Nobody Owens a grandi dans un cimetière. Une vie parfaitement banale donc entre un couple de fantômes, une sorcière ayant été brûlée vive quelques siècles auparavant et un étrange tuteur ni mort ni vivant nommé Silas. Mais quelqu’un est après lui depuis des années : le Jack. Un tueur infatigable qui a assassiné sa famille lorsqu’il était bébé.
Non non, je n’aime pas du tout Neil Gaiman et je ne suis pas du tout en train d’avaler peu à peu toute sa bibliographie depuis un an. En réalité, j’avais déjà lu celui-ci à sa sortie, mais je n’en avais guère de souvenirs. Cette relecture donc fut un plaisir, mais pas un coup de cœur.
En effet, je trouve que le Jack, malgré son potentiel, n’a pas la carrure des autres méchants de Gaiman, des autres méchantes surtout comme la fausse mère dans Coraline ou Ursula Monkton dans L’Océan au bout du chemin. Il faut dire qu’on le voit (et même qu’on l’évoque) finalement assez peu, excepté au début et à la fin du roman. Nobody ne prend connaissance de son existence que tardivement. Ses parents et Silas lui répètent souvent qu’il n’est pas en sécurité en dehors du cimetière car ils ne peuvent le protéger en dehors de ses frontières, mais c’est un avertissement flou pour le jeune garçon qui ignore tout du Jack et de ses sombres desseins.
Avec ses nombreuses ellipses, ce livre est surtout la succession des (més)aventures jalonnant l’enfance de Nobody : la Vouivre, Scarlett, la Porte des goules, etc. Cette progression en saut de puces au fil des années m’a empêchée de réellement m’attacher à Nobody.
En revanche, j’ai aimé le cadre et l’ambiance gothique du roman. J’irai bien me promener dans ce vieux cimetière avec ses vieilles tombes parfois recouvertes de mousse, ses caveaux poussiéreux, ses statues abîmées et le tumulus de l’Homme Indigo.
Quant aux personnages, si j’ai apprécié le voyage dans l’Histoire grâce aux fantômes, morts à diverses époques, ma préférence va à Silas, être sombre et secret que l’on sent intérieurement torturé.
Un roman à la fois d’apprentissage et d’aventures qui, en dépit de quelques défauts, s’est révélé bien sympathique et où l’on retrouve la poésie, la tendresse, l’humour et l’ambiance sombre et mélancolique des romans de Neil Gaiman.
« C’est comme les gens qui s’imaginent qu’ils seront plus heureux en allant vivre ailleurs, mais qui apprennent que ça ne marche pas comme ça. Où qu’on aille, on s’emmène avec soi. »
« Dans tout cimetière, une tombe appartient aux goules. Arpentez n’importe quel cimetière le temps qu’il faudra et vous la trouverez : souillée et gonflée d’humidité, la pierre fendue ou brisée, cernée d’herbes en bataille ou de plantes fétides.Elle sera peut-être plus froide que les autres sépultures, aussi, et le nom sur la stèle sera dans la plupart des cas illisible. S’il y a une statue sur la tombe, elle sera décapitée, ou couverte de champignons et de lichens au point de ressembler elle-même à une moisissure. Si une seule tombe, dans un cimetière, semble avoir été vandalisée par des minables, c’est la porte des goules. Si cette tombe vous donne envie d’être ailleurs, c’est la porte des goules.
Il y en avait une dans le cimetière de Bod.
Il y en a une dans tout cimetière. »
L’étrange vie de Nobody Owens, Neil Gaiman et Dave McKean (illustrations). Albin Michel, coll. Wiz, 2009 (2008 pour l’édition originale). Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Valérie Le Plouhinec. 310 pages.
j’avoue que je fait parti des lecteurs qui ont adoré The Graveyard Book mais je pense que cela est beaucoup du au fait que j’aime aussi Le livre de la Jungle dont Gaiman s’est inspiré. Du coup j’ai pu suivre les clins d’oeils et les parallèles, ça a beaucoup enrichi ma lecture ^^
Il faudrait que je lise Le livre de la Jungle alors ! Enfin, il fait déjà partie des livres que je veux lire, mais c’est une raison supplémentaire. Merci pour cette information, je l’ignorais !
avec plaisir ^^ Tu verras du coup la construction du roman se fait plus claire (le côté épisodique, le méchant qu’on ne voit presque pas etc)
C’est noté, merci ! Ça m’aidera peut-être à l’apprécier davantage.
Je n’ai jamais lu de Neil Gaiman et j’en ai un peu honte parce que je sais que des amis l’adulent. Tu me conseillerais de commencer par laquelle de ses œuvres?
Par L’océan au bout du chemin, je crois. C’est mon préféré avec Neverwhere, mais il est peut-être plus abouti que ce dernier.
Et il ne faut pas avoir honte, c’est impossible d’avoir tout lu !
Merci pour ce conseil, on l’a à la médiathèque je vais l’emprunter. Je suis bien d’accord pour dire qu’il ne faut pas avoir honte mais j’ai l’impression que tout le monde autour de moi à lu du Gaiman! 🙂 Mais tu as raison, on ne peut pas tout lire.
J’ai aussi parfois cette impression d’être la seule à ne pas avoir lu tel ou tel auteur.
J’aime beaucoup l’univers de cet auteur, ou devrais-je dire LES univers 😉
Le dernier en date que j’ai apprécié est « Coraline » ! Neverwhere sera le prochain, et celui-ci juste après 😉 Merci pour cette chouette chronique 🙂
Merci !
J’ai adoré Neverwhere et son univers ! J’aimerais beaucoup retourner dans la Londres d’En-Bas avec le marquis de Carabas. D’ailleurs il me semble avoir vu que Gaiman envisageait une suite, ce qui serait une excellente nouvelle !