La parenthèse 7ème art – Avril 2018

Nouveautés

  1. Moi, Tonya (VO : I, Tonya), de Craig Gillespie

 En 1994, le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d’avoir planifié et mis à exécution l’agression. (Allociné)

Moi, Tonya (affiche)

Je crois que j’ai tout aimé dans ce film. La façon dont il est construit en y insérant des « interviews » des protagonistes. L’humour subtilement dosé, subtilement injecté, parfois absolument cruel ou désespérant, sachant laisser place à l’émotion juste au bon moment. La façon dont est filmé le patinage : dynamique, sportive, précise, fascinante. Les rôles de la mère (Allison Janney) et de Tonya Harding (Margot Robbie, l’excellente Harley Quinn d’un Suicide Squad sans aucun autre intérêt). Le caractère de cette dernière : volontaire, arrogant, sans filtre.
J’ai vraiment apprécié le personnage Tonya Harding et ce film m’a donné l’impression de réhabiliter quelque peu la sportive et la jeune femme qu’elle était. De ce que m’ont dit des personnes suffisamment âgées pour avoir suivi cette affaire, elle était perçue uniquement comme une fille très dure et la méchante de l’histoire, son exploit avec le triple axel passant complètement à l’arrière-plan. Ici, on voit un être humain vraiment malmené physiquement et psychologiquement par sa mère, puis par son premier petit ami/mari.
Le film dénonce aussi un milieu sportif qui discrimine les patineuses en fonction de leurs origines sociales et qui préfère mettre à l’honneur de petites princesses à la vie parfaite plutôt que le talent s’il vient d’une fille un peu rustre, endurcie par une vie difficile. Je ne sais pas si telle est la réalité du monde du patinage artistique, mais les injustices dont Tonya est parfois victime sont consternantes. Si, contrairement à ce qu’elle affirme plusieurs fois dans le film, elle n’est pas toujours étrangère à  tout ce qui lui arrive, effectivement, ce n’était pas entièrement de sa faute : quel que fut son implication, elle a été surtout rattrapée par la violence qui l’a élevée.

Un film énergique et passionnant, drôle et émouvant, porté par deux actrices absolument parfaites.

(Le rôle de la jeune Tonya est joué par Mckenna Grace que j’avais découverte dans Mary : son regard noir transmettant à la fois force et vulnérabilité, elle est une nouvelle fois excellente.)

  1. L’île aux chiens (VO : Isle of Dogs), de Wes Anderson

En raison d’une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l’Ile aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville. (Allociné)

L'île aux chiens (affiche)

Films d’animation + Wes Anderson : je ne pouvais décidément pas manquer L’île aux chiens, le dernier film en stop-motion de ce dernier. J’y suis allée en fermant mes oreilles à toutes les critiques, j’avais simplement vu la bande-annonce. Et quel moment de cinéma !

Visuellement, c’est atypique et fascinant : la peau lisse de poupée des personnages, les pelages miteux des chiens, les paysages, les « effets spéciaux » à base de coton lors des bagarres… Si cela donne envie de tout toucher, ça ne nuit en aucun cas à l’immersion. L’on ose à peine imaginer le travail nécessaire à la création de des superbes plans qui émaillent le film.
Entre dystopie, western et récit d’aventure, le rythme décoiffant nous happe rapidement et nous voilà plongé au cœur de cette histoire étonnante et de cet univers atypique. Les dialogues vifs et bondissants, les sous-titres qui défilent en français et en anglais, la musique intense – la BO d’Alexandre Desplat est envoûtante, mêlant thèmes lancinants et airs guerriers portés par des tambours japonais –… tout cela impulse une dynamique efficace.
Porté par un casting impressionnant (comme toujours avec Wes Anderson), les langues sont multiples et le choix de laisser la place au japonais (écrit ou parlé) est à la fois plaisant et original. On ne comprend pas forcément ce que disent les personnages, mais leur ton est généralement suffisamment explicite pour que l’on comprenne. Nous nous retrouvons au même niveau que les chiens : nous les comprenons très bien à l’inverse des humains.

A travers ce conte parfois macabre, Wes Anderson rend un bel hommage à la gent canine et aborde nombre de problèmes sociétaux. L’île aux chiens et ses montagnes de déchets sont un appel écologique, le maître Kobayashi est une critique des despotes de ce monde, et le film dénonce l’intolérance qui imprègne le monde et la mise à l’écart des marginaux et autres SDF, mais j’y ai également vu un message d’amitié et d’espoir de connaître un jour égalité et tolérance. Malgré ce discours qui semble banal et un peu cucul, ce film ne l’est en aucune façon et mêle avec talent et réalisme poésie et violence, humanité et cruauté.

Hypnotisante. C’est le mot que j’utiliserais pour qualifier cette fable japonisante à l’humour acerbe et ironique qui enchante et étonne aussi bien la vue que l’ouïe.

Je vous encourage également à découvrir l’excellente chronique d’Alberte Bly sur ce film.

