectivement régalée d’un bout à l’autre de ma lecture !

De quoi ça parle ? Imaginez une Terre dévastée par une Guerre d’Une Heure, guerre nucléaire et bactériologique aussi fulgurante que dévastatrice ; imaginez que des cendres de l’ancien monde détruit émerge l’Empire Chrétien Moderne et une réorganisation féodale des sociétés survivantes, placée sous l’égide d’un pape tout puissant ; imaginez, les nuages toxiques réduisant sans cesse l’espace vivable, une mission colonisatrice est lancée en direction d’Akya, une planète d’Alpha du Centaure ; imaginez que ces colons découvrent sur place ni plus ni moins que le tombeau du Christ avant d’être massacrés par les Atamides, les habitants de cette planète. Il n’en faut pas moins pour que soit lancée la neuvième croisade. Un million d’hommes et de femmes bien déterminés à récupérer ce lieu saint aux mains des impies, lancés à travers l’espace dans un gigantesque vaisseau, le Saint-Michel.

Évidemment, on devine rapidement que cette version officielle de l’histoire n’est sans doute pas tout à fait exacte. Des personnages louches, des conversations qui laissent échapper des indices… Que s’est-il vraiment passé sur Akya lors de la première mission de colonisation ? Qui sont les Atamides ? Que contient réellement ce tombeau ? Qui sait quoi ? Qui commet ces meurtres atroces sur le Saint-Michel ? Ce petit côté mystère, porté par l’enquête de Tancrède de Tarente (l’un des personnages principaux sur lequel je reviendrai), sert de fil rouge tout au long du récit. Il donne lieu à une alternance de moments d’action et d’instants plus tranquilles où il ne se passe pas grand-chose et l’auteur a su trouver une juste balance entre ces deux ambiances, entre rebondissements surprenants et vie quotidienne au cœur de l’armée croisée, pour ne jamais perdre son lecteur (surtout quand, comme moi, on aime la richesse foisonnante de mille petits détails, plus que les courses poursuites haletantes). Tout cela est très bien amené et géré d’une main de maître.

Les romans sont denses et détaillés. Les ressorts politiques, les intérêts des uns et des autres, les luttes entre seigneurs, la manipulation des masses, le fanatisme, le système de classes et l’impunité offerte aux couches jugées supérieures de la société, l’hypocrisie de la religion et des hommes d’église… Cette lecture m’a parfois rappelé Les Rois Maudits de Maurice Druon : l’univers moyenâgeux, les guerres de pouvoir, les intrigues, les mensonges et les trahisons… J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur l’Empire Chrétien Moderne, son emprise sur le globe, son ascension, toutes ces informations qui sont injectées ici et là au fil de l’intrigue. Et j’ai encore davantage adoré voir l’Église en prendre sérieusement pour son grade. Ce mélange entre science-fiction et roman historique s’est révélé à la fois très réussi et tout simplement passionnant !

L’écriture est très agréable et véritablement prenante. Pas avare en détails et en descriptions, elle est très visuelle, même dans les passages les plus techniques (comprendre « même quand je ne comprends pas tout », par exemple, lorsque l’auteur parle du Nod2, l’ordinateur organique qui régit le Saint-Michel).
La narration est d’autant plus addictive et efficace que l’auteur change régulièrement de point de vue et garde des informations pour plus tard, utilisant des flashbacks (les personnages se remémorent plus tard les circonstances les ayant menés à telle situation ou la conversation leur ayant permis de découvrir telle vérité). Cela crée un suspense parfois frustrant tant ma curiosité en était attisée.
Par contre, j’ai été outrée par le nombre de fautes présentes dans ces deux volumes. J’ai fini par regretter de ne pas les avoir comptées tant il y en a. Au début, ça surprend, mais j’ai fini par être véritablement exaspérée. Des « a » quand il faudrait des « à », des « où » quand il faudrait des « ou » et vice versa, un « d’avantage » au lieu d’un « davantage » ; une ou deux phrases mal formulées… ; ça en devient agaçant quand ça se répète sans cesse.

