La parenthèse 7ème art reviendrait-elle avec plus de régularité ? Peut-être… peut-être pas… L’avenir nous le dira, mais en tout cas, voilà quelques petites critiques !
- Les Animaux fantastiques 2 : Les Crimes de Grindelwald, de David Yates (2018)
1927, quelques mois après sa capture, le célèbre sorcier Gellert Grindelwald s’évade comme il l’avait promis et de façon spectaculaire. Réunissant de plus en plus de partisans, il est à l’origine d’attaque d’humains normaux par des sorciers et seul celui qu’il considérait autrefois comme un ami, Albus Dumbledore, semble capable de l’arrêter. Mais Dumbledore va devoir faire appel au seul sorcier ayant déjoué les plans de Grindelwald auparavant : son ancien élève Norbert Dragonneau. L’aventure qui les attend réunit Norbert avec Tina, Queenie et Jacob, mais cette mission va également tester la loyauté de chacun face aux nouveaux dangers qui se dressent sur leur chemin, dans un monde magique plus dangereux et divisé que jamais. (Allociné)
Le film tant attendu en cette année 2018. Le film que je ne pouvais pas manquer au cinéma. Alors, verdict ?
J’ai envie de dire, en mode potterhead activé : c’était trop bien ! J’ai passé un excellent moment, j’ai été transportée du début à la fin. Retrouver des personnages adorés, en découvrir d’autres, se faire surprendre par quelques révélations (notamment concernant un certain serpent bien connu), s’émerveiller devant de nouvelles créatures, visiter de nouveaux lieux magiques et visiter un autre Paris, s’étonner devant de nouvelles formes de magie… J’appréhendais Johnny Depp en Grindelwald car je n’étais pas du tout convaincue à la fin du premier opus et finalement, j’étais tellement enthousiaste que je suis passée outre ; quant à Jude Law en Dumbledore, rien à redire ! Ajoutons que le film est juste sublime : les décors, les costumes, les lumières, le design des créatures, les personnages, tout est magnifique. Donc c’était un moment merveilleux, magique, et j’ai adoré chaque seconde passée au cinéma.
Si j’éteins le mode fan, même si je trouve toujours le film passionnant, je ne le trouve pas parfait pour autant. Loin de là. Disons que je trouve qu’il y a beaucoup beaucoup beaucoup de choses dans ce film, trop de choses. Car, si le résultat est totalement entraînant, il semble survoler beaucoup d’éléments. En fait, j’ai un peu l’impression que chaque lieu (le Ministère de la magie français, le monde magique français…) et chaque personnage ne sont pas assez exploités. (Je pense par exemple à un certain personnage évoqué dans le premier tome d’Harry Potter qui finalement n’apporte rien si ce n’est que c’était l’occasion ou jamais de faire un petit coucou, mais c’est valable pour tous : Leta, Tina, Nagini, Credence, etc.) (Je trouve aussi que s’ils passaient moins de temps à développer mille romances pour que tout le monde soit en couple, on gagnerait du temps…) Attention, je ne dis pas la multiplicité des intrigues me déplaît ! J’aime l’idée d’un film riche, dense, avec de nombreuses pistes, sujets, personnages, etc. Je regrette uniquement la superficialité – pas très surprenante, j’ai souvent ce ressenti avec les films – que cela peut donner à certains aspects du film, du fait qu’il ne dure que 2h15.
Quant à la « révélation finale » que je commençais à voir venir au fil du film mais je me disais « non, ils ne vont pas oser ! », je ne sais qu’en penser. Je suis sortie du cinéma en pensant « mouais… c’est un peu gros quand même, où elle va, là, J.K. Rowling ? ». A chaud, j’étais donc très dubitative. Maintenant, je me dis qu’un cliffhanger sert à attiser notre curiosité, à surprendre, donc j’attends impatiemment d’en savoir plus ! Je sais que diverses théories fleurissent déjà sur la toile, mais tout ce que j’espère, c’est que la suite restera cohérente avec les livres Harry Potter, mais je fais confiance à J.K. Rowling et suis curieuse de voir ce qu’elle nous réserve pour la suite !