  1. Lady Bird, de Greta Gerwig

Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi. (Allociné)

Lady Bird (affiche)

J’avais vraiment hâte de voir ce film et je n’ai pas été déçue ! C’est une véritable plongée dans les affres de l’adolescence et je pense que tout le monde se retrouvera un peu en Lady Bird. Evidemment, il y a les immanquables – les amitiés qui se nouent, s’effilochent et se renouent, les premiers amours et les premières déceptions, la colère contre les parents, ce sentiment d’incompréhension et de frustration – mais il y a également de nombreux petits détails qui vont marquer cette dernière année de lycée qui vont permettre à Lady Bird de mûrir et de découvrir ce qu’elle doit à ces parents qu’elle pensait médiocres… J’ai trouvé le tout présenté sans la moindre caricature et avec une grande justesse.
La relation avec la mère est au cœur du film, ce que j’ai trouvé vraiment original car je n’ai pas le souvenir d’avoir vu beaucoup de films qui mettaient l’accent sur cet aspect-là de l’adolescence. Leur incapacité à dialoguer, bloquées par leur fierté, amène aussi bien une grande force émotionnelle qu’une certaine frustration pour le spectateur. Leur amour mutuel, muet et conflictuel, est vraiment magnifiquement mis en scène.
Saoirse Ronan est excellente (je l’avais déjà beaucoup aimé dans Brooklyn d’ailleurs) : vive, impertinente, passionnée, elle donne vie à cette rebelle qui se sent en décalage avec sa famille, sa ville, son lycée. Le reste du casting est tout aussi bon : Timothée Chalamet (que j’ai adoré dans Call me by your name) qui amène une touche de nonchalance arrogante, Tracy Letts, le père, bulle de douceur qui tente sans cesse d’arrondir les angles entre sa femme et sa fille, etc.
Un portrait sensible et sincère d’une adolescence dans l’Amérique post-11 septembre.

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 Autres films

  1. Les combattants, de Thomas Cailley (2014)

 Entre ses potes et l’entreprise familiale, l’été d’Arnaud s’annonce tranquille. Tranquille jusqu’à sa rencontre avec Madeleine, aussi belle que cassante, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques. Il ne s’attend à rien ; elle se prépare au pire. Jusqu’où la suivre alors qu’elle ne lui a rien demandé ? C’est une histoire d’amour. Ou une histoire de survie. Ou les deux. (Allociné)

Les combattants (affiche)

Une histoire assez simple et en même temps riche et originale. Un vent de rébellion, la naissance de l’amour chez deux personnalités antagonistes… Si les deux personnages sont très réalistes, Adèle Haenel se détache, intelligente, volontaire et enragée. Sa relation avec un Arnaud habitué à un certain confort est touchante grâce à leur duo étonnant qui marche du début à la fin.
Entre fin de l’humanité et désillusion quant à l’avenir, la jeune génération est clairement pas l’optimisme incarné (mais je ne vais pas critiquer, je m’y retrouve bien !). Malgré tout, Madeleine n’a pas tout abandonné : elle attend d’un stage au sein de l’armée (dire que si j’avais su qu’ils allaient à l’armée, je n’aurais sans doute pas regardé ce film…) un apprentissage poussé des techniques de survie (elle a beau être résignée, elle n’en est pas moins résolue à survivre le plus longtemps possible). Attentes cruellement déçues : ce sont l’obéissance et la solidarité qui sont exigées, et non les interrogations et les instincts primaires. Symptomatique de l’humour qui irrigue délicatement le film, cette discipline (que les personnages ne tardent pas à fuir) est gentiment moquée.
Ce n’est pas un film qui fera date dans mon esprit mais j’ai néanmoins passé un bon moment. Une histoire initiatique connue mais contée de manière si fraîche et inédite (ainsi mêlée avec une histoire de survivalisme) qu’elle en redevient intéressante.
(Et non, cet article n’est pas sponsorisé par le lobby des parenthèses.)

  1. Still Alice, de Richard Glatzer et Wash Westmoreland (2015)

Mariée, heureuse et mère de trois grands enfants, Alice Howland est un professeur de linguistique renommé. Mais lorsqu’elle commence à oublier ses mots et qu’on lui diagnostique les premiers signes de la maladie d’Alzheimer, les liens entre Alice et sa famille sont mis à rude épreuve. Effrayant, bouleversant, son combat pour rester elle-même est une magnifique source d’inspiration. (Allociné)

Still Alice (affiche)

(Disponible sur Netflix)

