Rémi est un jeune musicien qui doit passer le concours d’entrée au Conservatoire de musique. Mais voilà. Il doute. Alors qu’il fuit éperdument, il découvre un vieux château, le château des pianos. A l’intérieur, les instruments sur lesquels Schumann, Schubert, Chopin, Bach, Debussy, Mozart et tant d’autres ont composé et joué. Cluster le chat noir le met sur la voie. A partir de ce moment-là, Rémi fera une succession de rencontres qui lui permettront de composer à son tour, de prouver sa virtuosité et, par conséquent, de retrouver son assurance.
J’ai beaucoup aimé cette histoire, notamment pour toutes les rencontres que fait Rémi. Des rencontres rigolotes, des rencontres imposantes, des rencontres pleines de dynamisme, des rencontres poétiques. Cette manière de découvrir peu à peu les différents « ingrédients » pour composer m’a séduite : les portées, les clés, les rythmes, les phrases musicales et – chose essentielle – l’inspiration, tout est là.
Etrangement, je me suis plus attachée aux pianos qu’à Rémi et ce, dès la première conversation que l’on surprend. Au final, on n’en sait pas assez sur Rémi pour se sentir proche de lui, c’est du moins mon avis. La véritable héroïne de cette histoire fantaisiste est la musique !
« Gruppetti, rubato, legato, perdendosi, appogiatures, clavicordes, quintes, triolets… »
Que ce soit dit, je ne suis absolument pas mélomane et je n’ai jamais pratiqué la musique, je suis donc véritablement ignare sur le sujet. Mais si le sens de nombreux mots liés au domaine de la musique m’échappait, la beauté de certaines tirades me parlait. Lues à voix haute, elles acquéraient une musicalité propre, détachée du sens des termes.
N’oublions pas la narration de Pierre Arditi : elle est tout simplement parfaite ! La voix grave et vibrante de Pierre Arditi contraste agréablement avec les tonalités aigües des pianos et autres clavecins.
La musique a été enregistrée par Pierre Créac’h – également compositeurs de cinq morceaux – et deux autres pianistes (Claire Pradel et Rémy Cardinale) sur des instruments d’époque. Les autres morceaux sont tirés du répertoire des plus grands (Brahms, Liszt, Beethoven, Satie, etc.)
En plus de la musique et de la voix, cette narration est agrémentée de quelques bruitages légers qui créent une ambiance tantôt légère, tantôt inquiétante : gazouillis d’oiseaux, bruits de pas, grincements de porte ou de plancher…
Visuellement, c’est tout aussi réussi. Les illustrations au crayon sont superbes, toutes de noir, de gris et de blanc. Les grandes pages permettent de s’en prendre plein les yeux et en font un objet sublime.
Un magnifique conte musical et un enchantement pour les oreilles.
« Le jeune garçon n’en revenait pas. Toute une collection de pianos anciens, pianofortes, pianos carrés, pianos droits et à queue, clavicordes, épinettes et clavecins… Quelle magie ! »
Le château des pianos, Pierre Créac’h (textes et illustrations), lu par Pierre Arditi. Sarbacane, 2014. 73 pages, 40 min d’écoute.