D’ailleurs, plus je lis et j’entends de critiques négatives, plus j’ai envie d’apprécier et de défendre ce film. Je comprends que l’on puisse aimer ou pas, que l’on ait envie de critiquer certains points (je le fais aussi), mais parfois, je trouve que les griefs sont avancés de façon très péremptoire surtout concernant la fin : il reste trois films à venir et, même si elle a peut-être eu les yeux plus gros que le ventre, J.K. Rowling a encore le temps de nous étonner et de nous expliquer plein de choses ! Et si on laissait une chance à celle qui a su indescriptiblement nous émerveiller avec Harry Potter ?
Cependant, malgré mes reproches, c’est vraiment un sentiment positif qui ressort, je suis totalement enthousiaste et ravie, ne vous y trompez pas ! Ce n’est pas un film parfait, ce n’est pas un grand film, mais c’est un film fantastiquement divertissant avec des personnages fascinants (bien que trop superficiels) et servi par une esthétique splendide et irréprochable. De plus, j’ai beaucoup aimé certaines thématiques abordées ou certaines directions empruntées par certain·es d’entre eux/elles. Après, je suis très très très curieuse de découvrir les films suivants : n’oublions pas que nous ne sommes qu’en 1927 et que Dumbledore vaincra Grindelwald en 1945, il risque de s’en passer des choses !
Blackkklansman : j’ai infiltré le Ku Klux Klan, de Spike Lee (2018)
Au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l’histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions. (Allociné)
Blackkklansman est un film à la fois intelligent et divertissant. Spike Lee trace un portrait très humain de tous les protagonistes, qu’ils soient flics ou membre de « l’organisation ». Il présente ces derniers comme franchement flippants, sans les caractériser tout de go comme des monstres. La haine qui les habite se dessine progressivement derrière les sourires et les franches poignées de mains. Deux discours cohabitent : le discours officiel, qui n’étale pas sa haine au grand jour, qui prône l’Amérique d’abord (tiens tiens…), c’est-à-dire pour ces gens les Etats-Unis des WASP, les Blancs anglo-saxons protestants, et un discours horriblement violent qui se déploie entre initiés, si possible dans les caves aux murs recouverts d’armes.
Les deux policiers principaux, à savoir Ron et sa doublure blanche pour les rencontres en chair et en os, Flip, sont magnifiquement interprétés par John David Washington et Adam Driver. J’ai beaucoup aimé les tiraillements que connaissent les personnages, plongés dans une situation inédite. Ron, entre les conversations téléphoniques avec le Ku Klux Klan et sa relation avec Patrice, une militante pour les droits civiques, découvre que son statut de policier apparaît aux yeux des autres comme incompatible avec celui de Noir pour l’égalité. Flip renoue avec son identité juive (que le Klan méprise presque autant que les Noirs) qu’il croyait très loin de lui. Bref, un discours intéressant sur l’identité, les communautés et les rêves personnels.
Je ne suis pas une experte sur ces sujets, donc je ne peux totalement juger de la justesse de ce film, mais de mon point de vue plein d’ignorance, je trouve qu’il s’agit d’un film aussi important qu’intéressant, surtout accolé – comme Spike Lee l’a fait – aux images des manifestations de Charlottesville aux Etats-Unis. Un bon film porté par une incroyable histoire vraie, d’excellents acteurs et une mise en scène soignée. Un film qui fait, d’une manière assez effrayante, écho à l’actualité.
Il est tout de même difficile de chroniquer ce genre de films. En tant que femme blanche, je ne me sens pas très à ma place. Si j’ai été capable de parler un peu de Blackkklansman, je ne me risquerais pas à chroniquer Mississippi Burning que j’ai vu peu après. Car l’aspect humoristique et divertissant passe à l’as dans ce film grave et terrible. J’ai été révoltée par ce qui est montré, révoltée que l’on puisse agir ainsi (et accessoirement révoltée que ce soit l’attaque du Blanche par le Klan qui met finalement un coup de pied aux fesses du FBI et non les multiples agressions de Noir·es…), c’est une haine d’une telle ampleur qu’elle me dépasse totalement.