Un drame plutôt réussi qui nous fait entrer dans l’intimité d’une famille éprouvée par la maladie d’Alzheimer. La tragédie est prétendument amplifiée par le fait qu’Alice est une intellectuelle, une linguiste pour qui – elle l’explique d’ailleurs à un moment – les mots, l’expression et l’élocution jouent un rôle essentiel dans la construction de son identité (c’est ce qu’on essaie de nous dire, mais c’est en réalité toujours une tragédie quel que soit le milieu social de la malade). Si, avec ce genre de sujet, il y a forcément les « passages clés » de la progression de la maladie, attendus dès le début, qui semblent parfois là avant tout pour bouleverser le spectateur (spoiler : ça n’a pas marché avec moi), je trouve que le film garde globalement une certaine pudeur qui évite l’apitoiement.
Parmi les trois enfants du couple, Lydia (Kristen Stewart) est la seule qui été sympathique (même si je n’ai pas trouvé son jeu renversant). Le fils est relativement transparent tandis que la fille aînée est tout bonnement insupportable avec ses airs pincés. Lydia est la seule à ne pas viser une grande carrière comme le souhaite sa mère : elle veut être comédienne et s’est pour cela éloignée de sa famille en partant sur la côte Ouest. Elle est la seule à rester vraie, à parler franchement (mais avec tact malgré tout) à sa mère, même si cela engendre souvent des conflits.
Je suis entrée dans le film sans savoir ce que c’était et j’avoue que le trio « maladie + Julianne Moore + Kristen Stewart » m’aurait certainement fait reculer si j’en avais été prévenue à l’avance, mais j’ai passé un bon moment même si le film est très linéaire et globalement sans surprise.

  1. Will Hunting (VO : Good Will Hunting), de Gus Van Sant (1998)

Will Hunting est un authentique génie mais également un rebelle aux élans imprévisibles. Il est né dans le quartier populaire de South Boston et a arrêté très tôt ses études, refusant le brillant avenir que pouvait lui procurer son intelligence. Il vit désormais entouré d’une bande de copains et passe son temps dans les bars à chercher la bagarre et à commettre quelques petits délits qui risquent bien de l’envoyer en prison. C’est alors que ses dons prodigieux en mathématiques attirent l’attention du professeur Lambeau, du Massachusetts Institute of Technology. (Allociné)

Will Hunting (affiche)

(Disponible sur Netflix)

En dépit des dialogues qui touchent justes d’un bout à l’autre, le déroulement du film est assez classique et sans surprise. En réalité, ça n’affecte pas énormément le plaisir pendant le visionnage car je me laisse prendre par l’histoire, mais c’est un peu dommage malgré tout.
Cependant, j’ai apprécié que Will (Matt Damon) ne soit pas le genre « génie asocial (et moqué par les autres) » que l’on voit souvent. Il a une bande de potes avec qui il sort, il est bagarreur et rebelle, il est capable de parler à une fille, il fait des petits boulots, bref, il se débrouille. A ce niveau, ça change.
Tous les acteurs (et Minnie Driver, la seule et unique actrice…) sont excellents, à l’image de leurs personnages, attachants et vrais. Robin Williams est évidemment génial dans le rôle du psychiatre qui, finalement, fait sa propre thérapie en même temps que celle de Will. Son duo complice avec Matt Damon fonctionne à merveille.
Un très agréable divertissement.

  1. Paprika (VO : Papurika), de Satoshi Kon (animation, 2006)

Dans le futur, un nouveau traitement psychothérapeutique nommé PT a été inventé. Grâce à une machine, le DC Mini, il est possible de rentrer dans les rêves des patients, et de les enregistrer afin de sonder les tréfonds de la pensée et de l’inconscient.
Alors que le processus est toujours dans sa phase de test, l’un des prototypes du DC Mini est volé, créant un vent de panique au sein des scientifiques ayant développé cette petite révolution. Dans de mauvaises mains, une telle invention pourrait effectivement avoir des résultats dévastateurs. 
(Allociné)

Paprika (affiche)

Dans son « C’est le 1er » du mois de mars, Alberte Bly mentionnait son coup de cœur pour Paprika, un film que j’avais vu – et beaucoup aimé bien qu’il m’avait laissé bien décontenancée – il y a six ou sept ans. J’ai donc décidé de le voir et d’écrire cette petite critique avant d’aller lire la sienne.

Ce nouveau visionnage a été un vrai bonheur ! Et un sacré trip aussi. Parce que dans le genre étrange, bizarre et flippant, Paprika se pose là !
Si Inception vous a perdu, laissez tomber. Inception n’est pas si compliqué que ça à mon goût (d’ailleurs Alberte a un autre avis là-dessus, donc à vous de vous faire le vôtre !) alors que Paprika, même s’il ne présente pas tout à fait les emboîtements de rêves d’Inception, nous fait osciller sans cesse du rêve à la réalité, puis le premier entre dans la seconde, sommeil ou non. On se croit dans une scène ordinaire et paf, un truc totalement anormal se produit. La frontière est beaucoup plus poreuse et le résultat est beaucoup plus anarchique et inattendu dans la version japonaise. Bref, 1h30 d’onirisme et de délire, servie par une animation dynamique, dense et absolument envoûtante.

Entre les parades hallucinées et ondulantes pleines de poupées flippantes et les déformations corporelles parfois dérangeantes, ce n’est pas un film aussi gentil et joyeux que laissent imaginer ses couleurs acidulées et son entraînante BO – qui est totalement géniale. Il est sombre et le monde des rêves révèle bien des traumatismes et des obsessions chez les rêveurs. Toutefois, cette plongée dans cet univers pas si ludique que ça est aussi une plongée dans la psyché humaine et, si elle révèle la mégalomanie de certains, elle fait aussi grandir les personnages de Tokita, d’Atsuko et du commissaire Konakawa.

