Fidelio, l’odyssée d’Alice, de Lucie Borleteau, avec Ariane Labed, Melvil Poupaud… (France, 2014)

Fidelio (affiche)Marin, Alice est embauchée comme mécanicienne à bord d’un vieux cargo, celui de sa première traversée. Elle laisse sur le quai, comme le font les marins, Félix et retrouve à bord Gaël, amour de jeunesse et commandant du Fidelio. Deux hommes, deux histoires, l’une sur la terre, l’autre sur la mer.

Fidelio, l’odyssée d’Alice, est le premier film de Lucie Borleteau et c’est une réussite ! On y découvre la vie d’un cargo. Un quotidien rythmé par des codes et des rites, comme la scène du baptême lors du passage de l’Équateur. Un univers essentiellement masculin et doucement graveleux dans lequel Alice se fond aisément. Elle dirige ses hommes et respecte ses supérieurs sans toutefois se laisser marcher sur les pieds. Ainsi lorsque le mécanicien en chef tente d’abuser d’elle, elle lui fait comprendre simplement mais fermement qu’il ferait mieux de débarrasser le plancher.

Fidelio 3 Alice (Ariane Labed)

              Alice (Ariane Labed)

Fidelio est avant tout un portrait de femme. Ariane Labed incarne une héroïne tout en nuance. A la fois forte et fragile, elle est séduisante sans fioriture et parcourt le pont avec une grâce toute particulière. Son cœur balance entre deux hommes, mais elle n’est pas une amoureuse tragique et mélancolique ; elle croque la vie à pleine bouche.

Melvil Poupaud, que j’avais découvert dans Laurence Anyways, me séduit toujours autant par son jeu et son regard. Revêtu de l’uniforme de commandant, il est touchant dans son rôle d’amoureux. Comme Alice, ce n’est pas un personnage à un seul visage et j’ai particulièrement aimé cette profondeur des personnages.

Si, autour d’eux évoluent une bonne dizaine d’autres protagonistes, cuistot, mécano, amis, camarades, tous observateurs de la passion d’Alice.

Mais Alice est également accompagnée par son prédécesseur qui, à sa mort, laisse dans sa cabine ses journaux. Ses déboires amoureux et sa mélancolie résonne comme un étrange écho aux tergiversations d’Alice… Fidélité, attirance sexuelle et sentiments amoureux sont au centre de ce film.

Fidelio 2 Gael (Melvil Poupaud)

              Gaël (Melvil Poupaud)

Un très beau film pour son scénario, mais également visuellement très réussi. Les acteurs sont lumineux et profonds. Et les contrastes sont omniprésents. On passe de l’extérieur à l’intérieur des entrailles du navire, de la pureté azurée de l’océan et des cieux à la crasse des moteurs. On passe de la cacophonie des machines, monstres de fer près à exploser au bruissement feutré des vagues. Ainsi Lucie Borleteau enchaîne des moments de calme et des séquences presque violentes auditivement et visuellement parlant.

Air iodé et machines assourdissantes pour huis-clos sur un vieux cargo. Le regard sensible de la réalisatrice et le naturel de l’actrice font d’elles deux artistes à suivre et de ce film une petite perle…

« Ce qui se passe en mer reste en mer. »

Fidelio  Alice

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