Outre cela, ce qui m’a complètement accrochée à ce long récit, ce sont les personnages. Je marche énormément à l’affectif et les personnages sont, la plupart du temps, quelque chose d’essentiel pour moi. Nous passons énormément de temps avec eux, ce qui nous laisse le temps de les connaître et de les aimer. A côté des grands objectifs de la Chrétienté, ces romans sont aussi bourrés d’émotions humaines : les rivalités, les préjugés, l’amitié, la remise en question et l’ouverture d’esprit, l’anthropocentrisme contre l’entraide et la rencontre avec un Autre, le fanatisme religieux contre les doutes spirituels, l’obéissance aveugle à l’autorité contre l’anti-militarisme, etc.
J’ai été surprise par Tancrède de Tarente. Celui que l’on présente comme un lieutenant émérite, un Méta-Guerrier (un rang militaire élevé) exemplaire, pur produit de l’armée, ne m’intéressait guère de prime abord, mais il a su rapidement attirer mon attention et mon affection. Il aurait pu être trop parfait tant il est impressionnant de courage et de droiture, mais lui que je craignais rébarbatif s’est révélé attachant par ses liens avec ses hommes, ses doutes et ses remises en question (sur la religion, l’armée, les Atamides…). Pour lui qui avait été si bien été conditionné depuis son plus jeune âge, l’évolution de sa pensée ne se fait pas sans mille souffrances morales.
Il y a aussi Albéric Villejust, l’inerme, le classe zéro, l’enrôlé de force qui se rebelle contre l’autorité, l’athée qui aide Tancrède à progresser sur le chemin du questionnement, qui finira par jouer un rôle immense, celui qui ne paie pas de mine à première vue mais à qui l’on s’attache pour sa simplicité et son réalisme (il est plus facile de s’identifier à un Albéric qu’à un Tancrède surentraîné). Il y a le flamboyant Liétaud Tournai, le géant affable et toujours prêt à rire, l’ami fidèle dont la relation avec Tancrède est particulièrement forte et belle.
J’ai été intriguée par leurs découvertes, j’ai été révoltée face aux situations injustes, j’ai été triste face à leurs pertes, j’ai partagé leurs joies, j’ai adoré suivre leur évolution, leur complexité, leurs hésitations, bref, j’ai fini par vivre pleinement leurs aventures avec eux. J’ai été vraiment désolée de quitter ces trois personnages (et d’autres dont je ne dirais rien pour ne pas spoiler) quand est venu le temps de la dernière page.
L’univers est presque exclusivement masculin : l’équipage est composé majoritairement d’hommes en dépit du régiment d’élite des Amazones et des femmes enrôlées de force pour leurs compétences scientifiques (comme Clotilde qui deviendra une aide précieuse pour Albéric). Il faut dire que dans la société médiévale qui a été réinstaurée, la place des femmes n’a guère progressé dans les classes supérieures : nulle possibilité de s’échapper d’un avenir de femme au foyer si ce n’est en s’engageant dans l’armée. Ce qui m’a réellement chagrinée, c’est de ne pas parvenir à réellement apprécier Clorinde di Severo, la seule femme dont nous partageons parfois le point de vue. Une femme forte, décidée, combattante, mais que j’ai souvent trouvée trop obtuse et hautaine. Peut-être avais-je déjà trop pris le parti de Tancrède au moment de sa rencontre avec Clorinde pour apprécier celle qui, d’une certaine façon, tente bien souvent de lui barrer la route. (Et puis, je n’ai pas trop accroché à sa romance avec Tancrède.)
Je m’arrête là mais sachez qu’il y a plein d’autres personnages fascinants, intimidants, captivants, dangereux, ambigus, à découvrir.

Ma première incursion dans le genre du space opera s’est donc révélée particulièrement fascinante et addictive. Ce dyptique, qui revisite le poème épique La Jérusalem délivrée à la sauce science-fiction, a su m’embarquer pour un voyage palpitant. Tout est réussi : la narration, les protagonistes, les sujets abordés, ce qu’il dénonce – que ce soit la volonté si tristement humaine de tout dominer, les abus de pouvoir ou la religion utilisée à des fins de pouvoir –, les conflits politiques ou intérieurs, le mélange entre action addictive et richesse de détails… Une superbe lecture qui m’a vraiment bluffée.

« « – Ce n’est qu’une illusion. Ce jardin n’est qu’une façade créée de toutes pièces.
– Je le sais. Mais je veux pourtant croire que tout cela est vrai, qu’aucune pompe n’est dissimulée sous les ruisseaux, qu’aucune soufflerie n’est à l’origine du vent qui fait bouger les feuilles, qu’aucun paysagiste n’en a tracé les plans. C’est plus beau si on y croit. »
Albéric secoua la tête.
« – Je ne suis pas d’accord. Les choses les plus belles sont sans fard. Rien n’est plus beau que la vérité.
– La véritable nature, sans fard, n’est pas toujours belle. Beaucoup de souffrance, de violence, de peur, de froid, de faim. La véritable nature exhale plus souvent l’odeur de la décomposition que le parfum des fleurs.
– Peut-être. Néanmoins, même crue, je préfère la véritable nature à une imitation. Une imitation n’est qu’une falsification de la réalité. Peut-être que tout ce que tu viens d’énumérer est le prix à payer pour la vérité. »
Tancrède eut un petit rire amusé, sans mépris.
« Voilà un discours que je n’ai pas l’habitude d’entendre. Dans mon milieu, les apparences comptent plus que tout. C’est l’honneur d’une famille noble que de les maintenir coûte que coûte. » »

(Livre I)

« A cet instant, lui qui tenait tant à son indépendance d’esprit sut qu’en réalité il acceptait beaucoup de choses sans réfléchir. Moi qui croyais ne pas être un mouton suivant le troupeau simplement parce que mon esprit indépendant me faisait cheminer de côté, je revenais quand même à la bergerie tous les soirs. »
(Livre I)

« Si les Atamides ne semblaient pas s’être forgé de religion comme l’avaient fait pratiquement tous les peuples de la Terre, ils n’avaient en revanche pas échappé à cette triste fatalité qui veut que toutes les sociétés soient condamnées à s’inventer des mythes absurdes destinés à leur compliquer la vie. »
(Livre II)

« « Maintenant, je sens que je peux être heureux. »
Je devais me rappeler longtemps cette phrase qui derrière une apparente simplicité contenait une vérité profonde. Trop de gens, dont moi-même probablement, attendent que le bonheur leur tombe dessus sans même penser à le chercher. Or, je crois sincèrement que si l’on ne décide pas que l’on peut être heureux, alors on a peu de chances de l’être un jour. »

(Livre II)

Dominium Mundi, 2 tomes, François Baranger. Éditions Critic, coll. SF, 2013-2014. 602 pages et 796 pages.