Original et inquiétant, voire glauque parfois, Paprika est une immersion surprenante dans un univers onirique et psychotique. Une expérience délirante que je vous conseille vivement !

(Cela m’a donné envie de me replonger dans le cinéma d’animation japonais et dans la filmographie de Satochi Kon – j’avais aussi vu Tokyo Godfathers (dont on voit l’affiche dans Paprika), mais une piqûre de rappel ne me ferait pas de mal –, ne soyez donc pas surpris si ceux-ci fleurissent dans les prochains bilans cinéma.)

  1. Fantastic Mr. Fox, de Wes Anderson (animation, 2010)

Fox, le plus rusé des voleurs de poules, sa femme, Mrs Fox, Ash, son fils, le cousin Kristofferson et tous les autres animaux de la forêt défient trois odieux fermiers. Ils vont vivre la plus périlleuse et délirante des aventures. (Allociné)

Fantastic Mr. Fox (affiche)

La découverte de L’île aux chiens m’a donné très envie de revoir le premier film d’animation de Wes Anderson, une adaptation du roman de Roald Dahl et, dès la présentation des trois fermiers, j’ai été plongée dans cette histoire de mon enfance.
L’animation en stop-motion est soignée – les poils, la fumée en coton… – et la mise en scène est parfaite : on aperçoit au travers de ce long-métrage tout ce que permet le choix de l’animation, toute l’inventivité qui vient servir le récit. L’anthropomorphisme exacerbé aurait pu me déranger, mais non, rien ne m’a heurté, d’autant plus que la bestialité de nos héros pointe régulièrement le bout de son nez : une goutte d’eau parmi toutes ses situations exagérées et parfois absurdes. Le film regorge de petits détails amusants (et pertinents) comme sait les placer Wes Anderson, comme ce décompte en années-renard par exemple. L’histoire de ce voleur invétéré est évidemment portée par un casting de voix aux petits oignons (autre signe distinctif du réalisateur) et des dialogues très fins.
Si L’île aux chiens me semble plus abouti et plus prenant, Fantastic Mr. Fox n’en reste pas moins un film sympathique, drôle et subtil, qui questionne l’ambition, la famille, la jalousie.

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Séries

  1. Captive (VO : Alias Grace), créée par Mary Harron et Sarah Polley, d’après le roman de Margaret Atwood (2017, mini-série, 6 épisodes)

Dans le Canada du XIXe siècle, un aliéniste américain, Simon Jordan, tente d’évaluer si Grace Marks, servante condamnée à mort (peine commuée en emprisonnement à perpétuité) pour les meurtres de son maître et d’une gouvernante, devrait être graciée. Est-elle innocente ou coupable, folle ou saine d’esprit ? (Wikipédia)

Alias Grace (affiche)

(Disponible sur Netflix)

Après m’avoir attirée par un scénario alléchant, puis par des premières images qui donnent immédiatement une grande envie d’en voir plus, cette mini-série s’est révélée être un vrai régal. Elle a su me surprendre et se jouer de mes attentes. Elle a su m’indigner (en même temps, ce n’était pas tellement difficile lorsque l’on voit les injustices auxquelles sont soumises les femmes), me fasciner, me questionner.

Les images sont superbes : la lumière, les costumes, les robes, les plans sur le visage de Grace, les incroyables édredons en patchwork… C’est décidé, la couverture en patchwork rencontre dans la longue liste des « un jour, je ferai ça » (juste après apprendre à coudre…). Visuellement – comme à tout autre niveau –, c’est vraiment une réussite !

L’actrice qui interprète Grace, Sarah Gadon,  a un visage absolument fascinant : doux et mystérieux, il semble illuminé de l’intérieur et l’on doute, comme le docteur Simon Jordan chargé d’établir son innocence ou sa culpabilité, jusqu’à la fin. Elle est véritablement troublante et, si le reste de casting ne présente aucune fausse note, c’est bien elle qui confère à la série tout son sel et son intérêt.

Six épisodes tout simplement parfaits, sans la moindre fausse note. Une série qui m’a laissée fascinée et quelque peu pensive.

