Une vieille écharpe, des lunettes qui changent de couleurs selon l’émotion de sa propriétaire, le pouvoir de lire le passé des objets qu’elle touche et celui – rare – de voyager à travers les miroirs, voici Ophélie. Ophélie qui ne rêve à rien d’autre qu’à tenir son petit musée sur Anima et qui voit son avenir basculer lorsqu’on la fiance de force à Thorn, un homme du Pôle. Mais un épais mystère entoure cette alliance.
Voilà comment commence Les fiancés de l’hiver, premier tome de La Passe-Miroir. Ma chronique concernant également le second volet, Les disparus du Clairdelune, je m’attarderai davantage sur les éléments qui m’ont fait aimer la saga en général (et non pas livre par livre).
Pourquoi j’ai adoré puissance dix mille La Passe-Miroir ?
Premièrement, pour les personnages.
Ils sont tous extraordinaires et, pour la plupart, extrêmement attachants. Les descriptions de Christelle Dabos ont cette faculté de nous faire voir les personnages, ils sont si présents, si concrets que je n’ai eu aucun mal à les convoquer, à les faire apparaître devant mes yeux.
A commencer évidemment par Ophélie. Aaah, la douce Ophélie, la sensible Ophélie ! Elle ne paie pas de mine, c’est sûr, avec sa petite voix, ses lunettes, ses cheveux ébouriffés et son minois caché derrière une longue écharpe, et pourtant… Pourtant, elle est si résistante, si décidée à suivre sa propre voie. Sa normalité (oui, en dépit de ses pouvoirs, on s’identifie sans peine à Ophélie), sa maladresse et son sens de la répartie – parfois cinglant – m’ont totalement conquise.
Thorn ensuite. Qui est-il ? Est-il un manipulateur au cœur de glace, un irascible ambitieux redouté de tous ? Ou bien est-il cet homme terriblement bouleversant qui retient toutes ses émotions et une certaine fragilité sous sa carapace de comptable sombre et maussade ? Ou bien est-il les deux ? Quoi qu’il en soit, il n’a cessé de m’émouvoir, de me faire rire (malgré lui sans doute) et de me faire sourire et j’ai hâte de le retrouver.
Je pourrais encore parler des heures de toutes les autres rencontres qui ont marquées ma lecture. Tous ces personnages ni blancs ni noirs qu’on peut successivement détester et adorer (mais surtout adorer !), à chacun leurs travers et leurs crimes. Berenilde et son caractère parfois soupe-au-lait. Archibald, le coquin frivole et magouilleur mais aussi honnête et vrai parmi tous les faux-semblants de la cour. Ou encore le Chevalier et le seigneur Farouk qui peuvent tour à tour se révéler parfaitement terrifiants et émouvants.
Une dernière pensée pour l’indéfectible compagne d’Ophélie, l’écharpe mi-chat mi-serpent que j’ai trouvé géniale.
Deuxièmement, pour ce monde, ou plutôt ces mondes.
L’idée de cette Terre éclatée qui a donné naissance à de multiples arches. Celle des esprits de famille, immortels et quasiment amnésiques. Celle des clans et des pouvoirs. Toute cette diversité est enchanteresse et donne envie de se lancer dans une carrière d’exploratrice pour partir à la découverte des autres arches. Le talent de l’auteure pour donner à voir les personnages se retrouve également ici et je n’ai eu aucun mal à visualiser les différents lieux. Quel contraste entre la vie paisible et montagnarde sur Anima (qui cache cependant quelques secrets) et l’ambiance à la Citacielle, si délétère, si pesante en dépit de son apparente frivolité. L’univers de Christelle Dabos est foisonnant, subtil et tout simplement merveilleux.
Troisièmement, n’oublions pas l’intrigue.
Haletante, merveilleusement bien écrit, l’histoire est extrêmement bien ficelée. Des indices, des détails sont laissés ici et là et se révèlent essentiels quelques chapitres plus loin. La trame principale se dévoile peu à peu tandis que des personnages secondaires font leur apparition. Tout aussi construits et profonds que les protagonistes de premier plan, ils contribuent à la richesse de l’histoire. J’ajouterai que celle-ci est aussi passionnante dans le premier que dans le second tome, ce dernier ne connaissant aucun essoufflement.
