La parenthèse 9ème art – Bergères Guerrières et Canoë Bay

Un peu lassée de voir traîner ces chroniques esseulées dans mon ordinateur, je vous propose une petite parenthèse 9ème art avec des lectures qui remontent à quelques mois maintenant. Deux très belles découvertes, dont la première ne vous est peut-être pas inconnue !

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Bergères Guerrières (3 tomes, en cours), de Jonathan Garnier (scénario) et Amélie Fléchais (dessin) (2017-2019)

Voilà dix ans que les hommes ont disparu, avalés par une guerre aux confins du pays. Les femmes ont dû s’organiser et surtout, organiser la défense du village. Ainsi est né l’ordre des bergères guerrières. Ce sont ces combattantes d’élite que la jeune Molly s’apprête à rejoindre en prenant le titre d’apprentie.

Au scénario, j’appelle Jonathan Garnier qui a fait naître l’énergique et émouvante Momo ! Et qu’avons-nous là ? Une histoire d’aventures et une histoire de femmes et de filles braves et prêtes à tout pour défendre leur village.
Dans un univers qui n’est pas sans rappeler la pittoresque bourgade de Berk (Dragons), Molly et ses amies sont nommées apprenties. Sous l’égide des guerrières d’élite, elles apprennent à manier arcs, épées et autres marteaux de guerre. Toutes ont des traits de caractère très différents – énergique, blasée, colérique, peureuse… – mais toutes se surpassent, affrontent leurs peurs, leurs blocages et leurs doutes. Être une fille n’est nullement un handicap dans ce pays. Et ce n’est pas Liam, le meilleur copain de Molly, qui dirait le contraire : il est au contraire prêt à tout pour rejoindre l’ordre des bergères guerrières.
J’ai aussi été sous le charme de la magie qui opère en ce monde. Pas de pouvoir pour nos bergères guerrières, mais des sorciers et sorcières qui vivent isolés, en communion avec la nature. Une tribu, une famille, un peuple féerique attirant quoique parfois inquiétant. Et cette magie noire aussi, qui a donné vie à cette Malbête dont l’ombre pèse sur le village.

Au dessin, j’appelle Amélie Fléchais dont la beauté du trait n’est plus à prouver ! Déjà, il y a ces couvertures qui sont tout simplement à tomber ! Ensuite, elle offre à cette contrée des teintes écossaises avec ces rochers, ses étendues vertes, son brouillard, ses moutons : rien que cela avait de quoi me séduire. Ses personnages sont très expressifs et plutôt craquants, à commencer par ce petit feu follet prénommée Molly. Avec sa chevelure rousse, ses bonnes joues et son enthousiasme mâtiné d’un sale caractère, difficile de rester de marbre face à cette héroïne entraînante. Tout en rondeur et en douceur, son trait si distinctif apporte un véritable charme à cette histoire.
Par contre, pour être honnête, j’ai été déstabilisée par le tome 3. L’histoire est toujours aussi chouette, mais le dessin m’a semblé bien différent. Plus grossier, aux traits plus épais. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai lu le troisième tome deux mois après les deux premiers ou si la disparité dans le coup de crayon est bien réelle, mais cela a fait naître un sentiment mitigé sur le troisième tome qui tranche avec l’enthousiasme des premiers. Cela, cependant, ne retire en rien les qualités de cette saga dont j’attends la suite avec curiosité et impatience.

Comment dire non à une si belle histoire d’amitié, d’égalité, de courage et de magie ? Tendre, humour, aventure et féminisme, le tout dans une ambiance celtique/viking, personnellement, j’en redemande !

Bergères Guerrières (2 tomes), Jonathan Garnier (scénario) et Amélie Fléchais (dessin). Glénat, coll. Tchô !.
– Tome 1, La Relève, 2017, 70 pages ;
– Tome 2, La Menace, 2018, 71 pages ;
– Tome 3, Le Périple, 2019, 64 pages.