  1. Avatar, le dernier maître de l’air (VO : Avatar : The Last Airbender), créée par Michael Dante DiMartino et Bryan Konietzko (animation, 2005-2008, 3 saisons, 61 épisodes)

Prisonnier à l’intérieur d’un iceberg pendant un siècle, Aang, un garçon d’une douzaine d’années, est libéré des glaces par deux jeunes membres de la tribu de l’eau du pôle sud. Aang a une destinée hors du commun : il est l’Avatar, chargé de garantir l’équilibre entre les maîtres des quatre éléments. Ceux-ci sont répartis en quatre civilisations : les tribus de l’eau, le royaume de la terre, la nation du feu et les nomades de l’air.
Toutefois, sa tâche se complique lorsqu’il découvre que la nation du feu a profité des cent ans passés pour semer la guerre et la destruction. Et ce, pour étendre son emprise sur les trois autres peuples. Aang est le seul à pouvoir rétablir l’ordre au sein de l’univers. Néanmoins, il doit commencer par apprendre à maîtriser tous les éléments. C’est le seul moyen d’atteindre son but. (Wikipédia)

Avatar le dernier maitre de l'air (affiche)

(Disponible sur Netflix)

Avatar est un dessin animé que ma sœur regardait et que j’aimais voir également, cependant, je voyais un épisode par-ci, par-là, et je n’ai jamais eu toute l’histoire. Ayant eu l’occasion (la chance, dirais-je) de mener une vie de célibataire pendant plusieurs jours ce mois-ci, j’en ai profité pour corriger ça – puisque Netflix a eu la gentillesse de les ajouter – et renouer avec mon âme d’enfant !

Et ça a fonctionné ! La maîtrise des quatre éléments est un sujet fascinant et je ne me suis pas lassée une seconde des prouesses qu’ils étaient capables d’accomplir avec l’air, l’eau, la terre et le feu. Visuellement, on en prend plein la vue, les mouvements sont tout en fluidité, il y a beaucoup de grâce et de puissance dans la danse qu’ils font avec les éléments.
Outre leurs fascinants pouvoirs, j’ai adoré découvrir les différents royaumes, les villes, voyager de la banquise aux montagnes, des marais aux volcans, faire la connaissance des gens et des créatures étranges qui peuplent ce monde. On découvre plein de cultures, de façons de vivre. Outre le ravissement pour la spectatrice que je fus, tout cela va également contribuer à l’évolution des personnages.

Bon, on reste dans un dessin animé. Globalement, les gentils sont les gentils (même s’ils vont parfois faire quelques bourdes, être jaloux ou désireux de vengeance, ils restent les gentils), les méchants sont les méchants et il y a un méchant qui va évidemment devenir gentil (mais pas forcément au moment attendu !). Toutefois les enfants mûrissent et ils vont aussi faire la connaissance de personnes qui ne sont pas toutes blanches ou toutes noires, des gens aigris, des gens qui se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment, des gens aveuglés par la tristesse. Leur long périple constitue un voyage initiatique qui leur fera connaître joie, deuil, amour, doutes, peur, amitié, jusqu’à les conduire là où est leur place.
La bande de l’Avatar est éclectique et sympathique. Elle n’est certes pas exempte de clichés, mais créateurs et scénaristes ont tout de même su par moments épaissir leur profil sans les cantonner uniquement à une facette. (Le seul épisode m’ayant insupportée au possible est celui où Katara succombe au charme de Jet, le brun mystérieux et rebelle. Grr !) Ils sont en outre entourés de toute une flopée de personnages secondaires dont certains sont vraiment géniaux (Bumi par exemple !).
(Et puis, il y a l’oncle Iroh doublé par Marc Cassot, alias la voix de Dumbledore ! En plus, il a un peu le même type de rôle : le vieux sage et pacifique, mais néanmoins extrêmement puissant, tout ça quoi.)

Emotions, humour, action. Diversités de paysages, de cultures et de caractères. Epoustouflante maîtrise des quatre éléments et combats ébouriffants. Joies et peines du quotidien. Beauté et poésie du monde. Cruauté et violences de la guerre.  Sagesse, spiritualité et philosophie. Mythes et esprits d’inspiration asiatique. Art du thé. Autant d’éléments mariés avec harmonie pour créer un dessin animé intelligent et vraiment très chouette.

(En cherchant une illustration pour la série, j’ai découvert qu’il y avait eu un film ! Je n’ose imaginer le résultat et, comme je ne veux pas corrompre les bons moments passés avec le dessin animé, voilà un film que je ne regarderai pas !)
(J’ai également découvert l’existence d’une suite intitulée La légende de Korra. Je me méfie toujours des suites, mais je pense tout de même la visionner à l’occasion.)
(Et n’oubliez pas que Adlyn du blog Un rat des villes a créé un petit challenge pour rendre hommage à cette très chouette série !)

Le Grand Méchant Renard, de Benjamin Renner (2015) et son adaptation en film d’animation (2016)

Le Grand Méchant Renard (couverture)Le renard est un habitué de la ferme. Il entre, salue le chien, le cochon et le lapin, tente de manger la poule, se prend une raclée par cette dernière et repart avec des navets faute de poulet pour son repas. Inspiré par le loup, il met au point un plan : voler des œufs pour élever les poussins jusqu’à ce qu’ils soient prêts à être mangés.
Mais évidemment, on se doute bien que son plan va tomber à l’eau comme tous les autres. Sinon, pas d’histoire et, surtout, pas d’humour.