Quant à la relation entre nos deux personnages principaux – Ophélie et Thorn pour ceux qui n’auraient pas suivi – elle est particulièrement bien amenée. Pas de romance ridicule et prévisible, Ophélie ne fait aucun mystère de son absence de sentiments pour Thorn et tous deux, timides et butés à la fois, ont beaucoup de mal à communiquer, ce qui donne lieu à des scènes qui m’ont particulièrement attendrie.
Poétique, captivante, désuète, cette saga est un coup de cœur absolu et je pressens que mes prochaines lectures vont me sembler un peu fades. Pour ses personnages atypiques, hauts en couleurs, détestables et adorables, pour cet univers qui, s’il peut rappeler Miyazaki ou d’autres auteurs de fantasy, reste unique et incroyablement riche, pour ces intrigues parfaitement tricotées, lisez La Passe-miroir !
Et remarquons que les couvertures sont juste magnifiques. Bravo à Laurent Gapaillard qui embellit ma bibliothèque d’une manière tout à fait enchanteresse !
Tome 1, Les fiancés de l’hiver
« Tu es la personnalité la plus forte de la famille, ma petite. Oublie ce que je t’ai dit la dernière fois. Je te prédis que la volonté de ton mari se brisera sur la tienne. »
« Mais son regard, lui, ne redeviendrait jamais comme avant. A force de voir des illusions, il avait perdu les siennes et c’était très bien comme ça. Quand les illusions disparaissent, seule demeure la vérité. »
Tome 2, Les disparus du Clairdelune
« La première fois que je vous ai vue, je me suis fait une piètre opinion de vous. Je vous croyais sans jugeote et sans caractère, incapable de tenir jusqu’au mariage. Ça restera à jamais la plus grosse erreur de ma vie. »
« Il en allait toujours ainsi avec elle : plus elle avait le cœur gros et plus sa tête était vide. »
« Si elle s’était perfectionnée dans l’art de la lecture, c’était parce qu’elle ne s’était jamais sentie aussi proche de sa propre vérité qu’en explorant celle des objets. Le passé n’était pas toujours beau à regarder, mais les erreurs des personnes qui l’avaient précédée sur Terre étaient aussi devenues les siennes. Si Ophélie avait retenu une chose dans la vie, c’était que les erreurs étaient indispensables pour se construire. »
La Passe-Miroir, tome 1 : Les fiancés de l’hiver, Christelle Dabos. Gallimard jeunesse, 2013. 517 pages.
La Passe-Miroir, tome 2 : Les disparus du Clairdelune, Christelle Dabos. Gallimard jeunesse, 2015. 552 pages.
Qu’est-ce que j’aime cette série…
Cette série est franchement génial ! Je suis contente qu’elle t’es plu ^^
Tu peux maintenant rejoindre le clan de ceux qui attendent avec impatience le tome 3. Allez courage avec un peu de chance il sort cette année 😉
Ouiiiii ! J’ai hâte de pouvoir me jeter dessus à la librairie et d’aller m’enfouir dans mon lit avec lui et une tasse de thé !
C’est un super programme !
L’écharpe est merveilleuse ! J’ai adoré cette idée de donner vie et du caractère aux objets comme si c’étaient des personnages à part entière. Ca aide encore plus à s’immerger dans le roman que j’ai moi même adoré !
Oui, c’est une superbe idée et l’écharpe est l’un des mes « personnages » préférés ! Et j’adore imaginer les vieilles maisons de mauvaise humeur d’Anima !
Je ne me lasse pas non plus des couvertures, elles sont incroyables de détails !
Complètement. Elles sont juste sublimes !
Je suis assez contente finalement de ne pas l’avoir encore lu… Je vais pouvoir enchaîner les 3 tomes !!
Attends la sortie du quatrième alors ! 😀