Jeux de miroirs, d’E.O. Chirovici (2017)

Jeux de miroirs (couverture)Jeux de miroirs, tel est le titre d’un étonnant manuscrit qui prétend faire la lumière sur le meurtre du professeur Wieder, référence dans le domaine de la psychologie cognitive, jamais élucidé depuis les années 1980. Mais lorsque l’agent littéraire Peter Katz tente de contacter l’auteur, il découvre que Richard Flynn est décédé et que personne ne sait où se trouve la suite du roman. Peter Katz décide donc de faire appel à un journaliste d’investigation pour écrire la suite.
Peter Katz, l’agent littéraire, John Keller, le journaliste d’investigation, et Roy Freeman, le policier à la retraite, prennent successivement la parole et tentent chacun leur tour d’élucider cette affaire.

La quatrième de couverture annonce un « suspense haletant » que je n’ai pas retrouvé dans le roman. Il n’y a pas non plus de rebondissements exceptionnels et inattendus au fil du récit. Si cette histoire n’a pas besoin de ça pour plaire (d’ailleurs, je ne crois pas que l’objectif de l’auteur ait été d’offrir aux lecteurs un roman à suspense), je trouve ça un peu dommage de le vendre ainsi. Ce roman qui m’a rappelé La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker est en réalité plus subtil et nous emmène dans les recoins de la mémoire pour y décortiquer les souvenirs des uns et des autres. Mais qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est construit par le cerveau ? Quels sont les pouvoirs de l’esprit ? Jusqu’où peut-il fabriquer ou altérer des souvenirs ? Des questions passionnantes à mon goût.

La fin de la première partie est relativement frustrante. En effet, elle est quasiment essentiellement composée du début du manuscrit de Richard Flynn, ce qui place les protagonistes de cette affaire non résolue, et je me demandais si l’on connaîtrait réellement le fin mot de cette histoire. Par la suite, ce n’est qu’une succession de témoignages non concordants, de mensonges, de fausses pistes, d’amnésies et de manipulations… A croire que le mystère Wieder est destiné à rester intact. (Mais rassurez-vous, E.O. Chirovici ne nous fait pas ce coup-là et l’assassin et ses motivations nous seront dévoilés.) Le fait de revivre ces événements au travers des souvenirs des différents protagonistes est véritablement passionnant et nous permet d’avancer progressivement dans l’histoire.

Trois narrateurs pour démêler les confessions et les mensonges des différents témoins, une plongée dans les arcanes de l’esprit, une écriture fluide et agréable, Jeux de miroirs est un roman prenant avec lequel j’ai passé un très bon moment. (Par contre, si vous cherchez un polar véritablement haletant, passez votre chemin.)

« Découvrir enfin la vérité au sujet d’une affaire qui vous a longtemps obsédé, c’est un peu comme perdre un compagnon de voyage – un compagnon bavard, indiscret et envahissant jusqu’à friser l’impolitesse, mais dont la présence vous est devenue familière dès votre réveil. C’est l’effet que produisait sur moi l’affaire Wieder depuis plusieurs mois. »

Jeux de miroirs, E.O. Chirovici. Les Escales, 2017 (2017 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais par Isabelle Maillet. 314 pages.

11 réflexions au sujet de « Jeux de miroirs, d’E.O. Chirovici (2017) »

      • Je connais ça… Je m’en suis rendue compte en lisant des chroniques sur « Le couple d’à côté » de Shari Lapena. Je me rappelais l’avoir lu, avoir apprécié mais impossible de me rappeler de quoi ça parlait.
        C’est aussi comme ça que je juge mes lectures, des livres que je pensais ne pas avoir apprécié me restent finalement en mémoire quand d’autres que je croyais avoir aimé s’effacent totalement

        • Exactement. Ça ne remet pas en question le fait que j’ai passé un bon moment à la lecture, mais le livre se révèle parfois pas si marquant.
          En revanche, les livres que je n’ai pas aimé et qui me restent en mémoire ne sont pas pour autant des livres que j’ai aimé en réalité : je pense à Dans les forêts de Sibérie de Tesson, je pourrais toujours disserter dessus, mais c’est bien pour souligner tout ce que je n’ai pas aimé dans ce livre !

          • Haha c’est vrai ! Je me suis rendue compte en faisant mon compte rendu littéraire mensuel que celui sur lequel j’ai le plus écrit c’était « Tokyo sisters » que j’ai détesté.
            C’est vrai que, quand j’aime un livre, c’est assez rapide en général : « J’adore, c’est génial ! ». Mais quand je déteste c’est plus long parce qu’il y a souvent de nombreux points qui m’ont déplut et je me sens obligée de tous les détailler minutieusement pour qu’on comprenne bien pourquoi j’ai détesté

              • Pareil ! En plus parfois je m’énerve pendant ma lecture en criant toute seule « Mais enfin c’est pas vrai d’être aussi nul ! » et c’est le genre de choses dont je me rappelle très bien plus tard. Dommage que les mauvaises lectures restent autant à l’esprit que les bonnes !

                • Mais oui ! C’est dommage, mais en même temps, j’aime bien ces livres qui me font réagir, une façon comme une autre de se défouler, j’imagine ! ^^

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