Car l’humour est bien le point fort de cette bande dessinée. Elle est hilarante par les situations, les dialogues parfois caustiques, les personnages… avec en tête ce pauvre renard que l’on ne peut s’empêcher de prendre un peu en pitié tant il échoue dans toutes ses entreprises. La pauvre bête en voit de toutes les couleurs, humilié par tous les animaux, martyrisé par trois poussins trop aimants et trop dynamiques.
Mais son cœur de papa poule fond malgré tout devant ses trois terreurs et, avouons-le, nous aussi. Leur relation est touchante, pleine de taquineries et d’amour. Le renard se montrera prêt à tout pour les protéger du loup (qui, lui, est un vrai Grand Méchant). Sans oublier de se protéger lui-même de la poule et de son club d’extermination des renards ! Ce qui nous donnera de nouvelles occasions de rire de ses déboires.

Les aquarelles sont toutes douces et toutes jolies. Les protagonistes sont tous très expressifs, ce qui contribue à l’excellence de la BD. J’ai beaucoup apprécié le trait de Benjamin Renner. Les délicates petites vignettes, sans aucun détail superflu, donnent un aspect très léger et aéré à la bande dessinée. Le résultat : les pages tournent toutes seules et l’on dévore l’ouvrage sans s’en rendre compte.

Le Grand Méchant Renard est un véritable coup de cœur tant pour son scénario que pour son dessin. Oscillant entre humour et tendresse, c’est une bande dessinée originale et adorable, à mettre entre toutes les mains.

Le Grand Méchant Renard (extrait)

Et le film d’animation alors ?

Le grand méchant renard (affiche)Après avoir relu et adoré la BD, je suis allée découvrir l’adaptation cinématographique par Benjamin Renner et Patrick Imbert. Et autant vous le dire tout de suite, je suis déçue. Dans ce film d’animation, le rideau du théâtre de la ferme s’ouvre trois fois pour nous raconter trois histoires : « Un bébé à livrer », « Le Grand Méchant Renard » et « Il faut sauver Noël » (un choix peut-être étrange vu la saison, mais pourquoi pas…).

Parlons tout d’abord de la seconde qui reprend le scénario de la bande dessinée et sur laquelle se focalisait toutes mes attentes. Si les éléments et les rebondissements principaux sont bien là, je n’ai pu que constater que certaines coupes avaient été effectuées dans les dialogues notamment. Logique, allez-vous me dire, on pouvait s’y attendre. Certes, mais je ne m’attendais pas à ce que tous les passages les plus drôles à mon goût disparaissent. Le résultat est bien moins humoristique et moins fin que la bande dessinée. Idem pour certaines scènes trop mignonnes entre les poussins et leur mère adoptive. Dommage…
Quant aux deux autres histoires qui tournent autour des personnages du cochon, du lapin et du canard, elles sont assez bateau et je dois reconnaître ne pas avoir été touchée du tout. Disons que je pense que le public visé est quand même un public très jeune.

En revanche, l’animation est plutôt jolie surtout pour les paysages en aquarelle que j’ai adorés et d’ailleurs préférés aux personnages. Une remarque à ce propos sur l’apparence des poussins, bien moins mignons que dans la BD (mais peut-être plus facile à animer avec leur nouveau physique lorsqu’ils sont plus grands ?).

Voilà, une déception donc. Il est peut-être préférable de le découvrir lorsque l’on a aucune attente grâce à la BD.

Le grand méchant renard 2

Le Grand Méchant Renard, Benjamin Renner. Editions Delcourt, collection Shampooing, 2015. 189 pages.

Mes films préférés de l’année 2016

Je ne chronique pas assez de films à mon goût car je n’ai pas le temps, car je ne me sens souvent pas légitime pour chroniquer un film, mais je me rattrape un peu avec cette liste de mes dix films préférés.

Même si j’ai vu trente films de moins qu’en 2015 cette année, 2016 reste tout de même une bonne année pour le cinéma avec 78 films découverts en salles. Quelques déceptions, mais surtout beaucoup de plaisir et plusieurs gros coups de cœur.

Je vous propose de découvrir mes dix films préférés de l’année ainsi que cinq films supplémentaires qui se bousculaient au portillon pour entrer dans le Top Ten. Je vous les présente sans numéro car je suis incapable de les départager davantage.

Jodorowsky's Dune (affiche)Jodorowsky’s Dune, de Frank Pavich : le seul documentaire de ma sélection – même si j’ai également beaucoup aimé Le Bois dont les rêves sont faits de Claire Simon – m’a vraiment enthousiasmée. Il montre un homme incroyable, habité par un projet tentaculaire, qui a su réunir autour de lui une équipe incroyable. Fougue et passion sont les maîtres mots de ce film pendant lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde.

La saison des femmes, de Leena Yadav : un film épatant dont j’ai déjà longuement parlé dans l’une de mes rares chroniques « cinéma » ici !

Captain Fantastic, de Matt Ross : un drame familial tendre et émouvant, une réflexion sur l’éducation et la société, des acteurs remarquables et le rêve d’une vie à la marge – quoique quelque peu utopique – proposée par un père pas comme les autres. Magnifique.