- The Full Monty, de Peter Cattaneo (1997)
Aujourd’hui, Sheffield, qui fut l’orgueil du Yorkshire et le joyau de l’Angleterre, est une ville sinistrée. Le chômage y règne en maître et les hommes désœuvrés errent dans les rues en quête d’illusoires petits boulots. La venue de la troupe des Chippendales, qui, lors de leur spectacle, provoqua un véritable délire chez les spectatrices, va donner des idées à Gaz et ses copains. Si les femmes de Sheffield craquent pour des éphèbes anabolisés, que penseront-elles de vrais hommes, prêts à aller jusqu’au bout en s’exhibant entièrement nus ? (Allociné)
(Disponible sur Netflix)
Une très sympathique comédie britannique. Une industrie au ralenti, du chômage pour tout le monde, on se croirait dans un film de Ken Loach. Sauf que, mené par un Robert Carlyle en forme, la bande de copains désespérés de voir leur vie leur échapper va se lancer dans le pari fou de passer outre leur âge, leur maigreur, leur embonpoint, leurs complexes physiques et le regard des gens pour proposer un spectacle auquel le voisinage est peu accoutumé. Pour une fois, ce sont les hommes qui complexent et qui se mettent à la place des femmes, comme dans cette scène où l’un d’entre eux fait remarquer à un autre qui vient de juger la poitrine d’une femme qu’il espère que ces dernières auront davantage de respect pour leurs corps à eux. De plus, on sent le poids que cette société met sur leurs épaules. Dans ce milieu ouvrier, un homme qui ne travaille pas ne semble pas très acceptable, surtout quand leurs femmes travaillent. Ainsi, Gerald n’ose pas avouer son licenciement à sa femme et, mois après mois, s’enfonce dans un mensonge ruineux puisque sa femme continue logiquement à dépenser comme avant.
Bourré d’humour, ce n’est donc pas un film qui laisse la tendresse de côté. Ces hommes émeuvent surtout lorsqu’ils entrouvrent l’armure de virilité dont ils se sont longtemps enveloppés. Malin, étonnant, réjouissant, entraînant.
- Astérix : Le domaine des dieux, d’Alexandre Astier et Louis Clichy (2014)
Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ ; toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Car un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. Exaspéré par la situation, Jules César décide de changer de tactique : puisque ses armées sont incapables de s’imposer par la force, c’est la civilisation romaine elle-même qui saura séduire ces barbares Gaulois. Il fait donc construire à côté du village un domaine résidentiel luxueux destiné à des propriétaires romains : « Le Domaine des Dieux ». Nos amis gaulois résisteront-ils à l’appât du gain et au confort romain ? Leur village deviendra-t-il une simple attraction touristique ? Astérix et Obélix vont tout faire pour contrecarrer les plans de César. (Allociné)
A l’heure où sort Le Secret de la Potion magique, le second film Astérix du duo Astier-Clichy, je découvre leur premier opus. Les adaptations d’Astérix en films d’animation des BD ne m’avaient jusque-là jamais enthousiasmée (pour être honnête, je les trouvais très laides et je n’ai jamais eu le courage de tenir plus de quelques minutes). Cette fois, ce fut un excellent moment !
Dire que les fans de Kaamelott ne seront pas dépaysés est un euphémisme. En tant qu’inconditionnelle de la série, je n’ai pas pu m’empêcher d’y songer tout du long. Outre un casting de voix qui titille agréablement nos oreilles – Alexandre Astier, Serge Papagalli, Lionnel Astier, Franck Petiot, Joëlle Sévilla, Brice Fournier… ainsi que ceux qui ont fait des apparitions dans la série tels que Alain Chabat ou Elie Semoun –, on retrouve également le ton de Kaamelott. Les nuls qui ne comprennent rien à rien, les réclamations des subordonnés, les engueulades, la tendresse… Pas de doute, Astier sait parler à notre cœur.
Même si je ne suis pas une experte dans les BD (donc je ne comparerai pas les deux scénarios), je pense que le film parlera aussi aux adeptes des aventures d’Astérix et Obélix. L’humour Astier se double de l’humour des BD pour un long métrage souvent très drôle et l’on retrouvera les inévitables disputes entre Ordralfabétix et Cétautomatix ou le dévastateur chant d’Assurancetourix.
