Alexandre est emprisonné. Délit de fuite, conduite sans permis, infractions diverses, le voici à Fleury-Mérogis. Quand sortira-t-il ? Il n’en sait encore rien. Et de l’autre côté – des murs, de la frontière franco-allemande –, il y a Pénélope, sa femme, qui l’attend et s’occupant, jour après jour, du déménagement, du travail, la société de son mari, des courses, de leur fille Pamina.
Ma critique ne sera pas bien longue. Pourquoi ? Parce que, si j’ai apprécié ma lecture, si j’ai été parfois attendrie par le personnage d’Alexandre – que l’on suit beaucoup plus que sa femme –, si j’ai aimé suivre cette chronique des jours passés en prison, je n’ai pas énormément de choses à en dire.
Histoire inspirée d’un véritable Alexandre qui a écrit de nombreuses lettres à sa femme et sa fille pendant les cent sept jours de sa détention. Il nous raconte tout ce qui fait la prison : la promiscuité, les apprentissages sur le comportement à adopter, les différents codétenus, les conflits, le temps passé à fixer le plafond, les petites occupations, les rendez-vous avec les juges et avocats, les reports, l’inquiétude, les regrets… C’est un récit particulièrement réaliste. Humain aussi évidemment.
Qui raconte comment la souffrance est partagée. Pas toujours très bien comprise par celles et ceux qui ne la vivent pas, l’épreuve est éprouvante pour lui qui est dedans comme pour elles qui sont dehors. Pour cette petite fille qui ne comprend pas pourquoi son papa est « au coin », pourquoi il ne rentre pas. Pour sa femme qui gère tout à bout de bras. Pour lui dont la nonchalance, voire la naïveté des premiers jours se retrouvent bien vite effacée par cette vie dans une cage.
Pourtant, je n’ai pas été aussi happée et touchée que ce à quoi je m’attendais. J’ai trouvé la lecture intéressante et non pas dénuée de qualités comme j’ai pu le dire précédemment, mais je l’ai trouvée aussi assez banale. Peut-être ai-je également été surprise par la douceur qui en ressort, par ce personnage plutôt lumineux, par une certaine délicatesse qui a échoué à me faire ressentir la rudesse de cette histoire. Quoi qu’il en soit, je pense que je l’oublierai malheureusement assez vite finalement.
Cette lecture m’a donc laissée un peu mitigée, mais elle possède d’indéniables qualités et je vous invite à lui laisser une chance si le sujet vous intéresse.
« Un instant infime, tout appliqué qu’il était à écrire, il s’est cru libre. Libre de pouvoir descendre sur les quais, pour aller saluer Clément au Bistrot des Augustins. Prendre un verre même peut-être. Il en est tout étourdi. Il a cru qu’il était libre. Il a cru aux arbres derrière la fenêtre, aux péniches, aux pavés, au vent qui vient de loin, aux odeurs de marrons grillés. Il a cru au goût du vin, aux brèves de comptoir. Il a cru qu’il irait guetter le passage de Pénélope rentrant du travail devant le restaurant où ils gardent les voitures. »
« Il doit écrire cette lettre. C’est une mission délicate. Pénélope lui a raconté que Pamina a subi des moqueries au Kindergarten. Un enfant a décrété qu’elle était « trop foncée » pour qu’il joue avec elle. Alexandre a mal au cœur. Il sait.
Pamina ma princesse,
Maman m’a raconté qu’un enfant avait été vilain avec toi. Ça risque d’arriver encore de rencontrer des enfants ou des grands qui se méfient ou te rejettent parce que ta peau n’a pas la même couleur que la leur. Ta peau a la couleur du caramel et c’est si joli. Petit j’étais le seul enfant à la peau noire dans ma classe. Je te montrerai la photo un jour si tu veux. Les autres trouvaient ça bizarre c’est parce qu’ils n’étaient pas habitués.
Alexandre prend une grande inspiration. Il sait. Il sait l’injustice et la rage, l’humiliation et le mépris. »
« Je vais devoir aller prendre l’air avec Pamina. Nous partons à Lille chez mon amie Lisa. Ça ne me réjouit pas, je n’en ai pas l’énergie, mais je dois le faire pour elle et moi. Je ne veux pas lui montrer l’exemple d’une maman qui attend fébrilement le retour de son homme. Nous, nous ne sommes pas prisonnières. Alors, on ne doit pas s’enfermer dans la seule attente de ton retour. Je ne veux pas que, plus tard, ma fille soit celle qui attend un type.
Même si comme toi, c’est un type bien. »
Celle qui attend, Camille Zabka. L’Iconoclaste, 2019. 261 pages.
Dommage ça avait l’air pas mal ! J’ai lu très peu de romans se passant en prison, je mets quand même cette histoire de côté, mais peut être en y mettant moins d’attente que prévu =)
En histoire de prison, j’avais adoré La Cavale, d’Albertine Sarrazin. C’est un vieux livre, ça date des années 1960, mais j’avais adoré sa voix. C’est autobiographique (en tout cas, elle a fait de la prison, s’en est échappée, y est retournée…) et il y a un mélange humour, argot et poésie qui m’avait totalement séduite. (Bien plus que celui-ci !)
Oooh je note merciii ♥
Je l’avais lu l’an dernier (je crois qu’il faisait partie de la rentrée littéraire 2018 ? je ne sais plus…) J’en étais aussi ressorti avec un sentiment de lecture agréable, d’un peu de tristesse pour ce personnage, mais je ne m’y suis pas non plus impliquée, à ton instar. Le récit est trop lisse pour laisser une impression très marquante, même si c’était très intéressant de découvrir la vision de la prison des deux côtés (je l’ai vu aussi récemment dans Un mariage américain, qui explore beaucoup plus en profondeur les dilemmes moraux qui en naissent). Et les lettres sont touchantes ! Mais tu as bien raison, le roman est trop léger, on l’oublie assez vite.
Il est sorti en avril 2019, tu avais peut-être eu un SP ? Je me retrouve tout à fait dans ce que tu en dis. C’est une lecture qui est passée trop vite et avec trop de légèreté (malheureusement, car ce n’est pas ainsi que les personnages vivent la situation) pour être véritablement marquante.
Oh non, je l’avais lu à sa sortie en librairie, donc c’est juste moi qui mélange les dates ! On est bien d’accord sur cet avis en tout cas. Cela ne marque pas assez…