Les animaux fantastiques, de David Yates : le film que j’attendais avec le plus d’impatience pour 2016 ne m’a pas déçue. Eddie Redmayne incarne un Newt Scamander touchant et sensible, j’ai été ravie de retrouver Ezra Miller (Credence) que je tiens pour un excellent acteur et de découvrir le personnage de Jacob (joué par Dan Fogler) que j’ai beaucoup aimé, les créatures sont variées et superbes – qu’elles soient rigolotes comme le Niffleur ou imposante comme l’Oiseau-Tonnerre – et on retrouve avec émerveillement toute la magie du monde des sorciers. J’ai été surprise par l’apparition de Johnny Depp que je n’aurais pas choisi pour incarner Grindelwald et un peu déçue par le jeu de Katherine Waterston (Tina) qui reste un peu larmoyant tout au long du film, mais cela n’a nullement gâché mon plaisir (si bien que je suis allée le voir deux fois).

Dernier train pour Busan, de Sang-Ho Yeon : les films d’horreur et les morts-vivants ne sont habituellement pas mon truc, mais il y a des exceptions. Dernier train pour Busan en est une. L’idée est simple, mais ce huis-clos mortel au rythme affolant m’a passionnée.

Divines, de Houda Benyamina : un premier film lumineux qui m’a totalement bluffée. Un ton juste et énergique, au plus près de la réalité et des moments d’une grande beauté et d’une force ébouriffante. L’actrice principale, Oulaya Amamra, est magnifique et nous emporte dans des instants sublimes.

Mademoiselle, de Park Chan-Wook : magnifique film, à l’esthétique envoûtante. Si les scènes de sexe entre les deux héroïnes m’ont laissée assez perplexe (car pas très convaincantes à mes yeux), j’ai été totalement embarquée par cette histoire aux rebondissements incessants, à l’ambiance sensuelle bien que parfois glauque. Je souhaite à présent découvrir les romans de l’auteure britannique Sarah Waters, le film de Park Chan-Wook étant inspiré du livre Du bout des doigts. 

Ma vie de courgette, de Claude Barras : le premier film d’animation de ma sélection peut compter sur un scénario atypique, horriblement dur et tendre à la fois. Les petits héros affrontent tous des situations difficiles – maltraitances, placement à l’orphelinat… –, mais le soutien de leurs copains et une sacrée réserve de bonne humeur les aident à tenir le coup. A travers un remarquable travail de stop motion, Claude Barras nous présente des personnages fabuleusement expressifs. Bouleversant.

Le Garçon et la Bête, de Mamoru Hosoda : trois films d’animation dans mon Top Ten, dont l’un venu du Japon. L’humour, ce monde des bêtes qui cohabite avec celui des humains, la relation qui va naître entre Kyuta et Kumatetsu

Zootopie, de B. Howard, R. Moore et J. Bush : j’ai hésité entre Kubo et Zootopie, mais je dois reconnaître que j’ai adoré ce nouveau Disney qui m’a beaucoup amusée avec ses nombreux jeux de mots, clins d’œil et autres traits d’humour. J’ai également été époustouflée en vrac par l’esthétique du film, notamment lors de la découverte de Zootopia avec ces différents écosystèmes, par sa galerie de personnages tous différents et bien caractérisés (les paresseux sont devenus cultes depuis Zootopie), par son message de tolérance, par son scénario qui ne s’essouffle pas (même si on devine assez vite le méchant de l’histoire).

Bonus : les cinq repêchés

 

Le Petit Prince, de Mark Osborne (2015)

  • Deux mots sur le livre…

Le fabuleux livre d’Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince. Ce livre, que j’ai découvert relativement tardivement, fait aujourd’hui partie de mes favoris. De ceux que je peux relire sans me lasser. Je suis fascinée par son double sens, la double interprétation qu’il propose. L’écriture enfantine et l’une histoire onirique du premier abord se transforme rapidement en un conte philosophique qui aborde les difficiles questions de l’amitié, de l’amour, de la mort, des hommes, de leur vanité ou leur avarice, de la manière dont nous abordons le monde au quotidien.* Tantôt fascinée par la poésie qui se dégage de ses pages, tantôt plongée dans une réflexion, j’aime l’aborder d’une manière ou d’une autre.

Le petit prince (édition pop-up Gallimard)

L’édition pop-up de Gallimard est tout simplement magnifique. En mettant en relief toutes les aquarelles d’Antoine de Saint-Exupéry, elle nous fait entrer plus en avant dans ce monde et prolonge la magie du récit. J’adore les livres animés et celui-ci est particulièrement réussi à mon goût.

*Pour aller plus loin, je vous propose de lire la critique de Nastasia-B sur Babelio. Je la trouve à la fois intelligente et passionnante. Elle m’a permis d’approfondir ma lecture sur certains points.

  • … Et sur le film.

« C’est l’histoire d’une histoire.

C’est l’histoire d’une petite fille, intrépide et curieuse, qui vit dans un monde d’adultes.