Ajoutons, puisque c’était l’un de mes griefs contre les autres dessins animés qui me sont passés sous le nez, que l’animation est très réussie. C’est doux, c’est chaleureux, c’est beau. Les personnages sont expressifs et nous touchent aussi bien que s’ils étaient de chair et d’os.
L’histoire en elle-même fonctionne bien. Très énergique, elle interroge sur la mondialisation, l’attrait de la modernité et du confort, l’écologie, tout en mettant en place une sympathique amitié entre les Gaulois et une famille romaine.
Un humour brillamment simple et subtil à la fois qui fait mouche, une pincée d’anachronisme, quelques références culturelles (Le Seigneur des Anneaux, King Kong, Ratatouille, etc.), des personnages inoubliables que l’on retrouve avec une pointe de nostalgie, beaucoup de dynamisme = un film d’animation très réussi, un super moment de cinéma, une immense surprise et beaucoup de plaisir !
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Séries
- The Haunting of Hill House, créée par Mike Flanagan (2018, 1 saison, 10 épisodes)
Plusieurs frères et sœurs qui, enfants, ont grandi dans la demeure qui allait devenir la maison hantée la plus célèbre des États-Unis sont contraints de se retrouver pour faire face à cette tragédie ensemble. La famille doit enfin affronter les fantômes de son passé, dont certains sont encore bien présents dans leurs esprits alors que d’autres continuent de traquer Hill House. (Allociné)
(Disponible sur Netflix)
Quand on me dit « épouvante-horreur », je ne suis pas forcément hyper motivée dans le visionnage, mais là, quelque chose me tentait bien. Peut-être les aperçus de l’esthétique de la série que j’avais pu avoir à droite à gauche. Quoi qu’il en soit, me voilà partie pour Hill House.
Surprise, après un premier épisode toute tendue par peur d’avoir peur, je me suis aperçue que ce n’était nullement justifié. Bonheur, la série n’abuse pas des jump scare et autres grosses ficelles pour faire sursauter (j’ai donc pu boire mes immenses tasses de thé sans m’en renverser dessus toutes les deux minutes). Je me suis alors détendue, ce qui m’a valu une bonne grosse surprise lors d’une apparition à laquelle je ne m’attendais absolument pas. Plus que des sursauts, le côté épouvante de la série a surtout déclenchée deux ou trois vagues de frayeur à travers mon corps. Je ne suis pas amatrice des films d’horreur, mais quand c’est si bien dosé, j’avoue que c’en est paradoxalement agréable.
Mais alors, si la peur, l’horreur et la terreur ne sont pas le noyau dur de cette série, qu’est-ce que c’est ? Les personnages. La famille Crain. Si tout se passe bien, vous ne voudrez plus les quitter. On apprend à les connaître chacun leur tour, on les voit à travers les yeux de leurs frères et sœurs, on les découvre enfants et on les retrouve adulte. Passé et présent s’entremêlent pour nous offrir un tableau complet de cette famille. J’avoue que j’ai eu un gros coup de cœur pour Theo, Luke et Nell. Concernant Theo, j’ai été bluffée par Mckenna Grace et son regard noir dont émane un incroyable charisme : cette jeune actrice me renverse à chaque fois que je la retrouve (elle m’avait déjà impressionnée dans Mary et I, Tonya).
En fait, il n’y a rien à redire sur cette série. La réalisation est fantastique, on a les avantages de la série qui permettent de développer les personnages de manière bien plus riche qu’un film sans l’inconvénient d’une série qui traîne en longueur sur moult saisons. Servie par une image très belle, l’atmosphère trouble, tordue, névrosée est autant dû aux fantômes qui hantent la maison qu’aux démons qui obsèdent les différents protagonistes. Ceux-ci sont merveilleusement interprétés, que l’on parle des adultes ou des enfants.
Je ne m’attendais à rien de spécial en commençant mon visionnage, ce fut donc un véritable choc. Un véritable coup de cœur que cette mini-série absolument parfaite qui mélange très justement émotions, psychologie et une petite pincée d’épouvante.
Et vous, qu’avez-vous regardé ce mois-ci ?