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Canoë Bay, de Tiburce Oger (scénario) et Patrick Prugne (dessin) (2009)

Canoë Bay (couverture)Ce roman graphique raconte l’histoire de Jack, jeune Acadien orphelin, qui, alors qu’il n’est que mousse, se découvre détenteur d’un indice conduisant à un fabuleux trésor.
J’attendais pour en publier la chronique d’avoir lu les autres ouvrages du même auteur et de la même série – à savoir Frenchman, Iroquois, Pawnee et Vanikoro – que possédait la bibliothèque où je travaillais, sauf que j’ai si bien lu autre chose que me voilà partie, d’où cette simple chronique.)

Cette bande dessinée mêle deux histoires. Une histoire fictionnelle sur fond historique.
Pour l’histoire avec un grand H, c’est l’histoire du Canada en 1755, ce sont les conflits franco-britanniques pour le Nouveau Monde, c’est l’esclavage. C’est croiser les noms de Mary Read, Anne Bonny et Calico Jack Rackham.
Et dans cette grand Histoire, il y a le jeune Jack. Il y a la rencontre avec des Indiens et des pirates ! Un rêve de gosse, pas toujours idyllique avouons-le. Le chef de la bande de pirates, John Place, alias « Lucky Roberts », rappelle le John Silver du film Disney La Planète au trésor : avide de trouver son or mais pas si « sans foi ni loi » finalement. C’est un récit d’aventure, d’amitié, d’amour, mais aussi de combats et de mort. Un périple, la nature, les dangers, les haines des hommes. Pas de répit, pas d’ennui.

Et puis, il y a les dessins de Patrick Prugne, l’auteur de Poulbots, sublime ouvrage dont j’ai déjà parlé, à ne pas confondre avec son fils Thibault Prugne (dessinateur tout aussi talentueux par ailleurs). Dès qu’on ouvre la BD, c’est parti, on en prend plein les yeux. Les paysages, les forêts, les lacs… Les couleurs, la chaleur de ses illustrations, l’expressivité des personnages… Les aquarelles de l’artiste sont absolument sublimes.

En bonus (et je ne dis jamais non aux bonus) : plein de croquis et d’esquisses préparatoires qui enrichissent la fin de l’ouvrage et donnent à voir un soupçon du travail de documentation nécessaire à un tel ouvrage.

Une très belle bande-dessinée portée par des illustrations magnifiques, notamment de la nature nord-américaine.

Canoë Bay, Tiburce Oger (scénario) et Patrick Prugne (dessin). Editions Daniel Maghen, 2009. 102 pages.

12 réflexions au sujet de « La parenthèse 9ème art – Bergères Guerrières et Canoë Bay »

      • Quand on pourra sortir (haha, « quand »), je le trouverai à la bibliothèque ! Aussi, j’ai lu en BD Dans les forêts de Sibérie de Tesson, je ne sais pas si ça t’intéresse mais c’est vraiment bien !

        • J’espère que ta bibliothèque l’aura !
          Je vais passer mon chemin pour la BD de Tesson. Je ne sais pas ce que ça donne en version graphique, mais j’ai profondément et viscéralement détesté le bouquin, donc je crois que je vais éviter de me rapprocher de Tesson à nouveau !

          • Haha si tu as détesté ne lis pas la BD alors ;), c’est la même histoire. Moi j’ai adoré (bon sauf quand il passe son temps à se soûler, et je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il écrit mais je trouve ça beau). Pourquoi as-tu détesté… ?

              • J’ai lu ton article, et donc… Je ne suis pas d’accord mais je peux comprendre ton point de vue. Et du coup j’ai lu ta chronique d’Indian Creek et ça me semble génial ! J’essaierai de le trouver une fois le confinement terminé. J’ai aussi lu tes autres chroniques de naturewriting, ça me donne des idées. Tu connais Walden ou la vie dans les bois, de Thoreau ? Je suis en train de le lire et j’adore…

                • Tant mieux si tu as aimé, c’est ce que j’espérais avant de lire Tesson et, si mes attentes ont été terriblement déçues, je suis contente pour toi que cette lecture ne fut pas le même calvaire que pour moi !
                  Je connais Walden, mais je ne l’ai jamais lu même si c’est une envie de lecture que j’ai depuis longtemps !

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