11 novembre se concentre sur les dernières heures de la Première Guerre mondiale, ces heures où des milliers d’hommes sont morts alors que l’armistice avait été signé dans la nuit. Mais la onzième heure du onzième jour du onzième mois, cela sonnait tellement bien… J’ai tout de suite pensé à Au revoir là-haut de Pierre Lemaître qui s’ouvre également en novembre 1918.
Trois points de vue principaux, trois narrateurs, trois pays. Will Franklin, l’Anglais. Eddie Hertz, l’Américain. Axel Meyer, l’Allemand. Trois garçons, des lycéens, destinés à la boucherie. Trois motivations pour s’engager, trois caractères. Leur camp n’a pas d’importance et l’on s’attache et s’inquiète pour chacun d’entre eux.
13 heures de l’Histoire pour un panel de sentiments humains. La trouille de mourir vaincue par celle d’être abattu pour lâcheté. Le soulagement. L’indifférence. La solidarité. Le respect face à la bravoure d’un ennemi. Le ressentiment des civils. On ne tombe pas dans le manichéisme. Les choix sont parfois cornéliens, les soldats ne ressentent pas toujours de la haine pour ceux qui, par décision des huiles bien à l’abri, sont désignés comme ennemis. Cela apporte des nuances que j’ai vraiment appréciées.
La tension monte d’un cran quand Will et huit soldats sont envoyés dans un bois dans lequel des Allemands pourraient s’être dissimulés. Entre obus, mines, gaz et tireurs embusqués, l’auteur nous embarque pour un Dix petits nègres au cœur de la guerre et laisse le lecteur spectateur désespéré face à cette unité qui tombe peu à peu.
Ce n’est pas un chef d’œuvre littéraire, mais c’est un témoignage intelligent et intéressant de cette période qui ne doit pas être oubliée. La formation d’historien de Paul Dowswell explique cette minutieuse description des armes et des avions. Il retranscrit l’atmosphère des combats d’une telle manière que des images nous montent en tête. On sent le sol trembler sous les explosions des obus, on entend leur sifflement glaçant, on voit les volutes verdâtres des gaz qui se mêlent à la brume.
Je pense que des adolescents pourront apprécier ce roman très documenté. L’auteur a su multiplier les détails historiques tout en apportant suffisamment de péripéties, de suspense et d’émotions pour le rendre passionnant. Concis et efficace, il se lit vite et il y a peu de temps morts, voilà une bonne leçon d’histoire qui n’a rien de rébarbative.
« Depuis cet épisode, Will était convaincu qu’il vivait dans un monde sans gouvernail et que seule la chance le sauverait, à l’aveuglette. »
« Avoir la trouille, c’est bien. Débrouille-toi pour avoir peur dès que tu dois te battre. C’est la meilleure façon de rester en vie. »
11 novembre, Paul Dowswell. Naïve, coll. Naïveland, 2014. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Christine Auché. 229 pages.