L’Autre, de Pierre Bottero (2006, 2007)

L’Autre est une trilogie de Pierre Bottero qui réunit Le souffle de la hyène, Le maître des tempêtes et La huitième porte.

L'Autre (couvertures : Le souffle de la hyène, Le maître des tempêtes, La huitième porte)

Natan, un adolescent qui tente de mener une vie normale en dépit des prodigieuses capacités physiques et intellectuelles qui tendent à le faire remarquer, habite au Canada lorsque ses parents meurent dans l’explosion de leur maison. Menacé par un danger dont il ne sait rien, il fuit en France où il rencontre Shaé, une jeune fille torturée par « la Chose », instinct qui la pousse à se métamorphoser. Tous deux découvrent qu’ils sont les seuls à pouvoir protéger l’humanité d’une terrible menace : l’Autre, une entité venue d’un autre monde, la Fausse Arcadie, et escortée par une horde de créatures maléfiques. L’Autre est divisé en trois parties : Jaalab, la Force, Onjü, le Cœur et Eqkter, l’Âme.

 

J’adore ses autres trilogies depuis très longtemps, donc l’objectivité est difficile. Que ce soit La quête d’Ewilan, Les mondes d’Ewilan ou Le pacte des marchombres, je les ai découvertes à leur sortie ou peu après, je les ai lues et relues, mais L’Autre, non. Je ne sais pas pourquoi, mais ces trois tomes m’attiraient moins. Notamment à cause de l’idée que l’histoire se passe dans notre monde, je crois. J’avais envie de voyager, de voir autre chose… Pierre Bottero m’a forcée à reconnaître que c’était une sacrée mauvaise raison. Parce que, premièrement, on voyage : on passe de Montréal à Marseille et Paris, puis on se rend dans le Haut Atlas, sur l’île de La Réunion, à Yaoundé au Cameroun ou à Leticia en Colombie. Et deuxièmement, les pouvoirs des Familles disséminés sur tous les continents et l’influence de l’Autre sur les hommes rendent ce choix très judicieux et très intéressant. Pierre Bottero a su créer un univers mystérieux, même dans des paysages connus.

 

On reconnaît immédiatement la plume de Pierre Bottero, la poésie de ses mots, ses phrases courtes, sa manière d’insister sur un mot, un sentiment, etc. Ainsi que son procédé narratif que l’on retrouve régulièrement (mais pas assez pour que cela devienne lassant) consistant à faire un bond dans le temps pour se retrouver directement dans une situation stressante voire dramatique, quitte à revenir quelques lignes plus loin sur les événements des heures (ou jours) précédentes qui ont conduit à cette situation.

Dans cette trilogie, j’ai eu à quelques reprises la sensation dérangeante qu’on ne savait pas qui était réellement digne de confiance, sensation plutôt absente dans les autres trilogies. Rafi paraît étrange au début, avec des intentions peu claires ; le majordome de Barthélémy m’a été plutôt antipathique ; et, dans le second tome, il apparaît d’ailleurs comme évident qu’un traître se cache parmi les Cogistes.

 

Attention, je risque de spoiler un peu…

Dans le troisième tome, j’ai ronchonné au début car je n’appréciais pas trop l’idée de changer de personnage principal. Je m’étais attachée à Shaé et à Natan, or c’est sur les épaules de leur fils, Elio, que tout repose à présent. Mais finalement, Pierre Bottero m’a encore obligée à reconnaître que c’était idiot. Car, même s’il est peut-être un peu trop efficace, Elio m’est devenu aussi sympathique que ses parents : il fait preuve d’une ahurissante maturité pour ses neuf ans, mais garde son âme et ses réflexions d’enfant.

 

Les liens avec Gwendalavir sont de plus en plus nombreux au fil des romans, et j’ai vraiment été très excitée à chaque fois que j’en découvrais un nouveau.

Le premier fut évidemment la « Pratum Vorax » qui encercle la Maison dans l’Ailleurs. Elle m’évoquait quelque chose sans que je parvienne à mettre le doigt dessus, mais lorsque Shaé, après un long survol de la prairie, déclare avoir vu des voiles blanches, je me suis rappelé des Fils du Vent et de leur malheureuse aventure dans ce qu’ils décident de nommer la Grande Dévoreuse. Première coup de fouet en découvrant que l’Ailleurs est en Gwendalavir.

Un second en découvrant Eryn, celle que l’on devine être fille d’Ewilan et de Salim. Elle a les boucles dorées et les yeux violets de la première et la peau sombre du second, elle connaît l’existence des dragons, elle sait faire un pas de côté, elle maîtrise à merveille l’art du Dessin.

Un troisième en me rappelant le seigneur Kharx invoqué par les Mercenaires du Chaos, semblable aux Kharx que Natan, Shaé et les autres affrontent à plusieurs reprises.

Et enfin, la redécouverte de l’Arche enjambant le Pollimage à la fin du troisième tome.

Il y a plein d’autres connexions à faire, des petits détails à relever, notamment avec des personnages comme Salim, Artis, Doume Fil’Battis…

 

Une excellente trilogie comme toutes celles de Pierre Bottero qui se dévore en un clin d’œil. Un monde passionnant avec des personnages attachants et des monstres terrifiants qui voyagent autour du globe et même plus loin. Ma préférence reste pour les trois trilogies se déroulant en Gwendalavir, mais celui-ci n’en est pas moins sérieusement addictif !

 

 « Ces mots que tu utilises pour pervertir les cœurs servent aussi à les guérir. Les mots détiennent un pouvoir formidable, tu le sais mieux que quiconque, Maître des Tempêtes. »

« Jamais elle n’avait ressenti un tel mélange de force et de faiblesse, de certitudes et de doutes. Elle était perdue.

Son cœur était un chaos d’émotions contradictoires à travers lequel sa raison cherchait en vain à se frayer un chemin. Un chaos provoqué par les paroles d’Anton et le geste qui les avait suivies. Un chaos dont elle devait s’extraire pour avancer, sortir enfin de l’obscurité. Pour vivre. »

« Je suis vous et vous êtes moi. Je suis la part de noirceur qui vit dans les replis cachés de vos cœurs, je suis vos envies de meurtre, vos jalousies et vos perfidies. Je suis l’élan sombre qui vous pousse à trahir, mentir, tromper. Je suis vous et vous êtes moi. »

 

L’Autre, tome 1 : Le souffle de la hyène, Pierre Bottero. Rageot, 2006. 307 pages.

 

L’Autre, tome 2 : Le maître des tempêtes, Pierre Bottero. Rageot, 2007. 379 pages.

 

L’Autre, tome 3 : La huitième porte, Pierre Bottero. Rageot, 2007. 403 pages.

 
Les livres de Pierre Bottero :

  • L’Autre (Le souffle de la hyène, Le maître des tempêtes, La huitième porte) ;
  • Les âmes croisées.
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3 réflexions au sujet de « L’Autre, de Pierre Bottero (2006, 2007) »

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