C’est l’histoire d’un aviateur, excentrique et facétieux, qui n’a jamais vraiment grandi.

C’est l’histoire du Petit Prince qui va les réunir dans une aventure extraordinaire. »

Le Petit Prince (affiche)

L’histoire du Petit Prince est mise sur la route d’une petite fille par son vieux et étrange voisin, l’aviateur. Obnubilée par ses études et la grande académie Werth, poussée par sa mère, elle est devenue une adulte avant l’âge et ne sait plus s’amuser. Si elle prend tout d’abord les fantaisies de son voisin pour des rêves idiots et une perte de temps, elle est peu à peu fascinée par l’histoire du Petit Prince que lui fait lire l’aviateur. Elle plonge dans une aventure fabuleuse qui lui permettra de retrouver le chemin de l’enfance.

Deux techniques se côtoient dans ce film d’animation : l’animation en CGI pour l’histoire et le monde de la petite fille et en stop-motion pour ceux du Petit Prince. Le stop-motion est vraiment une bonne idée. Outre le fait qu’il permet de distinguer les deux univers, ce côté « artisanal » se rapproche des aquarelles du livre. Seize minutes seulement en stop-motion, mais seize minutes de pure poésie.

Je dois toutefois diviser le film en deux parties. La première comprend la rencontre entre la petite fille et l’aviateur, leur amitié et l’histoire du Petit Prince. Dans la seconde, la petite fille part à la recherche du Petit Prince et le découvre sur une planète régie par le businessman. Devenu adulte, il semble avoir tout oublié. Le jaune et la lumière régnaient dans la première moitié ; le gris et l’obscurité sont devenus les maîtres dans la seconde.

J’ai adoré les deux. Mais j’ai adoré la première partie sans concession car on retrouve, on « relit » Le Petit Prince. Néanmoins, la seconde, bien qu’imaginée par les créateurs du film, est nécessaire pour arriver à la pleine compréhension et acceptation de l’histoire par la petit fille (notamment la mort). Elle est très belle, mais elle m’a parue plus lisse, plus classique que la première partie. De plus… Le happy-ending s’éloigne un peu trop de la fin voulue par Antoine de Saint-Exupéry. La fin du livre est beaucoup plus émouvante que celle du film.

Malgré ces légers bémols, ce qui fait la force de ce film, c’est sa beauté et son émotion. On peut lui reprocher de reléguer au second plan l’histoire d’Antoine de Saint-Exupéry, mais cela ne m’a pas dérangé. Elle est bien intégrée dans l’histoire de ces autres personnages. Il y a des séquences vraiment touchantes. Et on retrouve la matière à réflexion proposée par le livre.

Un film d’animation à la fois beau et poétique, avec un énorme coup de cœur pour les séquences en stop-motion !

Couleur de peau : miel, de Jung et Laurent Boileau (France – Belgique, 2012)

Couleur de peau mielJung fait partie de 200 000 enfants coréens éparpillés dans le monde entier suite à la guerre de Corée. Né en 1965 à Séoul, il est adopté en 1971 par une famille belge. De sa vie, il en a tiré un roman graphique, Couleur de peau : miel, qui est maintenant adapté au cinéma. Il y raconte l’orphelinat, puis le déracinement et l’adoption, la vie de famille, le passage difficile de l’adolescence…

Ce film d’animation, vue en avant-première suivie d’une rencontre avec Laurent Boileau, a été un coup de cœur. Une très heureuse découverte.

Couleur de peau : miel met en images différents thèmes et se questionne ainsi sur l’identité, sur l’intégration lorsque l’on se sent différent de sa famille ou encore l’amour de la mère et la famille. Tout cela avec poésie et émotion. Et humour parfois également. Personnellement, je ne savais pas que tant d’enfants coréens avaient été adoptés de par le monde et cette histoire m’a touchée. J’ai beaucoup apprécié le fait que les défauts du – des – personnage sont montrés et non cachés pour le rendre plus touchant, plus parfait ou je ne sais quoi. Un vent de vérité souffle sur ce film.

La forme de ce film d’animation est, elle aussi, stupéfiante. En effet, aux images dessinées se mêlent des séquences réelles : par exemple, des images stupéfiantes de dizaines (des centaines ?) enfants coréens dans un avion tirées des archives historiques ou des tranches de vie de famille sorties des tiroirs des parents adoptifs de Jung. Les images historiques donnent davantage de poids au film, elles nous disent : voilà, ce n’est pas qu’un dessin, c’est vrai, c’était vraiment comme ça, en voici la preuve. Tout cela montre et raconte le passé, or le présent s’invite également dans le film avec des images de Jung, Jung adulte, retournant pour la première fois dans son pays d’origine. Ces séquences sont, à mon goût, les moins réussies et sont parfois un peu lentes, mais elles ne gâchent en rien l’intérêt du film.

Couleur de peau : miel est donc un magnifique film autobiographique qui ne devrait pas rester confidentiel.

A suivre : une note sur le roman graphique dès que je me le serai procuré ! (ce qui, me connaissant, peut mettre des mois…)