Billy Brouillard est un petit garçon à l’imagination débordante. Son don de « trouble-vue » lui permet de déceler une réalité invisible pour la plupart des gens. Une racine devient un serpentaire, un vieil épouvantail un esprit resté sur terre, une simple flaque le royaume d’une princesse solitaire.
Dans le premier tome – Le don de trouble vue –, Billy découvre son chat Tarzan, compagnon pas toujours volontaire de ses jeux, mort dans les bois. Résoudre le mystère de la mort devient donc sa mission afin de ramener Tarzan dans le monde des vivants. Dans le second tome – Le petit garçon qui ne croyait plus au Père Noël –, il remet en doute l’existence de ce singulier personnage. Non seulement celui-ci a échoué à lui ramener Tarzan, mais voilà qu’il découvre un costume dans la chambre de ses parents. Dans le troisième tome – Le chant des sirènes –, convaincu d’avoir perdu son don de « trouble-vue », Billy Brouillard se résigne à appréhender le monde dans toute sa triste réalité, avec ses humains mangeurs de cadavres et ses océans bientôt vides. Jusqu’à ce qu’une mésaventure l’entraîne au fin fond des enfers pour y délivrer l’âme d’une étrange sirène prénommée Prune.
Les romans graphiques Billy Brouillard m’attiraient depuis longtemps sans avoir pour autant l’occasion de les découvrir. Ils faisaient partie de ces livres desquels, lorsque je les voyais en librairie, je me disais « oh, j’ai trop envie de les lire, ceux-là, il faut que je me les offre une prochaine fois ! », sauf que de prochaine fois en prochaine fois… je ne les lisais toujours pas. Du coup, je me suis résigné à simplement l’emprunter à la bibliothèque.
J’ai commencé par Le chant des sirènes, découvrant après coup qu’il s’agissait du troisième volume, mais cela n’a été d’aucune importance dans la compréhension de l’histoire et du personnage. (J’ai sans doute raté des références aux volumes précédents en revanche.)
Et je me suis régalée.
Et je me suis ensuite procurée les deux premiers tomes évidemment.
Ouvrages quelque peu hybrides, ces bandes dessinées entremêlent à l’histoire principale des poèmes et comptines, du récit en prose, des bestiaires surprenants, des extraits de la « Gazette du bizarre », des anecdotes sur les talismans ou les superstitions, les cauchemars ou les esprits, des récits sur des personnages aux destins tragiques – la fille aux chats, la petite sirène qui ne voulait plus en être une, la fille aux couteaux… –, des recettes de philtres magiques, etc. Quelques bizarreries se glissent ici et là, comme ce premier tome dont la pagination reste bloquée jusqu’à la fin au chiffre 13. Le tout dégage une atmosphère quelque peu désuète. Comme un grimoire que l’on aurait déniché au fond du grenier.
Ces bandes dessinées se démarquent réellement par leur esthétique gothique et leur atmosphère macabre. J’y ai retrouvé un petit côté Tim Burton, le Tim Burton des poèmes du Petit enfant huître, de Beetlejuice ou encore du court-métrage Vincent. Difficile de ne pas faire de rapprochement entre ces deux enfants très imaginatifs, curieux et avides d’expériences morbides – même si l’un utilise son chien et l’autre son chat (voire sa petite sœur). Ces pages sont remplies de choses mortes et visqueuses, de créatures rampantes et sifflantes, de morts et de mutilations… le tout raconté avec cette légèreté et ce détachement qu’on peut trouver dans des contes affreux.
Trois BD sur l’enfance et tout ce qu’elle recèle de trésors, d’émerveillement, d’angoisses, de chagrins et de désillusions. Billy vit sa vie comme une aventure perpétuelle, peuplée de créatures fabuleuses et de monstres sanguinaires, mais il croise sur son chemin la mort, l’amour, l’amitié. C’est drôle, sinistre, dense, poétique, fantastique, morbide, farfelu, cruel, touchant. Au-delà des péripéties haletantes et de toutes les bizarreries qui les parcourt, ce sont aussi et surtout des odes sublimes à l’imagination dissimulées sous de magnifiques objets.
Billy Brouillard (3 tomes), Guillaume Bianco. Soleil, coll. Métamorphose.
– Tome 1, Le don de trouble vue, 2008, 143 pages ;
– Tome 2, Le petit garçon qui ne croyait plus au Père Noël, 2010, 103 pages ;
– Tome 3, Le chant des sirènes, 2012, 141 pages.
Challenge de l’imaginaire
J’aime aussi beaucoup Billy Brouillard pour les aspects que tu mets en avant : ambiance macabre, créatures hybrides, diversité des écrits, charme suranné qui se dégage des pages…
Je ne pense pas, en revanche, avoir lu Le petit garçon qui ne croyait plus au Père Noël, mais je ne doute pas qu’il soit à la hauteur des autres livres 🙂
En ce qui me concerne, Le petit garçon qui ne croyait plus au Père Noël est celui que j’ai le moins aimé. Il est un peu plus court et je l’ai trouvé moins riche que les deux autres. Mais j’ai passé un bon moment quand même !
C’est bon à savoir, merci 🙂
Oh ! Voilà un billet qui donne bien envie ! ! Merci pour cette découverte.
Merci à toi ! J’espère vraiment que tu auras l’occasion de les lire !
Ce n’est pas vraiment le format littéraire après lequel je cours le plus, mais je comprends que tu te sois régalée ! Ces objets-livres sont superbes et si en plus le contenu est à la hauteur … c’est que du bon ! ^^
Ces livres sont vraiment magnifiques !
Si les romans graphiques ne sont pas ton truc, je peux difficilement te convaincre, mais ça a été de sacrées bonnes lectures en effet !
Le travail de mise en page est vraiment superbe ! Si le texte et l’histoire possèdent le même charme, il faut vraiment que je les trouve. 😀
Oui, le texte a parfois un charme fou ! Regarde si tu peux les trouver en bibliothèque peut-être…
Oui, je vais faire ça. 🙂
Ouh que ça fait envie !
Ahah ! Merci ! Ça me fait plaisir si je peux transmettre le plaisir que j’ai eu à les lire !
Olalala je suis complètement sous le charme ! Merci pour la découverte, j’ai juste envie de sauter à la médiathèque et de baver dessus pendant des heures!
Je t’en prie, ne te gêne pas et fais donc ça ! Ça été plus ou moins ma réaction quand j’ai enfin craqué !